
Entre 30 000 et 40 000 euros brut par an. C’est en moyenne ce que peuvent espérer les jeunes diplômés qui désirent travailler dans une start-up française, estime une récente étude publiée par le cabinet Ignition Program, spécialisé dans la chasse de hauts potentiels pour les start-up. Elle montre que les start-up ne jouent plus seulement sur l’intérêt d’une mission ou d’une ambiance pour attirer de nouveaux talents.
Ces résultats sont tout de même à pondérer, car l’étude balaie sur 3 ans 3 000 offres proposées par plus de 580 start-up aux candidats repérés par le cabinet. La moitié d’entre eux est issue des meilleures universités, écoles de commerce ou d’ingénieurs, près du tiers a déjà monté une entreprise et 50 % ont un profil commercial ou marketing. Des candidats donc séduisants, qui poussent les start-up à mettre le prix pour bénéficier de leurs compétences.
Start-up early stage contre start-up avancées
Dès lors, ces salaires sont-ils vraiment représentatifs de ce qui se pratique dans toutes les jeunes pousses de France ? Dans les faits, Louise-Marie Veron, responsable offres collectives à Paris&Co, l’agence de développement économique et d’innovation de Paris, penche plutôt pour une fourchette de 27 000 à 33 000 euros. Cela dépend surtout des diplômes et de l’expérience professionnelle des candidats. « Il y a un décrochage en termes de salaire auprès des profils plus expérimentés, à partir de 2 ans d’expérience », explique Joanne Watanabe, directrice marketing d’Ignition Program. « Dans notre étude, nous parlons de packages très variables, entre 38 000 et 80 000 euros bruts par an pour les profils entre 2 et 7 ans d’expérience », ajoute-t-elle.En d’autres termes, parce que leurs rémunérations évoluent moins vite que dans les autres entreprises, certains profils travaillant en start-up finissent parfois par toucher 30 à 50 % de moins que leurs homologues de PME ou grandes boîtes à poste et expérience égal.
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Ce qui est sûr, c’est que les start-up plus matures ou les scale-up – celles qui emploient plus de 10 salariés et connaissent une croissance de leur chiffre d’affaires de 20 % sur 3 ans –, lèvent des fonds plus importants et consacrent cet argent aux recrutements des meilleurs : « Elles proposent dans ce cas-là des packages très intéressants », affirme la directrice marketing.
Les start-up early stage – ou débutantes – quant à elles, ont moins de moyens et ont tendance à compenser les faibles salaires avec des variables importants, un intéressement au résultat ou des BSPCE, c’est-à-dire des parts du capital données gratuitement par l’employeur aux salariés arrivants, qui peuvent au bout de 3 ans choisir de les revendre ou non. Dans ce dernier cas, « le salaire à l’entrée est plus faible, mais le gain espéré est plus grand à long terme si la start-up réussit », note Joanne Watanabe.
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Une tendance à la hausse
Ce n’était pas le cas il y a encore quelque temps. En 2014, Yann Rivoallan, le patron de The Other Store confiait à L’Express que les rémunérations de ses 70 salariés allaient de 23 000 à 70 000 euros. L’année d’après, une étude publiée par le cabinet de recrutement dans l’informatique Computer Futures concluait qu’un intégrateur CSS de 0 à 2 années d’expérience touchait en moyenne 28 000 euros par an. Un salaire plutôt faible pour un profil technique, mais ce sont maintenant eux qui profitent en premier des hausses de salaires.
Il semblerait que les temps changent. « Nous assistons depuis 3 ans à une montée des salaires proposés aux jeunes diplômés », affirme Joanne Watanabe, directrice marketing d’Ignition Program. Trois raisons à cela : d’une part les entrepreneurs ont progressé sur leurs connaissances RH et jouent de plus en plus la transparence sur les salaires et avantages qu’ils proposent. Résultat, « les candidats sont plus exigeants car ils savent ce qu’ils peuvent attendre », souligne Joanne Watanabe. D’autre part, les entrepreneurs discutent entre eux et on très vite observé que recruter des stagiaires ou des jeunes diplômés mal payés n’étaient pas bon pour leur survie à moyen terme. Enfin, l’explosion récente du nombre de start-up fait que l’éternelle loi de l’offre et de la demande finit par s’imposer à elles. Les jeunes pousses n’ont plus le choix, elles doivent se différencier sur les salaires qu’elles proposent.
