
Dounia, 28 ans, manager d'un commerce de luxe à Dubaï
En visitant l'un des hôtels de la palme artificielle, nous avons rencontré Dounia. A 28 ans, elle est manager d'un des commerces installé dans les galeries XXL de cet hôtel. Dans un salon aux teintes pastel, elle nous a raconté son parcours et sa « Dubaï way of life ».

Dubaï
Son job actuel à Dubaï
Celle que l’on est venue chercher pour prendre la direction d'une boutique nichée dans un hôtel de luxe, n’a pas une minute à elle. Mais garde en permanence le sourire et déborde d’énergie. Après avoir dû gérer l’intégralité du lancement du concept (déco, fournisseurs, recrutement…), Dounia assure aujourd’hui le management quotidien d’une équipe de 7 personnes de 6 nationalités différentes.
A raison de 48 heures de travail hebdomadaires, elle rayonne dans la boutique. Elle doit savoir s’adapter à une clientèle très très exigeante, prête à débourser des sommes faramineuses pour obtenir l'un des produits qu'elle vend. Elle enchaine les conversations en français, arabe, anglais… avec la même facilité.
« Manager une équipe multiculturelle est un vrai challenge. Avec une collaboratrice venue du Kazakhstan, je dois être très précise dans mes demandes et insister sur les choses. Avec une jeune salariée marocaine, on se comprend rapidement. A un mexicain, j’ai dû par exemple expliquer plusieurs fois, l’importance capitale de poser les assiettes à un pouce du bord de la table et pas au hasard », illustre-t-elle.
Quant à sa place de femme manager dans un état réputé très macho, elle convient que par exemple, elle « doit faire preuve de plus de poigne et de caractère qu’un homme, en donnant parfois davantage de chiffres pour argumenter. Mais finalement, c’est peut-être plus facile ici pour une femme manager qu’en France. J’ai coutume de dire, « I’m a princess, I can also be the king ».
Ici, quand on réussit quelque chose, la reconnaissance est immédiate. En France, on peut bosser d’arrache-pied 13 heures par jour, déplacer des montagnes et rien ne se passe.Dounia
Son adaptation à Dubaï
« Lors de ma première expérience ici, j’ai fait l’erreur de ne faire que bosser. J’avais perdu 8 kg, j’étais renfermée sur moi-même », se souvient-elle.
Pour sa deuxième vie ici, la jeune femme a abordé la situation différemment en se tissant un réseau auprès de la communauté française présente à Dubaï. Outre des échanges sur des groupes WhatsApp, ils se rencontrent les mardi et jeudi soir dans des bars et restaurants branchés de la ville. « Nous sommes tous loin de nos familles et amis, avec peu de repères, donc un peu vulnérables. On s’écoute et on s’entraide. Attention, débarquer à Dubaï, c’est repartir de zéro. Ce n’est pas fait pour tout le monde. Le succès peut être au rendez-vous mais il faut donner le meilleur de soi-même. Ici, on est très exposé à la richesse mais cela ne fait pas de nous des gens riches. Il faut prendre le meilleur de Dubaï, sans se travestir et en restant humble », prévient-elle hyper lucide.
Côté salaire, Dounia consent à lâcher qu’elle « gagne bien sa vie » mais qu’ici, même s’il n’y a ni impôt, ni taxe, la vie est chère. Notamment les loyers. Lors de la négociation de sa rémunération, elle a décroché une prime conséquente pour son loyer. Mais tous les expatriés n’ont pas cette opportunité-là.
Ce qui lui manque le plus à Dubaï
Sa famille bien sûr. Mais aussi la nature, ou plus exactement les arbres, les forêts. La fraicheur en somme ! De mai à fin août, la température ressentie peut dépasser les 50° C en extérieur. Dounia rêve aussi régulièrement d’un bon plateau de fromages. De ses voyages en France, elle ramène d’ailleurs volontiers du Brie, du Saint-Paulin, du Saint Nectaire… au point d’avoir été une fois arrêtée à la douane qui la suspectait de faire du trafic de fromage.

L'île de Palm Jumeira à Dubaï
Ce qu’elle apprécie à Dubaï
« La sécurité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le monde. Ici, vous pouvez laisser votre portable sur une table, vous ne risquez pas de le voir disparaitre », raconte-t-elle. Tout en reconnaissant que cette sécurité a quand même un coût. « Si vous traversez en dehors des passages piétons, vous risquez une énorme amende. En cas d’accident de voiture, même si vous n’êtes pas responsable, idem », ajoute-t-elle, là encore très lucide.
Quelques chiffres sur les Français à Dubaï
Officiellement, les registres consulaires des Émirats Arabes Unis recensent 28 000 Français en 2022 pour 3,5 millions d'habitants. Soit la deuxième plus importante communauté occidentale après les Britanniques. Un chiffre qui a presque doublé en 10 ans et qui ne prend pas en compte les ressortissants français qui ne déclarent pas leur présence.
Pour Dubaï, pas de chiffres plus précis mais il suffit de trainer dans les hôtels et 3500 restaurants de l’émirat pour entendre beaucoup parler français. Et on ne fait pas ici référence à des influenceurs et autres starlettes de la téléréalité ni aux sportifs de haut niveau, venus par des raisons différentes, s’installer dans ce petit coin de désert à la chaleur infernale en pleine été. On parle de cadres mais aussi de freelances débarqués pour faire fortune, pour lancer leur business ou pour faire prospérer une filiale d’un groupe français. Évidemment, selon leur profil, leur capacité à (sur)vivre dans cet émirat varie. Le fric fait loi, les loyers sont chers (ils ont augmenté de 22% en 2022, selon les derniers chiffres du Dubaï Land Department) mais les impôts et autres taxes y sont inexistants.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.