Emploi des cadres : ça ralentit... alors si vous voulez bouger, c’est maintenant !

Sylvie Laidet-Ratier

BAROMETRE APEC Q4 2023 – Comme chaque trimestre, l’Association pour l’emploi des cadres vient de dévoiler les résultats de son baromètre sur l’emploi des cadres. Pour la première fois depuis longtemps, les intentions d’embauche de cadres se tassent. Même si les entreprises galèrent toujours autant pour recruter leurs cadres. Et si c’était malgré tout le moment de bouger avant qu’il ne soit trop tard ? Revue de détails.

Dans sa dernière étude, l'Apec constate un ralentissement des intentions d'embauches de cadres. Avant un grand retournement en 2024 ?

Emploi des cadres : ça ralentit... alors si vous voulez bouger, c’est maintenant !
Dans sa dernière étude, l'Apec constate un ralentissement des intentions d'embauches de cadres. Avant un grand retournement en 2024 ?

Le nombre d’offres d’emploi cadres marque le pas sur fin 2023

La fête serait-elle finie pour les cadres ? Pas encore mais disons que l’ambiance commence à changer si l’on en croit les résultats du dernier baromètre Apec sur les intentions d’embauche pour le 4e trimestre 2023.

 

On sent que l’euphorie d’après-crise durant laquelle la reprise économique et le rattrapage des projets d’investissement tiraient les embauches cadres, est derrière nous.
Gilles Gateau, directeur général de l’Apec

L’Apec qui revendique recenser 45% des annonces d’emploi cadres nationales sur son site internet, note un « net ralentissement » du nombre d’annonces publiées au 3e trimestre 2023, soit 13 % de moins qu’au 3e trimestre 2022. A fin octobre 2023, le décrochage est même de 16% versus octobre 2022.

Cette baisse est comparable à celle observée au 2e trimestre 2023 (-14 %), confirmant le ralentissement de la dynamique des offres. En outre, pour la première fois, le volume d’offres est en-dessous de celui de 2021 à trimestre équivalent (-4 %) mais néanmoins plus élevé qu’avant la pandémie de Covid-19 (+4 % par rapport au 3e trimestre 2019.

Donc il n’y aurait pas, selon l’Apec, péril en la demeure. Un « ralentissement » mais pas un « retournement ». Son dirigeant anticipe même un taux de chômage des cadres de 3,5% pour 2023 (on peut parler de “plein emploi chez les cadres”) contre 4,1% en 2022.

L’Île-de-France dévisse

Grande disparité des opportunités d’emploi selon les régions :

 

On le voit toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. L’Île-de-France qui concentre 45% des emplois cadres enregistre une chute de 17% des offres d’emploi cadres

Pierre Lamblin

« En Occitanie, on est à -16%. Une situation préoccupante car dans notre précédent baromètre déjà, cette région n’avait déjà pas rattrapé son niveau d’avant-crise », analyse Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec. A l’inverse, des régions, notamment industrielles comme la Bourgogne-Franche-Comté, tirent leur épingle du jeu. « La Bretagne est par exemple très créatrice d’emplois dans la cyber sécurité », illustre-t-il.

Des intentions d’embauches qui reculent également

Moins d’offres publiées, mais aussi selon l’Apec, moins d’intentions d’embauche à trois mois de la part des employeurs. Seuls 10% des entreprises s’inscrivent dans une démarche de recrutement d’au moins un cadre. Soit 2% de moins par rapport à juin 2023.

« Ces intentions retrouvent leur plus bas niveau, déjà atteint en septembre 2020 et en juin 2022. Pour le 4e trimestre 2023, la dynamique générale est tirée à la baisse par les TPE (5 % ; -3 pts) », constate Gilles Gateau.

Mais de nature toujours très optimiste, l’Apec tente de rassurer : « À ce stade, rien ne laisse présager que ce recul se poursuive ». Parmi les raisons d’espérer, l’Apec avance que les intentions d’embauche remontent légèrement dans les grandes structures (51 % ; +2 pts par rapport à juin). « Les TPE et les PME pourraient leur emboîter le pas à court ou moyen terme. D’autant que l’horizon s’est dégagé pour les entreprises employant des cadres : en effet, la majorité d’entre elles sont en mesure de prévoir leur activité à court terme (64 % ; +5 pts en un an), y compris parmi les TPE (61 % ; +5 pts) et les PME (70 % ; +7 pts) », soulignent les rapporteurs de ce baromètre.

Des milliers d'offres d'emploi cadres sont actuellement disponibles.

Recherchez celles qui vous conviennent en ajoutant vos critères (salaire, secteur, métier, localisation...)

 Des recruteurs qui anticipent (encore et toujours) des difficultés à embaucher

Même si elles sont moins nombreuses à envisager des embauches, 75% des entreprises anticipent encore des galères pour recruter.

 

« Ceci s’explique par un faible nombre de candidats, un décalage entre les profils recherchés et les candidatures reçues et bien sûr par la concurrence entre les employeurs », souligne Gilles Gateau. Pour l’heure, le dirigeant de l’organisme paritaire continue de parler d’un marché en faveur des candidats tout en glissant qu’il ne « serait pas surpris qu’en réalité, lors des prochains résultats du panel Apec, on soit en dessous des 308 800 embauches prévues en 2023 ».

Des candidats toujours partants pour changer de boîte (et surtout gagner plus)

Contexte économique et géopolitique perturbés, entreprises moins nombreuses à envisager de recruter… qu’à cela ne tienne, 37% des cadres ont encore et toujours envie de changer de boite dans les 12 mois.

Leur principale motivation ? Gagner plus !

Il s’agit sans doute de cadres qui n’ont pas été servis lors des dernières attributions d’augmentation et chez qui le pouvoir d’achat pêche (69% des cadres se déclarent inquiets sur ce sujet selon l’Apec). Ou encore de cadres qui s’estiment sous-payés par rapport au marché.

Reste à savoir si leur mobilité externe sera payante. Les chiffres de l’Apec tendent à montrer que oui :

74% des cadres ayant changé d’entreprise ont obtenu une rémunération supérieure contre 55% de ceux qui sont restés dans la même boîte et au même poste.
Laetitia Niaudeau

Un petit bémol quand même : intégrer une nouvelle entreprise après un passage par la case chômage reste encore compliqué pour négocier.

« A peine plus de la moitié des cadres dans cette situation ont réussi à négocier un emploi mieux payé », précise Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec.

Moralité : pour réussir à doper son salaire, mieux vaut changer de poste tant qu’on est encore en poste.

Car les stéréotypes chez les employeurs ont la vie dure !

 

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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