Une jeune indonésienne meurt après 30 heures de travail

Michel Holtz

Mita Diran est la troisième victime connue cette année. La troisième personne morte en raison d’un trop-plein de travail. Cette rédactrice indonésienne de l’agence de pub Young & Rubicam est décédée il y a une semaine après avoir passé 30 heures d’affilée à son bureau. Un drame lié au manque de sommeil ? Un drame et des circonstances proches, en tout cas de celui qui a causé la mort de Moritz Erhardt, 21 ans. Ce stagiaire de l’antenne anglaise de la Bank of America – Meryl Lynch a été retrouvé inanimé après 72 heures de travail. Trois mois auparavant, un jeune chinois Li Yuan, lui aussi salarié d’une agence de pub, Ogilvy & Mather, est mort après avoir passé jusqu’à 23 heures d’affilée au bureau par jour, pendant un mois.

La privation de sommeil n’est pas seule en cause

Pour autant, le simple manque de sommeil ne saurait être la cause de la mort de ces trois jeunes. « Tout le monde a passé au moins une nuit blanche dans sa vie. Ce qui équivaut à rester 30 heures sans dormir » tempère Brice Faraut, docteur en neurosciences et chercheur au centre du sommeil de l'Hôtel-Dieu à Paris. « J’ai conduit des expériences sur des rats, et les décès ne sont intervenus qu’après 47 jours de privation de sommeil » Quant à l’homme, certaines études scientifiques ont fait état d’expériences pouvant atteindre 11 jours de privation. Et si les troubles sont nombreux, ils ne conduisent pas à la mort. « En revanche, la fatigue est un facteur aggravant, car elle diminue les défenses immunitaires. En cas de faiblesse cardiaque ou de toute autre pathologie importante, elle peut s’avérer fatale »

Stress, surcroit d’activité et fatigue : le cocktail du burnout

Dans le cas de Mita Diran, l’un de ses collègues avait remarqué qu’elle consommait beaucoup de Krating Deng, une sorte de Red Bull local. Quant à Moritz Erhard, le stagiaire de la City, il semblait souffrir de crises d’épilepsie. Une maladie pour l’un et une consommation excessive pour l’autre. « Et si l’on ajoute à cela un stress important, un effort, et une concentration intense, on obtient ces dramatiques résultats ». Stress, travail intense et fatigue : un cocktail qui rappelle un mal et un mot encore assez mal défini par la médecine : le surmenage, le burnout ou le karochi en Japonais, seul pays où il est admis comme maladie professionnelle. Un pays où le phénomène est connu depuis 1969 et qui recense une dizaine de morts liés à l’excès de travail chaque année.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

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