Salaires des geeks : le mobile s’envole et le Web stagne

Michel Holtz

En Île-de-France, les salaires des développeurs spécialisés dans le mobile s’envole de près de 20 % pour certains d’entre eux. Au détriment des développeurs web, dont la rémunération régresse parfois de 13 %.

Sur le marché de l’emploi comme ailleurs, ce qui est rare est cher. Et le monde du digital ne fait pas exception, comme l’illustre l’étude (1) menée par le cabinet de recrutement spécialisé Urban Linker. Il s’est penché, pour la troisième année consécutive, sur le salaire des profils techniques du digital et, spécialité par spécialité, technologie par technologie, s’est efforcé de prendre la température d’un métier à l’évolution aussi rapide qu’un calculateur de superordinateur. Dans les TIC, c’est la pénurie de spécialistes qui indique l’évolution des feuilles de paie. « Cette année, les plus fortes hausses ont été enregistrées par les spécialistes des technologies mobiles, au détriment de ceux du Web, constate Boris de Chalvron, directeur associé d’Urban Linker qui a codirigé l’étude. Ces salaires en hausse, de 2 à 20% parfois, sont liés au manque de candidats formés à ces technologies ». À titre d’exemple, le salaire d’un développeur d’applications mobiles hybrides justifiant de 4 à 6 ans d’expérience peut atteindre 46 000 à 50 000 € annuels. Tandis qu’un expert des applications mobiles natives avec 6 ans d’expérience est payé 60 à 80 000 €, soit une augmentation de 19,7%. Dans ces domaines, l’expertise paie.

Big salaire pour expert big data

Pour autant, les développeurs Java, .Net, Ruby et PHP pour le Web ne sont pas délaissés même si leurs salaires sont plutôt stables depuis 2013.  « La plupart de ces fonctions ne sont pas en pénurie, et les salaires, hormis ceux qui régressent, connaissent logiquement des hausses moins fortes qu’en 2013. »  Du côté des spécialistes HTML5, CSS3 et Javascript, l’étude pointe deux tendances opposées : les salaires des intégrateurs basiques chutent de 9 à 13 % quand ceux des développeurs front end – plus experts et qui maîtrisent les nouveaux frameworks –  se maintiennent voire augmentent car les entreprises ont du mal à trouver ces spécialistes. Des experts que les recruteurs ont encore du mal à dénicher dans l’autre spécialité particulièrement recherchée : le big data. Un domaine encore jeune mais qui n’empêche pas les chiffres de s’affoler. Ainsi, un data scientist peut prétendre à un salaire de 50 à 60 000 € quand il débute mais à plus de 75 000 € s’il est confirmé (4 ans d’expérience et plus).

Les écoles comblent leur retard

Reste que cette pénurie de pros du big data ou du mobile ne devrait pas durer indéfiniment. « Les écoles ont forcément un temps de retard. Mais elles le comblent rapidement ». Et vont former des promotions entières d’étudiants rompus à ces technos qui seront recrutées dès leur sortie des bancs de l’école. « Dès lors, les salaires vont se stabiliser, comme c’est le cas pour les développeurs Web ». Mais le temps de l’enseignement étant ce qu’il est, les informaticiens rompus aux technos en vogue connaitront encore un âge d’or salarial pendant les deux ou trois prochaines années.

(1) Étude réalisée sur la base de 300 recrutements, grâce aux informations salariales inhérentes aux embauches effectués par des Pure Players, agences Web/Multimedia, éditeurs de logiciels, startups et pôles digitaux de grands groupes via le cabinet Urban Linker entre mai 2013 et juin 2014. 

Michel Holtz
Michel Holtz

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