L’entreprise, cette ingrate. C’est ce que laisse suggérer la lecture de ce sondage réalisé par Harris Interactive pour l’Humanité Dimanche publié hier. C’est en tous cas le sentiment d’une majorité des 1577 Français interrogés par l’Institut pour l’hebdo communiste au début de ce mois. Selon 62% de ces interrogés de droite, de gauche ou du centre, si les entreprises licencient, c’est « qu’elles souhaitent augmenter leurs bénéfices », tout simplement. Et ils ne sont que 37% à envisager qu’ «elles ne peuvent pas continuer avec tous les salariés présents dans l'entreprise ». 3% enfin, ne savent fichtrement pas pourquoi les boîtes licencient. Pour tous les autres, la crise aurait donc bon dos, la croissance en berne n’a rien à faire dans cette affaire et l’euro fort n’est que billevesée. Comme le seraient les déficits abyssaux de PSA, et de pas mal de PME industrielles.
Ce manque de confiance aigu envers le patronat l’est plus encore envers le personnel politique et syndical, qui serait incapable de tirer d'affaire les salariés et d'améliorer la situation de l'emploi. Tout le monde en prend pour son grade, de François Hollande à Jean-Marc Ayrault - qui recueillent respectivement 27 et 25% seulement de suffrages - en passant par Laurence Parisot, puisque la confiance envers le Medef n’est accordée que par 15% des sondés. Curieusement, Pôle emploi recueille exactement le même score que le syndicat patronal.
Cette inquiétude est évidemment le signe d’une grande peur : celle du chômage. Car si l’on demande aux interrogés s’il leur sera facile de retrouver un emploi s’ils perdent le leur, 69% estiment qu’ils auront des difficultés à rebondir. Mais fort heureusement, et c’est souvent le cas dans ce type d’enquête, le distinguo entre soi-même et la société dans son ensemble est énorme. Car 86% des sondés pensent conserver leur job dans les prochaines années. L’enfer, c’est donc plutôt pour les autres.
Michel Holtz © Cadremploi.fr
