Pourquoi les recruteurs ne supportent toujours pas les fautes d’orthographe

Ingrid Falquy

Mauvaise nouvelle pour les cancres, les fautes ne passent toujours pas dans une candidature. A l’occasion de la présentation du 2e baromètre Voltaire “les Français et l’orthographe”, une chercheuse fait le point sur ce qu’inspire aux recruteurs une lettre de motivation truffée d’erreurs.
Pourquoi les recruteurs ne supportent toujours pas les fautes d’orthographe

Les recruteurs n’aiment pas que l’on piétine l’orthographe : un candidat a 3 fois plus de risques d’être éliminé si son dossier de candidature comporte des erreurs grammaticales ou lexicales. Et ceci est valable dès la première faute relevée, selon Christelle Martin Lacroux, chercheuse en management  à l’université de Toulon, qui a mené une thèse en 2015 sur le sujet. Grâce à plusieurs expériences, elle a mis en lumière les raisons pour lesquelles un candidat n’écrivant pas parfaitement n’inspire pas confiance.

Un véritable coût pour l’entreprise

« 31 % des salariés écrivent pendant au moins le quart de leur journée de travail et au total 70 % des salariés sont des rédacteurs quotidiens. En moyenne, chacun envoie 33 e-mails par jour. Les besoins en compétence écrites augmentent », explique Christelle Martin Lacroux. Alors, quand un salarié fait des fautes, cela a un véritable coût pour l’entreprise. Il faut du temps et de l’argent pour reprendre les documents. En plus, c’est mauvais pour l’image. Les recruteurs s’en rendent bien compte. Christelle Martin Lacroux a mené une expérience dans laquelle elle a observé vingt recruteurs sélectionner des candidatures, dont certaines volontairement bourrées de fautes. « Leur préoccupation principale est le bien-être de l’entreprise : ils ont peur qu’un candidat n’écrivant pas parfaitement nuise à son bon fonctionnement », explique-t-elle.

Le candidat mauvais en orthographe, ce malpoli

Au-delà de critères objectifs sur la productivité du futur salarié, une candidature mal rédigée projette une mauvaise image de la personne. « En France, faire des fautes, c’est être mal élevé. Les recruteurs ont même tendance à penser que le candidat n’est pas intelligent, analyse Christelle Martin Lacroux. Et quand on leur demande d’expliquer ce que la lecture d’un CV avec des fautes leur inspire, les sentiments ressortant le plus sont l’abattement, la colère, voire la moquerie. »

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Toutes les expériences passées balayées

Et attention, une expérience solide et un parcours sans faute ne rattrapent pas forcément une piètre maîtrise des règles grammaticales. Lors de l’expérience, les recruteurs ont été soumis à plusieurs dossiers types, qui se ressemblaient, mais variaient sur le nombre de fautes d’orthographe, et sur l’expérience. Les plus sélectionnées étaient évidemment les candidatures sans faute avec beaucoup d’expérience. Mais il n’existe pas de différences significatives entre ceux qui font des fautes mais ont de l’expérience et ceux qui n’ont pas d’expérience mais se distinguent par une écriture parfaite. « En clair, les fautes d’orthographe vous remettent au niveau des candidats sans expérience, et réduisent à néant tous les efforts entrepris depuis des années », conclut Christelle Martin Lacroux. Maintenant que vous savez tout, il ne vous reste plus qu’à vous faire relire par tous les profs de français et autres obsessionnels de l’orthographe de votre entourage. De quoi booster votre candidature.

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Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

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