Spécial grève : Peut-on dormir sur son lieu de travail ?

Sylvie Laidet-Ratier

Si le mouvement social venait à durer, peut-être que certains d’entre vous envisagent de passer une (ou des) nuit au boulot pour s’économiser de très longues heures de galère dans les transports. Possible ou pas ? Eclairage de Maître Parras, spécialiste en droit du travail.
Spécial grève : Peut-on dormir sur son lieu de travail ?

En fait, oui. Dormir au bureau est tout à fait envisageable. « Tout ce qui n’est pas interdit par la loi est permis. Et là, le code du travail n’émet aucune interdiction sur le sujet », explique Laurent Parras, avocat parisien spécialisé en droit du travail.

 

Travailler et dormir au boulot, c’est possible, puisque ce n’est pas interdit.

 

Pour bien faire les choses, vous devez évidemment en informer votre employeur. Ce dernier n’a en revanche aucune obligation de vous fournir matelas, sac de couchage ni bouillotte. A vous de vous débrouiller pour faire la sieste au travail, roupiller sur votre bureau, en salle de sieste, dans la cantine ou sur les sofas de l’open space… Bref, de vous installer un nid douillet.

 Et pour les repas ?

Pour le dîner et le petit déjeuner du lendemain, c’est également à vous d'assurer. « Le salarié peut demander une prise en charge de ces repas à son employeur qui peut accepter ou refuser. Légalement, rien n’est obligatoire. Tout est question de négociation », ajoute-t-il. Sinon, vous pouvez peut-être éventuellement compter sur les chouquettes matinales de vos collègues.

Rester propre

Côté sanitaire, si votre entreprise en est pourvue, demandez à votre employeur l'autorisation d'utiliser la douche. Ou à l'association sportive généralement gérée par le CSE, l'autorisation d'utiliser celles des vestiaires. Sinon, vous pourrez toujours squatter les lavabos des toilettes avant l’heure de pointe du matin pour une toilette de chat.

 

Et s'il arrive un accident ?

Imaginez : Vous vous levez en pleine nuit, il fait nuit noire et vous trébuchez sur un carton dans l’open space pour finir en vol plané dans le couloir. Résultat : un bras cassé.  Accident du travail ou pas ? « Est considéré comme accident du travail, l’accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail. Dormir, n’est pas un travail. Donc, cet événement serait considéré comme un accident non professionnel », conclut maitre Laurent Parras.

Alors toujours partant pour une nocturne au boulot ? 

Première parution : 5/12/2019

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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