Ils sont hyperconnectés. En vacances, ils ont les pieds dans l’eau mais le téléphone à l’oreille. Ils répondent aux emails professionnels dans la minute, même le dimanche à table avec les enfants. Pour les salariés du monde entier, la frontière entre vie privée et vie professionnelle est de plus en plus floue. Ils sont 57 % à déclarer que leur employeur attend d’eux qu’ils soient disponibles en dehors des heures de bureau, 47 % quand ils sont en vacances, selon l’étude Randstad Workmonitor menée auprès de 13 500 salariés issus de 34 pays. Mais ils sont aussi environ six sur dix à s’occuper d’affaires privées pendant leurs heures de travail. On parle de blurring (flou) pour désigner l'opacité grandissante entre ces deux mondes auparavant séparés.
Pas une pression mais un mode de vie
« Ils ne déclarent pas se sentir forcés par leur employeur. De manière générale, les salariés semblent être hyperconnectés parce qu’ils le veulent », développe Kaëlig Sadaune, qui s’est occupé de l’étude pour la France. Pour preuve, plus de la moitié des personnes interrogées trouvent que ce n’est pas un souci de mixer travail et vie privée. Et 39 % continuent à travailler pendant leurs vacances « parce qu’ils aiment se sentir impliqués ». De vrais passionnés. Pour Sophie Durand, directrice communication chez Randstad, c’est l’avènement des nouvelles technologies qui permet aux salariés de ne jamais réellement « tout couper ». Et ça ne semble pas être un problème pour eux.
Des différences de culture significatives
L’étude permet de mettre en avant des différences culturelles. Les pires en matière de blurring, ce sont les salariés des pays asiatiques. En Inde ou en Chine, par exemple, huit employés sur dix travaillent pendant leurs vacances. Là-bas la culture d’entreprise s’organise comme une communauté dans laquelle tous les aspects de la vie sont partagés : santé, scolarité des enfants, mariage. En plus, comme la société indienne est organisée en castes et la société chinoise sur le modèle du parti communiste, le respect de la hiérarchie est sacré. Les chefs y sont tout-puissants et on considère que l’employé doit être toujours disponible.
À l’exact opposé, parmi ceux qui décrochent le plus, on trouve nos voisins de l’Est et du Nord de l’Europe : la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède. Pour chaque question posée par Randstad, ils font preuve de détachement par rapport au travail. Si bien que seuls 20 % des Danois pensent devoir être disponibles pendant leurs vacances. La France se situe au milieu à 43 %, juste en dessous de la moyenne internationale de 47 %.