Parce qu’il vient de sortir un livre sur l’importance du management dans la transformation digitale des entreprises, Leading Digital*, Didier Bonnet a été convié à la 6ᵉ édition du Peter Drucker Forum, organisé par la Peter Drucker Society Europe en partenariat avec la Harvard Business Review. L’événement rassemble les héritiers de la pensée de l’américain Peter Drucker (1909 – 2005), considéré comme l’inventeur du management moderne, précurseur de la planification stratégique et du management par l’objectif.

Pour votre livre, vous avez passé 4 ans à étudier la transformation digitale de 400 entreprises. Les françaises sont-elles à la traîne ?
Didier Bonnet : On ne peut pas dire qu’elles sont à la traîne. Il y a des traînes d’usage en France, mais on a aussi trouvé des entreprises qui sont très bonnes dans certains domaines. C’est le cas de Pernod Ricard, par exemple [le groupe a lancé en 2012 son Breaktrough Innovation Groupe (BIG), une cellule d’ « innovation disruptive », installée dans un lieu différent des autres équipes, pour favoriser l’innovation, ndlr].
Que font les entreprises qui procèdent à leur transformation digitale ?
Elles investissent dans des technologies (mobile, cloud, analytics, capteurs, etc.) et proposent un leadership fort. On raconte beaucoup de choses sur les entreprises numériques, sur un management plat, mais on a constaté que là où ça marche, il y a un leadership très fort, et c’est là que l’on rejoint la pensée de Peter Drucker : ce ne sont pas les technocrates qui vont gérer les entreprises ! On a beau vivre dans un monde où ce qui était jusque-là de la science-fiction est réalisable, comme la robotique, on reste sur des problèmes de personnes. Le management est toujours aussi important. Il ne suffit pas de créer une plateforme collaborative pour faire travailler les salariés ensemble. Sans une couche de management derrière, cela ne fonctionne pas.
Que peuvent faire les managers pour se préparer au changement inévitable lié au numérique ?
Il faut trouver des leviers dans l’entreprise. Et ça peut passer par l’amélioration de certains process. On peut démontrer par l’exemple, prendre des initiatives et après, essayer de convaincre, mais si le top management ne prend pas conscience des changements à opérer, cela ne fonctionne pas.
Clayton Christensen, professeur en administration à la Harvard Business School, est arrivé en tête du Thinkers50 en 2011 et 2013, ce qui fait de lui le penseur le plus influent du management du moment. Le magazine Forbes notait, en 2011, que les chefs des plus grandes entreprises l’appellent régulièrement et se rendent en pèlerinage à son bureau à Boston pour évoquer ses idées. Il est notamment l’inventeur du terme « technologie de rupture » (disruptive technology en anglais) – produit ou service qui finit par remplacer une technologie dominante sur un marché, notion introduite en 1997 dans son livre de référence, The Innovator’s solution. |
* co-écrit avec George Westerman et Adrew McAfee du MIT et publié aux éditions Harvard Business Review Press en octobre 2014.

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.