[Semaine de l'emploi] Du décolleté sur le CV à un poste à responsabilités

Ingrid Falquy

La semaine passée, 150 patrons et managers appelaient à lutter contre les discriminations sur le genre en entreprise. Pendant ce temps, on faisait mine de découvrir qu’un décolleté sur un CV peut faire toute la différence. Et les députés se penchaient sur le cas de la pauvreté comme dernier motif de discrimination.
[Semaine de l'emploi] Du décolleté sur le CV à un poste à responsabilités

Ils réclament encore plus de parité. Le réseau Professional Women’s Network (PWN) a lancé un appel pour que toutes les strates de l’entreprise se féminisent enfin. 150 hommes et femmes, dirigeants, managers et entrepreneurs, ont répondu et signé ce manifeste, que Madame Figaro publiait en exclusivité jeudi. La loi Copé-Zimmerman de 2011 a fait avancer la parité, puisque les femmes sont plus de 30 % dans les conseils d’administration et que l’objectif de 40 % en 2017 devrait être atteint, reconnaissent-ils. « Le risque existe cependant de se satisfaire collectivement de cette mesure forte et ultravisible, qui place la France dans un rôle de modèle. Car au-delà des conseils d’administration, le compte n’y est pas. » La preuve : pour l’instant, elles ne sont que deux à la tête d’une entreprise du CAC 40.

Peut-être que si elles étaient plus nombreuses dans les hautes sphères, les recruteurs pourraient commencer à juger les femmes sur leurs compétences plutôt que sur leur physique ? Car sur ce point non plus, pour l’instant, le compte n’y est pas. Dès le choix de sa photo de CV, il faudrait jouer de ses charmes pour taper dans l’œil du recruteur. En tout cas, c’est ce qu’affirme une étude, menée par un doctorant de la Sorbonne. En caricaturant à peine, la conclusion  nous indique qu’un  décolleté = un entretien. « C’est déprimant mais pas franchement surprenant », résume bien Nadia Daam sur Slate. Elle conclut son article rappelant que les discriminations à l’embauche liées à l’apparence physique sont rapportées deux fois plus par les femmes que les hommes. »

Pourtant, l’apparence physique fait partie des 20 critères de discriminations répertoriées par le Défenseur des droits. Enfin… des 21 critères. Car un dernier vient d’être ajouté par la loi du 24 juin 2016, celui de la précarité sociale. Désormais, un salarié ou un chercheur d’emploi peut faire valoir qu’il a été mis à l’écart à cause de son niveau de pauvreté. "La particulière vulnérabilité résultant de (la) situation économique, apparente ou connue de son auteur", plus exactement. Cependant, dans un avis du 31 mai, le Défenseur des droits lui-même émettait un avis nuancé. Il se demandait si, avec tous les dispositifs déjà existants, il était bien nécessaire d’en ajouter. Peut-être bien, puisqu’apparemment, même avec vingt critères, le marché de l’emploi reste un champ de discriminations.

Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

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