Smart City : ces métiers qui travaillent à créer la ville de demain

Quentin Velluet

Numérique, transport, énergie et bâtiment. C’est le cocktail fondateur de la ville intelligente, une ville totalement repensée pour répondre aux nouveaux besoins de ses habitants. Les projets pullulent et avec eux, des métiers se créent et d’autres se transforment.
Smart City : ces métiers qui travaillent à créer la ville de demain

54 % de la population mondiale vit actuellement en zone urbaine. En 2050, cette part aura dépassé les 65 %*. La ville est manifestement l’espace de vie de demain et il faut l’organiser de façon à ne pas finir étouffé par la concentration démographique. C’est pourquoi de nombreux métiers travaillent à concevoir et mettre sur pied les bâtiments, quartiers et villes intelligentes du futur. Certains sont nés d’une nouvelle technologie issue de la construction et conquiert peu à peu d’autres secteurs. D’autres, déjà existants, mutent pour s’adapter aux nouveaux besoins d’habitants en quête de plus de proximité. Tous sont sans conteste des filières d’avenir. De quoi créer quelques vocations.

Auditeur BIM et BIM manager : des jeunes métiers inspirés du bâtiment

Au cœur des chantiers de villes et quartiers intelligents, la technologie du Building Information Modeling (BIM) révolutionne les manières de mener un projet. Cette maquette numérique détaillée et collaborative permet à tous les acteurs d’un projet (de l’électricien au client final), de pouvoir modifier en temps réel une vue 3D pour visualiser le bâtiment ou le quartier en cours de conception. Une sorte de chantier virtuel avant les vrais travaux.

Vu l’importance de cette technologie, des prestataires et de nouveaux métiers sont nés autour de sa maîtrise. C’est le cas chez NextGen Village, une entreprise chez qui l’on peut trouver des auditeurs BIM. Ces professionnels accompagnent entreprises et acteurs publics dans leur transition numérique en installant une solution BIM adaptée aux besoins du client. Au Perray-en-Yvelines (78) par exemple, une commune qui souhaite devenir à la fois autonome et productrice d’énergie, les auditeurs BIM de NextGen Village interviennent auprès des agents de la collectivité pour les convertir au BIM, ce qui leur permettra ensuite de gérer l’installation d’une centrale biomasse afin de créer à la fois de l’électricité et de la chaleur à partir de combustible naturel.

Il y a aussi les BIM managers, sorte de chefs de projet augmentés, chargés de coordonner et contrôler la conception ou l’exploitation d’un bâtiment, d’un quartier entier, voire d’une ville. Ils jonglent entre jargon numérique et vocabulaire politique pour mettre d’accord les différents acteurs d’un projet. Outre des compétences techniques, « le BIM manager doit être doté d’un esprit de synthèse et être capable de comprendre les enjeux des acteurs dans un projet. Il est pédagogue, sait expliquer, négocier, partager les ambitions de chacun et embarquer les acteurs vers un même objectif », résume Marie-Françoise Guyonnaud, responsable du MBA Smart city et management des éco quartiers à l’Institut Léonard de Vinci et président de NextGen Village.

À titre, d’exemple, un BIM manager qui intervient dans la phase d’exploitation d’un bâtiment, est capable selon Marie-Françoise Guyonnaud de réduire de 75 % sa facture énergétique grâce à des données du BIM qu’il aura analysées.

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Gestionnaire de l’énergie : le concierge de la consommation d’énergie

L’un des objectifs d’une smart city est de consommer le moins d’énergie possible. Place donc aux objets connectés : « Les capteurs sont là pour mesurer la consommation. Il faut ensuite l’analyser et envisager des améliorations », relève Guillaume Guérard, enseignant-chercheur au département nouvelles énergies de l’École supérieure d’ingénieurs Léonard de Vinci (ESILV). C’est le rôle des gestionnaires d’énergie qui travaillent pour les syndics de copropriété, les entreprises ou les services de l’État qui exploitent un bâtiment.

Les gestionnaires d’énergie de Green Office, une marque de Bouygues Immobilier, pilotent par exemple à Meudon les locaux de l’entreprise Sopra Steria afin que les charges fixées dans le cadre d’un contrat de performance énergétique ne dépassent pas les montants convenus. S’ils sont dépassés, ces experts de la donnée sont capables d’attribuer un malus à l’exploitant du bâtiment et un bonus dans le cas contraire.

Un architecte d’intérieur qui pense à votre consommation d’énergie

L’aménagement d’espace fait aussi partie d’un objectif de réduction de la consommation d’énergie. Entre alors en jeu un nouveau type d’architecte d’intérieur, appelé parfois energy manager. Ceux-là n’interviennent pas pour vous conseiller sur la couleur de votre cuisine, mais plutôt sur la disposition de l’électroménager et des meubles afin d’éviter toute déperdition de chaleur. On peut déjà croiser ces profils plutôt ingénieurs chez Stimergy, une société qui a installé son data center sous la piscine municipale de la Buttes-aux-Cailles, dans le XIIIe arrondissement de Paris, pour chauffer l’eau grâce à la chaleur émise par les serveurs. À Saint-Étienne ou encore dans le XVe arrondissement de Paris, le même procédé a été installé dans des immeubles d’habitation.

Les nouvelles missions des facteurs

Mais tout ne sera pas qu’ingénierie et big data dans la ville nouvelle génération. Les services de proximité devraient retrouver une raison de vivre, pour au moins un motif : en 2050, un tiers de la population française sera âgée de plus de 60 ans**. La Poste y a vu une possibilité de diversification. « Les facteurs sont des gens qui passent tous les jours chez nous et pourraient faire beaucoup de choses pour les personnes dont la mobilité est réduite : portage de médicaments, des soins basiques ou récupérer des colis à envoyer », remarque Christian Grellier, directeur de l’innovation et du développement durable de Bouygues Immobilier.

Les facteurs de La Poste se chargent déjà d’effectuer des visites régulières aux seniors, dans le cadre de l’offre « Veiller sur mes parents ». Plus récemment, une partie des agents postiers ont ajouté une autre corde à leur arc en faisant passer l’examen du code de la route au sein des antennes postales locales. Preuve que dans la smart city, le lien humain est loin de disparaître.

* Estimations de la Banque Mondiale, 2015.

**Projections de population pour la France métropolitaine à l'horizon 2050, Insee, 2006.

Quentin Velluet
Quentin Velluet

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