Pour ou contre la mention du diplôme dans les nominations ?

Céline Husétowski

[Battle] L’accès à un poste à responsabilités déclenche souvent la publication d’un faire-part de nomination. Dans lequel le diplôme initial du promu est rappelé même s’il a 20 ans d’expérience. Que penser de cette tradition ? La question vient d’être relancée par Laurent Brouat sur les réseaux. Résumé des arguments.
Pour ou contre la mention du diplôme dans les nominations ?

Le directeur de l’Ecole du recrutement, Laurent Brouat, s’en est agacé publiquement : « Quand va-t-on arrêter de parler des diplômes dans les nominations ? Le diplôme est-il un passe-droit toute sa vie ? Surtout après 20 ans d’expérience ». Le spécialiste du recrutement a lancé un débat sur les réseaux professionnels qui a entraîné des centaines de commentaires. 

Un symbole de réussite ancrée dans les mentalités 

« Qu’avez-vous fait comme étude ? ». Cette phrase la majorité des candidats qui ont passé un entretien l’ont entendue. Peu d’entreprises osent le recrutement sans CV et uniquement sur les compétences. Alors tous les candidats valorisent leur diplôme, d’autant plus s’ils sont issus de prestigieuses écoles. Pour une internaute qui travaille dans le recrutement, « Le diplôme et la qualité de la formation restent un atout, mais ils ne doivent pas être l'alfa et l’oméga. Il faut savoir sortir du déterminisme, écrit-elle. Mais pour cela il faut que les recruteurs et leurs donneurs d'ordres en sortent ! », commente-t-elle. 

Mais difficile pour les recruteurs de faire l’impasse sur le diplôme car ce n’est pas qu’un bout de papier, c’est aussi un symbole. 

« Le diplôme est le reflet d’une forme de réussite, certes pas la seule, mais qui est révélateur d’une structure mentale qui évolue peu en règle générale », commente un responsable de grandes écoles sous le post. Il parait donc légitime de le valoriser dans la vie professionnelle puisque c’est un élément clé dans le choix d’un manager », justifie-t-il en gardien des parchemins. 

Sans langue de bois, le débat a aussi abordé le côté commercial du diplôme. 

S’il est aussi bien ancré dans les mentalités, c’est aussi parce que « les écoles font en sorte que la mention du diplôme soit dans les habitudes depuis des années », commente un internaute qui travaille dans l’informatique. 

« Et puis cela sert aussi en termes de marketing groupe, lance un autre recruteur. Par exemple mon nouveau directeur vient d’une école, il connait aussi le directeur des achats de l’entreprise qui étaient dans la même école à la même période », illustre-t-il. 

Expérience professionnelles vs diplôme 

Quand on pense réussite, on ne pense pas forcément aux autodidactes qui n’ont pas de diplôme. Pourtant, ils sont quelques-uns à avoir réussi sans le précieux sésame. « Jack Ma, patron de Alibaba, Serge Papin, créateur de Système U, Bill Gates fondateur de Microsoft, Larry Ellison, président de la société Oracle. Aucun n'est diplômé d'une grande école. Mais ils ont réussi au-delà des schémas qu'on pouvait leur réserver », commente une recruteuse. Mais en France, peu d’entreprise recrute encore des autodidactes et ça fait bien rire une internaute qui écrit « On a encore du chemin à faire pour écrire autodidacte en dessous d’une nomination. » 

Après 20 ou 30 ans d’expériences professionnelles, l’expérience ne devrait-elle pas primer sur le diplôme ? « L’apprentissage ne s'arrête pas au diplôme, commente un consultant. « À ce stade là, c'est l'expérience qui prime. D'autant plus que ce type de diplôme véhicule une caste en particulier. L'ascenseur social devient alors un mythe... Dommage ! », analyse une autre internaute spécialiste des ressources humaines. 

Avec les générations bac+5, le diplôme est devenu un code que l’on transmet toute sa vie pour s’identifier auprès des recruteurs. Pourtant pour une chasseuse de tête qui a participé au débat : « Les leaders les plus bluffants ne sont pas nécessairement les mieux diplômés. », commente-t-elle. D’ailleurs, le leader le plus inspirant qu’elle a rencontré n’avait même pas le bac, dévoile-t-elle. 

Si le débat a entraîné des dizaines d’autres commentaires sur l’expérience vs l’expérience, il a aussi relevé la nécessité de recruter autrement. « Nous arrêterons de mettre en avant les diplômes quand nous saurons reconnaître l'excellence et la variété des intelligences humaines au-delà d'un type d'intelligence académique, analyse une recruteuse. Les défis de notre époque sont tels que nous n'aurons de toute manière plus le choix. » 

Le diplôme : un repère avant tout 

Il y a ceux qui trouvent qu’on en fait trop avec le diplôme et d’autres qui ont une opinion plus nuancée. « Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant à citer un diplôme dans le cadre d’une nomination. Effectivement, cela  permet à l'école, aux Alumnis et aux étudiants de voir l'évolution d'un diplômé dans la vie professionnelle, rien de choquant », explique un internaute qui évolue dans le commerce. 

Il y a aussi les professions où « le titre et diplôme sont un gage d’expertise et de crédibilité », comme le souligne une internaute qui a fait des études en médecine. « Confieriez-vous la construction d'un pont à un non-ingénieur, votre luxation du coude à un non-chirurgien orthopédique ? », écrit-elle. C’est vrai qu’il est plus rassurant de confier sa santé à un diplômé en médecine, mais médecin ou ingénieur est une fonction pas un diplôme. 

Plus qu’un gage d’expertise, le diplôme est plutôt un repère dans sa vie professionnelle pour les pro et les plus modérés. Et une entrepreneuse résume bien cette position : « C’est simplement un repère et aussi un signal ultra-motivant pour les jeunes étudiants qui s’investissent dans leur parcours académique pour intégrer les meilleures écoles et préparer leur avenir », écrit-t-elle.

Céline Husétowski
Céline Husétowski

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