Aïe, aïe, aïe! Ca se corse pour ce manager qui n’arrive définitivement plus à bosser avec l’un de ses collaborateurs. Les causes sont multiples mais pour faire court disons que, suite à plusieurs erreurs et coups bas, ce manager n’a plus confiance en cet équipier. Pire, il l’a pris en grippe. Et au quotidien, leurs relations sont rock & roll.
Comment peut-il prendre du recul ? Doit-il réellement laisser ses émotions de côté ou pas ? Doit-il aborder ouvertement le sujet avec ledit collaborateur ? Et surtout quels mots employer ? Sur qui peut-il s’appuyer en interne pour résoudre ce problème. Pour répondre à toutes ces questions, ce manager appelle alors la hotline du SAV du manager. Au bout du fil, une experte l’aide à relativiser et à sortir de cette situation compliquée.
Sophie Muffang, executive coach depuis une dizaine d’années, elle accompagne des cadres, des managers et dirigeants afin de leur permettre de relever de nouveaux défis dans les meilleures conditions possibles. Elle est également l’auteure de « Femmes, osons pour réussir » (Vuibert, 2017). Elle revient sur la meilleure réaction à avoir si vous avez pris un collaborateur en grippe et que vous ne savez plus comment faire pour sortir de ce cercle vicieux et contreproductif pour tout le monde.
Lorsque les émotions prennent le dessus
Il faut déculpabiliser. Cela arrive à tout le monde, car on choisit rarement ses collaborateurs. Cela arrive souvent lorsque les personnes concernées sont très opposées dans leur mode de fonctionnement. Cela génère de l’incompréhension et des ressentiments parfois.
La démarche positive ? Prendre conscience de la situation et agir pour en sortir par une prise de recul.
Les émotions sont utiles, elles mobilisent le corps face à un danger.
3 réponses sont possibles dans ces cas-là : l’attaque, la fuite ou le fait de riposter. En reconnaissant ces émotions, la charge émotionnelle diminue. Il faut bien sûr ensuite prendre du recul, analyser la situation différemment.
Si un manager reproche des choses sur le travail de son collaborateur parce qu’il souhaite qu’il approfondisse son travail... il faut analyser la manière dont le manager a exprimé son intention. Dire que le travail est bâclé va frustrer le collaborateur, il ne comprend pas les intentions. Tandis que le collaborateur se conforte dans le fait qu’il l’a pris en grippe. Dans ces cas-là, il faut être précis en donnant des détails, dire ce qui va et ne va pas et donner les axes concrets d’améliorations.
Comment gérer ça ?
Il faut éviter la confrontation directe, c’est un peu violent, c’est un bras de fer. Il est préférable de clarifier la situation sans jugements en passant par la communication non violente.
4 ÉTAPES :
- L'observation : “jeudi dernier, lorsque tu m’as remis le powerpoint, les chiffres n’étaient pas cohérents, je n’ai pas trouvé les idées clés.”
- Faire part de ses sentiments : “j’ai ressenti de la colère car j’ai passé une heure à corriger”.
- Exprimer vos besoins : “J’ai besoin de travailler sur une dimension plus globale du projet.”
- Finir par la demande : “j’aimerais que tu relises le document avant de me l’envoyer tout en étant vigilant sur les chiffres”.
Et avec qui ?
Si la situation est installée depuis longtemps qu’utiliser la communication non violente ne paraît pas suffisant ou complexe, il faut faire attention. Ce contexte conflictuel amène des risques. Un manager insatisfait qui en demande toujours plus, cela peut déboucher sur une sorte de harcèlement et impacter sur les carrières de chacun. Au contraire, le manager peut moins solliciter le collaborateur et le placardiser. Ce genre de situation peut vite amener au burn out.. Il est donc préférable dans ces cas-là de faire appel à la RH en lui partageant des éléments factuels. Cela fait partie du courage managériale. “Je perçois tel potentiel chez ce collaborateur et je ne voudrais pas freiner son potentiel car nous n’arrivons pas à travailler ensemble...”.Un N+1 peut aussi entrer dans la boucle pour pondérer et actionner le levier.
Comment prévenir au lieu de guérir ?
- La clarté est une base. Beaucoup de choses sont implicites et ne devraient pas l’être.
- Demander les besoins et les contraintes de chacun pour construire un mode de collaboration.
- Adapter son management en fonction des personnes, de la maturité, de l’expérience...
- Continuer à travailler sur la prise de recul.
Le SAV du manager : un podcast de Cadremploi
Chaque semaine, le Service après-vente du manager vous aide à gérer vos dilemmes au boulot. Un podcast-fiction goupillé par la rédaction de Cadremploi avec la complicité de différents spécialistes du sujet.
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Journaliste : Sylvie Laidet
Réalisation sonore et montage : Imene Besbes
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.