
Ils témoignent
- Théo Duhem, co-créateur et directeur général du site « Tenors.fr »
- Guillaume Mouzet, fondateur d’Akigora
- Hélène Chahine, la déléguée générale de la fondation fondation d’utilité publique CGénial
Les avantages de devenir intervenant en grande école
Les ++
- arrondir ses fins de mois
- transmettre son savoir
- réseauter
- peaufiner ses soft skills (confiance en soi, prise de parole en public, courage, audace, etc.)
- s’extraire de son quotidien
- apprendre à être pédagogue
- repérer de futurs candidats
Les --
- faible rémunération
- préparation chronophage

Théo Duhem est directeur général du site Tenors.fr . A 30 ans, ce jeune ingénieur a alterné entre salariat, entrepreneuriat et vacations – parfois en même temps. Il permet aujourd’hui à des cadres, via son site, de trouver des heures de cours par une mise en relation entre intervenants voulant enseigner et des écoles, principalement privées, recherchant profs, enseignants, chargées de TD et autres intervenants. « Chez Ténors, commente-t-il, le profil type des 13 000 cadres inscrits, c’est un homme à 60 %, 42 ans en moyenne, diplômé Bac +5 avec 5 ans d’expérience ».

Pour les intervenants, « ce complément de travail est particulièrement valorisant, estime quant à lui Guillaume Mouzet, fondateur d’Akigora, une autre plateforme de mises en relation entre les écoles et des intervenants (2 249 experts inscrits). Un intervenant trouve ainsi une possibilité d’arrondir ses fins de mois et celle de partager et de transmettre son savoir. Ce peut être grisant. Un de nos anciens, un cadre de 50 ans s’est ainsi remis le pied à l’étrier en réalisant des cours. Il a regagné en confiance et grâce aux réseaux de son établissement d’enseignement supérieur, il a retrouvé un emploi en CDI ».
Tout ce travail de synthèse de sa pensée, de prise de parole en public permet selon lui d’acquérir plusieurs cordes à son arc. Ce peut être très valorisée en entretien lorsque le recruteur aborde les soft skills du candidat.
« Ces heures de cours permettent aussi de s’extraire de son quotidien, de s’émanciper de son travail régulier, ajoute Théo Duhem. Moi, entre un candidat qui met en avant cette expérience et celui dont rien ne figure sur son CV, je n’hésite pas à préférer le premier. C’est la preuve qu’il pourra se mettre au niveau de ses collaborateurs, leur expliquer, leur transmettre son envie, ses connaissances. Qui plus est, ces personnalités sont dotées de courage et d’audace. Deux qualités importantes en entreprise. Prendre en main une classe le démontre aisément ».
Qui peut devenir intervenant en grande école ?
Pour les cadres intéressés, ils doivent justifier d’un minimum de deux années d’expérience dans le domaine enseigné. L’inscription sur ces sites est gratuite. Ce sont les établissements d’enseignement supérieurs, en très grande majorité des écoles privées, qui financent le système. S’enregistrer prend moins de 15 minutes, le temps de préciser ses domaines de compétences et ses expériences.
Combien est payé un intervenant en grande école ?
Les salaires des intervenants – 70 % de ceux inscrits sur la plateforme Ténors travaillent à côté - sont en moyenne de 50 euros de l’heure pour une fourchette de tarifs des plus larges allant de 30 à 120 euros l’heure.
Dans la majorité des cas, les employeurs sont sérieux et proposent aux intervenants de se faire payer soit en honoraire via son entreprise, soit sur facture via le statut d’auto-entrepreneur, soit en salaire par l’entremise du contrat à durée déterminée d’usage (CDDU) compatible avec un CDI.
Mais, dans ce monde de la formation, on trouve aussi tous types d’employeurs. Un intervenant dans une université s’est même vu « proposer de se faire payer en remboursement de tickets de caisse de supermarché… ».
Intervenir auprès des collégiens et les lycéens aussi
Il est aussi possible de mettre en contact cadres du privé et les 12-18 ans. C’est la mission que s’est donnée la fondation d’utilité publique CGénial. Cet organisme épaulé par une trentaine d’entreprises mécènes a pour but de promouvoir les sciences et les techniques auprès des collégiens et les lycéens (500 rencontres par an pour 20 000 jeunes concernés).

L’un de ces moyens est d’organiser la mise en contact entre des cadres et des jeunes pour échanger sur les métiers des techniciens, ingénieurs et chercheurs. « Nous avons mis en place en 2020 la plateforme internet CGénial-connect, explique Hélène Chahine, la déléguée générale de la fondation. Un professionnel intéressé peut s’y inscrire. Nous validons sa démarche et permettons à des enseignants de rentrer en contact avec lui pour fixer un rendez-vous afin que l’intervenant puisse venir fournir ses explications ». Tout est gratuit à ce stade. L’intervenant n’est pas non plus rémunéré mais peut bénéficier, auprès de son employeur, d’une décharge d’heures de travail pendant son temps de présence dans l’établissement scolaire.
Pour les intervenants, les motivations sont nombreuses. Ils peuvent vouloir faire bénéficier de cette aide des élèves car ils auraient apprécié qu’on les aide pareillement quand ils étaient plus jeunes. « C’est un bol d’air leur permettant de s’extraire de leur quotidien, commente Hélène Chahine. Cela leur permet aussi de rencontrer des jeunes collégiens et lycéens. Ils sont passionnants ».
Est-ce valorisant sur un CV ? « Ce n’est pas pour cela que les intervenants le font, observe Hélène Chahine. Mais pourquoi pas. Certaines entreprises valorisent, lors des évaluations de fin d’année, des compétences transverses liées à la possibilité de donner des cours. C’est une soft skill qui peut être mis en avant ».

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.