
Remi Raher est conférencier, conseiller en stratégie et auteur de plusieurs ouvrages sur la prise de parole en public dont "Discours du manager" (Studyrama Pro)
Peut-on éviter d'être soporifique lors d'une cérémonie des vœux ?
Le discours de vœux est certes un exercice attendu mais pas forcément convenu. Au contraire, c'est une occasion d'en faire un moment plus convivial que le reste de l'année. Vous pouvez notamment adapter le format à la taille de l'équipe : avec 15 personnes par exemple, on peut imaginer une activité en extérieur du type laser game avec un moment convivial après.
Avec 150 personnes en revanche, vous êtes obligés de les rassembler pour leur parler mais sans pour autant céder à l'enfilade de discours convenus du président, le DG, etc. Le discours peut prendre la forme d'une interview (pour plus de dynamisme) ou d'une formule mixte avec quelques mots d'intro avant d'appeler des collaborateurs à intervenir sur les projets phares ou les projets à venir.
Quelles sont les erreurs à éviter dans un discours de vœux ?
Je vois 5 types de discours à éviter :
- Le discours sans destinataire : il énonce des généralités qui n'intéresse personne, c'est le discours chiant typique qui n'intéresse personna à force de vouloir s'adresser à tout le monde.
- Le discours de fausse connivence : faire semblant d'être le meilleur ami de ses 150 collaborateurs, ça ne marche pas. Il faut savoir rester à sa place sans mettre trop de distance.
- Le discours de reproches : quand l'année n'a pas été bonne, il est tentant de dire aux collaborateurs que c'est de leur faute. Sauf que ce n'est pas le bon moment.
- Le discours sans contexte : il faut impérativement commencer par une actu, quelle qu'elle soit. C'est en s'ancrant dans le réeel qu'on peut capter l'intérêt des gens.
- Le discours nombriliste : qui explique à quel point on a été bon et qu'on a bien encadré ses équipes... Ce genre de maladresses est plus courante qu'on ne l'imagine. A bannir.
Et si on n'a pas l'âme d'un comique, il faut privilégier l'énergie dans son discours.
Faut-il impérativement être drôle dans son discours ?
Il ne faut pas forcer sa nature. Quand on n'est pas drôle, ce n'est pas qu'on n'a pas d'humour, c'est qu'on ne sait pas le manier. On aura tendance à faire des choses qui ne se font pas. Par exemple être sarcastique ou rire de quelqu'un. Mieux vaut rire AVEC ce quelqu'un. Si on n'a pas d'humour, mieux vaut privilégier l'énergie. Avec du concret, des projets et du réel. Ne pas dire "cette année on va doubler les chiffres", mais "cette année, on va doubler les chiffres parce que nos carnets de commande sont déjà pleins jusqu'en décembre."
Un exemple de discours inspirant de manager ?
En fait, c'est difficile de trouver des discours inspirants chez les managers français parce qu'on n'a pas cette tradition. Le plus marquant date de 1972, c'était celui d'Antoine Riboud, PDG de Danone à l'époque, aux Assises nationales du CNPF à Marseille.
Lire le discours d'Antoine Riboud
C'est le premier patron à avoir parlé de l'engagement humain dans l'entreprise dans une perspective de développement durable, mais pas uniquement sous l'angle de l'écologie mais aussi humain.
Le SAV du manager : un podcast de Cadremploi

Le Service après-vente du manager vous aide à gérer vos dilemmes au boulot. Un podcast-fiction goupillé par la rédaction de Cadremploi avec la complicité de différents spécialistes du sujet.
Journaliste : Céline Husétowski
Réalisation sonore et montage : Bastien Larriaga
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Première publication : 27/12/2018. Dernières mises à jour : 3/1/2023
