Reconversion professionnelle : ex-cadre dans l’industrie, il a négocié son départ pour vivre de sa passion du voyage

Véra Octave

[Témoignage] Après 13 ans dans l'industrie, Yann Vernerie vient de négocier son départ. Passionné de voyages et d’écriture, il se consacre désormais à temps plein à son blog. Il espère gagner les 2000 euros mensuels qui remplaceront son ancien salaire. Il raconte à Cadremploi ses anciens postes, les joies, la pression, la placardisation aussi, mais surtout cette passion secrète qu’il a peu à peu transformée en nouvelle activité. Et qui lui donne aujourd’hui une nouvelle ambition.
Reconversion professionnelle : ex-cadre dans l’industrie, il a négocié son départ pour vivre de sa passion du voyage

Le goût du voyage se cultive souvent depuis l’enfance. Yann Vernerie, parisien de 39 ans, a eu cette chance. Les contes lus avant de se coucher, les récits imaginés lors de longs trajets en train ou en voiture, les histoires de famille aux mille vies, tous ces matériaux infusent pour la vie..

Une première vie dans l'industrie, entre Moscou et Paris

Une fois rentré dans le monde du travail, ses désirs de découvertes, d’aller voir ailleurs, de rencontres exotiques l’ont toujours accompagné. Il débute sa vie professionnelle en travaillant pour les autres et plus particulièrement dans un groupe industriel familial de 1000 salariés, spécialisé dans les sols stratifiés et l’ennoblissement du bois. Un secteur loin de ses rêves d’aventures. Et pourtant, alors qu’il postule à une annonce, il ne s’imagine pas faire ses valises 15 jours après son embauche en 2006.

« J'ai été recruté comme responsable administratif et financier, j'ai été formé pendant deux semaines et envoyé dans la banlieue de Moscou, à Noginsk », se souvient le jeune homme. Russophone et bilingue, après des études en relations internationales, Sup de co Amiens et une année passée dans la capitale russe lors d’un MAE (Master en administration des entreprises), Yann Vernerie retourne en Russie à 26 ans avec enthousiasme.

Le challenge : superviser l’implantation d’une usine de production de sols stratifiés. Sous la responsabilité d’un directeur russe, il veille à l’évolution des travaux, implante les machines, constitue une équipe comptable et de production. « Le directeur de l’usine ne faisait pas grand-chose et rapidement s’est posé la question de sa légitimité. La direction de l’entreprise, en France, a décidé de le licencier et m’a proposé de prendre sa place en attendant de le remplacer.» Il a alors 28 ans et son bilinguisme lui ouvre rapidement les portes de la grande distribution sur place. Et ses talents de négociation lui permettent de faire rentrer de nouveaux contrats avec Leroy-Merlin et Cash & Carry.

Suite à des problèmes juridiques, il doit rentrer en France mais continue à gérer l’usine depuis l’Alsace. A la fin de l’année 2015, contre toute attente, sa direction lui en retire la gestion et le placardise. Pour Yann Vernerie désormais, ce sera un simple poste de commercial. Parallèlement, « la passation avec le nouveau directeur de l’usine russe se passe mal une fois de plus. Le groupe finit par revendre l’actif à la casse. » Débute alors une période interminable pour Yann qui finit par une négociation en janvier 2019. Une porte de sortie salvatrice qui lui permet enfin de structurer son « side project », son activité parallèle développée dès 2012.

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Une deuxième vie dans les voyages et l'écriture

En effet, à cette époque, alors que ses journées au bureau sont longues – très longues – Yann Vernerie crée un blog qu’il appelle Escale de nuit. Il faut dire que, pour faire vivre ses rêves d’enfance bien sûr, mais aussi pour nourrir son blog, il trompe l’ennui en partant à la moindre occasion pour des escapades de 2 jours ou d’une semaine.

 

« A cette époque, je ne voulais pas encore investir d’argent. J’y consacrais mon temps libre entre 21h et 1h du matin et le week-end, pendant mes congés », explique-t-il. L’apprenti blogueur commence par poster des photos et du texte. « Au fil du temps, j’ai appris le métier : en calibrant mieux les articles ou en me perfectionnant sur l’algorithme des moteurs de recherche. J’ai commencé à construire une stratégie pour créer une audience ». Le cap des 20 000 puis des 30 000 visiteurs mensuels est rapidement atteint. D’une sélection de photos moyennes, Yann commence à trier et publier les meilleures. Des agences de communication l’identifient et l’invitent à des voyages de presse. Il pose des jours de congés pour pouvoir se déplacer en Chine, en Espagne ou visiter des régions en France. Le nombre de lecteurs est en hausse.

Passer de 500 à 2000 euros par mois

« Mais j’étais encore en poste, rappelle-t-il, mes revenus augmentaient, je devais refuser les articles sponsorisés ( Ndlr : les articles écrits à la demande d’annonceurs moyennant rémunération –, car je n’avais pas encore de statut d’entreprise ». Depuis janvier 2019, sa structure (une SASU, Société par action simplifiée unipersonnelle) existe et il peut désormais facturer. Ses revenus – 500 € par mois pour le moment – ne cessent de croître. Un palier en attendant d’augmenter le trafic sur son site – 100 000 lecteurs par mois à date – et de multiplier par deux les gains acquis grâce à Google AdSense (la régie publicitaire de Google qui rémunère les sites où sont hébergés ses annonces) pour atteindre un objectif de 2000 € par mois.

« Depuis que j’ai monté mon entreprise, je fais ce qui me passionne. J’aimerais le faire le plus longtemps possible, L’idée consiste à créer du trafic, certes, mais je ne veux pas gérer des relations commerciales. J’adore le voyage, les régions, je veux aider à développer le tourisme ». Et vivre de ses découvertes, ailleurs.

Véra Octave
Véra Octave

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