Un ''vernis'' intelligence artificielle est-il un plus sur son CV ?

Sylvie Laidet-Ratier

Marketing, RH, finance, commercial… Vous n’êtes pas un expert de l’intelligence artificielle mais vous la sentez arriver dans votre domaine. Des formations courtes peuvent vous aider à muscler votre CV à certaines conditions. Avis de recruteurs.
Un ''vernis'' intelligence artificielle est-il un plus sur son CV ?

L’intelligence artificielle, c’est un peu le nouveau digital. Faites le test, checkez vos mails, les titres de la presse, la com’ du gouvernement, les conférences et les salons, et vous verrez que l’IA est partout. Par conséquent, une question s’impose : cette « compétence » est-elle désormais un plus sur un CV ? Notamment pour les fonctions support (les fameuses).

Des formations courtes pour s'acculturer à l'IA

Les inscriptions aux sessions de formation « Intelligence artificielle : attentes économiques et défis » proposées en 2019 par Télécom Evolution ont fait le plein. Dans cette filière formation continue de Télécom ParisTech, comme pour les autres formations courtes dédiées au big data, Ons Jelassi Ben Atallah, enseignante-chercheuse à Télécom ParisTech, table sur une vingtaine de participants à chaque fois.

Leur profil ? «  Varié ! Il s’agit aussi bien de managers issus de direction de systèmes d’information, de la fonction commerciale, marketing ou encore des RH. Et ce, tous secteurs d’activité confondus. Ils viennent pour comprendre ce terme à la mode susceptible de rendre leurs organisations plus efficaces et donc plus performantes », observe-t-elle.

Même s’ils ne bossent pas directement dans l’intelligence artificielle (IA), ces « stagiaires » veulent en maîtriser les enjeux afin d’être capables d’en discuter avec des consultants externes avec qui ils vont peut-être travailler. Mais aussi avec les équipes techniques internes qui planchent sur le sujet. Ces formations courtes, qui ne sont ni diplômantes, ni certifiantes, ne devraient pas manquer de figurer sur leur CV ou autres profils LinkedIn. « C’est un moyen pour eux de montrer à leur entourage professionnel, interne ou externe, qu’ils sont prêts à s’investir sur le sujet », analyse-t-elle.

Sur le CV, soyez concrets !

Mais ce vernis IA peut-il actuellement faire la différence auprès de recruteurs ? Notamment sur les CV de candidats à des fonctions support. Un marketeur teinté d’IA est-il plus attractif qu’un candidat sans cette couche de vernis ? «S’il a mis en place des outils ou des actions concrètes en lien avec l’IA, type marketing automotion, alors oui c’est un vrai plus. Le côté opérationnel séduira vraiment davantage les recruteurs qu’une simple formation ou un mooc très généraliste sur le sujet », souligne  Cyril Capel, dirigeant de CCLD Recrutement, cabinet spécialisé dans les profils commerciaux et marketing.

Pour les fonctions commerciales, le terme de « social selling » est, selon lui, plus percutant que IA sur un CV de candidat. Même son de cloche pour Jérémy Harroch, PDG de Quantmetry, organisateur du salon DataJob. « Indiquer que l’on a suivi un demi mooc consacré à l’IA n’est aujourd’hui pas un facteur différenciant sur le marché du travail. En revanche, avoir une formation majeure sur le sujet, est un vrai plus. Et ce, pour les fonctions support chargées d’élaborer les processus dans lesquels l’IA aura une forte valeur ajoutée », explique-t-il.

Les cadres de la fonction RH ont par exemple tout intérêt à valoriser leurs connaissances du sujet sur leur CV. A condition toujours que cela dépasse la simple théorie. Pour un manager de contrôleurs de gestion, afficher une super couche IA est aussi un vrai avantage. Surtout s’il vise un poste dans une start up. « Actuellement l’IA est surtout développée par des start up et les entreprises de services numériques. Cela sera ensuite intégré dans 5 ou 10 ans dans les grands groupes et encore après dans les PME. Donc avoir un vernis IA pour y postuler peut s’avérer payant  », constate David Berenfus, co-fondateur d’Eden Forums.

Pionnier mais pas précurseur

En revanche, pour les postes d’exécution comme chargé de recherche (donc au service recrutement) ou encore contrôleur de gestion, ce vernis IA n’est pas encore nécessaire. « C’est une bêtise de faire croire aux juniors qu’ils doivent s’intéresser à l’IA alors que leur entreprise n’est pas prête à ça. Ils pourraient même passer pour des oiseaux de mauvais augure », insiste Jérémy Harroch. Avant l’heure, ce n’est pas l’heure, mais après l’heure… Donc, mieux vaut peut-être s’acculturer dès maintenant à l’IA et se faire discret si besoin, et dégainer sa compétence au moment opportun.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

Vous aimerez aussi :