Prix des carburants : 3 raisons pour lesquelles les cadres devraient être moins impactés que les autres

Gilles Boulot

Au-delà de leur pouvoir d’achat supérieur à celui des ouvriers et employés, 3 éléments indiquent que les cols blancs devraient être moins sensibles à la manifestation populaire des gilets jaunes prévue le 17 novembre prochain.
Prix des carburants : 3 raisons pour lesquelles les cadres devraient être moins impactés que les autres

Évidemment, ils gagnent plus que les autres catégories de salariés. Et ce pouvoir d'achat a priori supérieur permet aux cols blancs de ne pas être aussi touchés que les autres lorsqu’ils vont faire le plein. Avec un salaire moyen mensuel, selon l’Insee de 4 141 euros, comparés aux 1 637 euros d’un employé (et aux 1717 euros d’un ouvrier), ils devraient évidemment être moins sensibles à la hausse du gazole et du sans-plomb, et moins enclins à enfiler un gilet jaune le 17 novembre. Mais ce salaire moyen plus de deux fois supérieur permet également de faire quelques autres économies en matière de carburant. Car plus on gagne d’argent, moins on consomme d’essence.

1.     Les cadres font moins de kilomètres

Aujourd’hui, la distance moyenne parcourue par les Français pour se rendre au travail est de 25 kilomètres. Elle a augmenté de 2 kilomètres depuis 1999, toujours selon l’Insee, en raison des hausses de l’immobilier des centres-villes et même des périphéries et des endroits où les entreprises sont implantées.

Selon les derniers chiffres de l’Insee, compilé par le Centre d’observation des sociétés, le taux de cadres vivant en agglomération parisienne approche les 32 %. Les ouvriers, quant à eux, ne sont plus que 10,7 % à y vivre. Logique, lorsque, selon Cécile Roquelaure, porte parole d'Empruntis, il faut disposer de revenus de 8 806 euros par ménage pour résider dans la Capitale*.  Le phénomène est similaire dans toutes les grandes métropoles françaises, quoi qu'un peu moins marqué qu'à Paris.

A l’inverse, les ouvriers et employés sont 30,4 % à résider dans des communes rurales, alors que les cadres ne sont que 14 %. Des communes rurales où l’emploi est beaucoup plus rare, et où le recours à la voiture est donc indispensable, car elles sont très mal desservies par les transports en commun.

 

Le marché des voitures d’entreprises enregistre d’ailleurs des hausses de près de 5 %, liées à la pénurie de cadres.

 

2.     Les cadres ont des voitures moins gourmandes

Il est un autre domaine où les cadres ont un avantage net par rapport aux autres catégories : ils sont les seuls à pouvoir obtenir une voiture de fonction. Des véhicules qu’il faut distinguer des voitures dites de service. Ces dernières ne doivent (et c’est la loi) être utilisées que pour des raisons professionnelles, alors que les premières sont mises à la disposition des salariés tout au long de l’année. Il s’agit d’un avantage octroyé aux cols blancs (qui en financent une légère part) plutôt pratique pour les entreprises puisqu’il leur évite d’avoir à leur offrir une augmentation gravée dans le marbre de leur contrat de travail.

Combien de cols blancs profitent de ce coup de pouce ? Aucune étude ne recense leur nombre, mais de l’aveu même des constructeurs premium ou access premium (Audi, BMW, Mercedes, etc.) dans le catalogue desquels sont piochés nombre de ces autos, la part de ventes aux entreprises oscille entre 60 et 80 %. Et ils immatriculent, en France, 200 000 autos chaque année. Le marché des voitures d’entreprises enregistre d’ailleurs des hausses de près de 5 % depuis plusieurs années, depuis que la pénurie de cadres se fait sentir.

Cerise sur l’avantage : les voitures de fonction étant généralement changées tous les deux ou trois ans, elles sont forcément très récentes et consomment moins que les modèles plus anciens. Il faut savoir que le parc français est âgé en moyenne de 8,7 ans.

3.     Certains cadres ne paient pas leur carburant

Avec ces véhicules de fonction, les cadres reçoivent souvent une carte essence. Elle permet à son bénéficiaire de faire son plein gratuitement, soit pour des montants fixes (entre 100 et 200 euros par mois) soit pour des montants illimités.

Allers-retours quotidiens moins longs, voitures peu gourmandes, carburant payé par l’employeur : autant de signes qui permettent, sans trop se tromper, d’affirmer que le samedi 17 novembre au matin, peu de cadres devraient bloquer les routes, affublés d’un gilet jaune. Du moins pour défendre leur pouvoir d’achat personnel.

* Chiffre basé sur des prix Meilleursagents au 9/11/2018 : bien de 60 m2, 9353€/m2 (moyenne Paris), taux de 1,15% sur 20 ans hors assurance (hors frais de notaire)

Gilles Boulot
Gilles Boulot

Vous aimerez aussi :