Pourquoi les salariés sont plus malheureux au travail qu’avant

Elodie Buzaud

Avec moins de la moitié des salariés heureux dans leur job, la satisfaction au travail n’est jamais tombée aussi bas. Le 16e baromètre Cegos révèle pourquoi.

En un an, la part des salariés satisfaits de leur emploi a chuté de 12 %. En 2014, plus de la moitié (54 %) des 700 employés interrogés par l’organisme de formation professionnelle Cegos* considèrent que leur travail est une source de contraintes plus que d'épanouissement personnel. Dans la liste de leurs doléances, on peut parler du manque de retour de leurs managers sur la qualité de leur travail (37 %), du manque de soutien dans leur évolution professionnelle (46 %) et d’un manque d’autonomie dans leur travail (29 %). 37 % regrettent une mauvaise coopération entre les différentes directions de leur entreprise. 35 % trouvent que leur manager ne sait pas réguler les tensions dans leur équipe. Rien d’étonnant à ce que moins d’un salarié sur deux (46 %) se déclare motivé par son travail actuel. En 16 années de baromètre sur le climat social dans l’entreprise, Cegos n’avait jamais constaté d’indicateurs aussi bas.

La faute aux réorganisations

Il faut dire que c’est la première fois qu’autant de réorganisations ont été enregistrées. 64 % des 290 managers interrogés en ont connu une, ces 12 derniers mois, dans leur entreprise. Or, « il y a un impact direct entre réorganisation et charge de travail. Les recrutements sont gelés donc la charge de travail augmente et l'insécurité avec elle », explique Virginie Loye, responsable de formations RH pour Cegos, qui a piloté l’enquête. Or qui dit (sur)charge de travail, dit stress et insatisfaction. 40 % des salariés considèrent que l'effectif n'est pas adapté à la charge de travail et 38 % qu'elle est inéquitablement distribuée dans leur service. 

La politique de l’autruche

Sauf que jusqu’en 2013, dans de telles conditions, les salariés avaient le réflexe d’en parler à leur manager en premier recours. C'est beaucoup moins le cas en 2014. Désormais, une majorité des sondés (42 %) poursuivent leurs activités en levant le pied ou prennent du temps pour eux au travail (28 %). « C’est le mécanisme de soumission stratégique, explique Virginie Loye, on continue à travailler, mais moins activement, sans montrer qu'on est insatisfait et on accumule les frustrations. » La surcharge d’activité se répand donc sur les autres. Ces derniers n’ont pas forcément la même réaction. « 29 % des salariés vont continuer à s’impliquer autant dans leur travail, sans se plaindre, malgré un degré d’insatisfaction de plus en plus élevé.  Un comportement qui peut s’avérer très dangereux et mener au burn-out . » C’est pourquoi Cegos entend tirer la sonnette d’alarme des entreprises avec ce baromètre. « Les managers ont un rôle clé à jouer dans la prévention des risques et la qualité de vie au travail », indique la consultante. Pour l’heure, seuls 30 % des managers interrogés ont été formés aux risques psychosociaux.

*Méthodologie : 1 135 collaborateurs (700 salariés, 290 managers et 145 DRH) d’entreprises privées en France ont été interrogées au cours des mois de septembre et octobre 2014 en ligne.

Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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