Stop ! Ce n’est plus la peine de vous ruer chez un énième coach ou chez le psy pour devenir un leader ultra charismatique dopé à l’autosatisfaction. Une faible estime de soi serait un précieux atout pour réussir dans le monde professionnel, selon les travaux du docteur Tomas Chamorro-Premuzic, enseignant à l’University College London (UCL), relayés dans le Harvard Business Review et sur le web. L’analyse a le mérite d’être… inattendue.
« Avoir peu confiance en soi pousse à rééquilibrer ses objectifs de façon plus réaliste, explique le professeur, et motive à travailler dur pour les atteindre ». Il ajoute même : « Les personnes hyper performantes ont souvent peu confiance en elles mais elles redoublent d’efforts ».
Vive les managers complexés ?
Un léger complexe d’infériorité se révèlerait d’autant plus bénéfique pour les managers car ils seraient davantage appréciés par leurs équipes. « Si ces derniers étaient moins arrogants, un moins grand nombre de leurs collaborateurs passeraient leur temps sur Facebook, la productivité y gagnerait et le turnover baisserait », ose le professeur. En outre, ces managers seraient aussi plus justes avec leurs employés car plus enclins à reconnaître et à assumer leurs erreurs. Et qui dit manager apprécié dit succès personnel, mais aussi performances de l’entreprise et, donc, promotions et perspectives d’évolution accrues.
Vos complexes sont donc la clé du succès ? Faudrait pas exagérer. « Ne pas avoir confiance en soi du tout n’aide pas », tempère Tomas Chamorro-Premuzic. Au contraire : « être trop inhibé empêche d’être performant car cela rend peureux, inquiet et stressé », précise-t-il. Tout est dans la mesure, donc. En matière de complexes, il faut être ni trop peu, ni pas assez.
Alain Duluc, manager d’offre en développement personnel au Cegos, organisme de formation professionnelle, le confirme : l’important, c’est d’avoir « une confiance en soi normale pour être à l’aise, sans avoir les chevilles démesurément enflées ».
C’est justement cet équilibre que viennent chercher de plus en plus de cadres (un peu « trop » complexés, donc) dans des formations d’estime de soi. Même si, bien souvent, ce sont leurs employeurs qui les y inscrivent. « Dans un contexte économique délicat, dans lequel les cadres ne sont pas à l’abri des difficultés, c’est important qu’ils soient bien dans leur peau, pour créer un environnement favorable dans l’entreprise », assure Alain Duluc.
Elodie Buzaud © Cadremploi.fr

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.