Secteur du funéraire : 3500 postes à pourvoir en 2024

Sylvie Laidet-Ratier

SPECIAL TOUSSAINT – Le secteur du funéraire vient de publier ses perspectives d'embauches non sans appréhension : 3500 postes seront à pourvoir en 2024, dont environ 250 emplois cadre. Comme chaque année, les 1900 employeurs du funéraire traditionnel s'attendent à galérer car les candidats qualifiés ne se bousculent pas. Aux côtés des acteurs traditionnels, les nouvelles tendances sociétales attirent un cortège de start-up qui offrent de nouveaux services en ligne (préparation digitale d'obsèques, tombes connectées, biographie de défunts,…). Cadremploi a enquêté dans les entreprises du funéaire traditionnel mais aussi dans la « Death Tech » pour découvrir les postes cadres à pourvoir et les profils recherchés. Les candidats à la reconversion sont les bienvenus, s'ils démontrent un savoir-être solide face au tabou de la mort. [Mise à jour 31/10/2023]
Secteur du funéraire : 3500 postes à pourvoir en 2024

Pourquoi le secteur du funéraire recrute

Avec 667 000 décès en France en 2022 (Source Insee), l’activité des acteurs du funéraire est loin d’être en berne. Avec 493 000 décès depuis le 1er janvier, l'année 2023 enregistre déjà une hausse de 2,3% de morts par rapport à l'an passé.

De plus, les évolutions sociétales rendent davantage possible l’émergence de nouveaux services :  la mort se prépare de plus en plus de son vivant (services « ante mortem »), les crémations augmentent (40% des obsèques en France vs 1% en 1980) ainsi que la demande de cérémonies laïques, les rituels digitaux sont davantage acceptées par les familles endeuillées depuis que la Covid les avait empêchées de se réunir à cause des mesures sanitaires restrictives.

9 salariés du funéraire sur 10 travaillent dans des TPE/PME de moins de 50 salariés.
Source : étude Opco EP 2022

Quels postes à pourvoir dans le funéraire traditionnel ?

Parmi les 3500 embauches prévues en 2024, les postes cadres devraient représenter environ 7% des postes, doit environ 250 embauches (source : Fédération nationale du funéraire 2023).

Les deux principales enseignes du secteur vont proposer une cinquantaine de postes cadres dont :

  • 17 Managers opérationnels (12 managers de terrain - responsables multi-sites (profil commercial) et 5 responsables d’exploitation (profil logistique).
  • 35 Cadres en fonction support (Achats, Compta, Finance, RH, Informatique, Qualité, Chef de projet, Développement…)

OGF est l’un des leaders du secteur traditionnel, né du regroupement de plusieurs maisons. L'entreprise mise chaque année sur une centaine d'embauches de cadres afin de staffer ses agences réparties sur tout le territoire.

Inutile d’avoir une première expérience dans le domaine du funéraire. Ce qui compte, c’est l’expérience managériale et l’obsession de la qualité de service.
Anne Quillet, directrice de la gestion prévisionnelle carrières et compétences chez OGF

Recrutement de managers commerciaux

Le groupe porteur des enseignes PFG, Roblot, Henri de Borniol et Dignité Funéraire recherche des managers commerciaux chargés de superviser les agences et les conseillers funéraires. « Inutile d’avoir une première expérience dans le domaine du funéraire. Ce qui compte, c’est l’expérience managériale et l’obsession de la qualité de service », précise Anne Quillet, directrice de la gestion prévisionnelle carrières et compétences chez OGF.

Embauches de managers exploitation en centre de logistique

L’opérateur de pompes funèbres recherche également des managers d’exploitation pour ses centres logistiques. « Il s’agit de centres mettant les cercueils, les maitres de cérémonie et tout le matériel nécessaire aux sépultures, à disposition de nos agences », ajoute-t-elle. Ici, le maitre mot est le respect des délais souvent très courts.

Recrutements dans les fonctions supports : audit, digital, maître d’ouvrage informatique

Enfin, OGF staffe ses fonctions support en recherchant des chefs de projet digital, des auditeurs, chefs de projet de maitrise d’œuvre informatique ou encore des développeurs pour son siège parisien.

Pour éviter les déconvenues, nous proposons aux candidats de venir découvrir le métier un ou deux jours sur le terrain.
Anne Quillet, directrice de la gestion prévisionnelle carrières et compétences chez OG

Des savoirs-être solides face au tabou de la mort

« Même pour les embauches au siège, on invite les candidats à s’interroger sur leur rapport à la mort, prévient Anne Quillet. Un contrôleur de gestion suit par exemple le taux de crémation, les chiffres de ventes de cercueils, d’urnes… ce n’est pas neutre. Les cadres que nous recherchons doivent être solides car ce n’est pas anodin de manager des équipes confrontées au quotidien à la mort et à des familles en deuil. Travailler dans le secteur funéraire ne permet pas de soulager un deuil encore en cours. Pour éviter les déconvenues, nous proposons aux candidats de venir découvrir le métier un ou deux jours sur le terrain. Seule la confrontation avec le sujet permet de savoir si on est taillé pour cette activité… ou pas ».

Quels postes à prendre dans la "Death Tech" ?

Depuis quelques années maintenant, les grands acteurs traditionnels du funéraire voient leur part de marché grignotée par les acteurs de la "Death Tech". Elles regroupe des start-up digitales qui, depuis 2013, entendent disrupter les services liés aux rites funéraires.

Quelques start-up de la DeathTech (certaines embauches des cadres, managers et experts métier) :

  • Happy End, le média digital du funéraire
  • Cybille, start-up Btob dédié à la digitalisation du funéraire traditionnel
  • Alanna, plateforme de commémoration digitale.
  • Repos Digital s’occupe de la vie numérique des disparus
  • Testamento, service d'aide à la rédaction de son testament et à sa sécurisation
  • Memorio, plateforme de revente de monuments et objets funéraires
  • Life!, assistant funéraire digital gratuit
  • Sorenir, accompagnement administratif et financier après décès

Advitam : digitalisation de l’organisation d’obsèques

Advitam propose ainsi une entière digitalisation de la préparation des obsèques. Elle vient de lancer AssistGPT, le 1er outil basé sur l'intelligence artificielle permettant d'identifier les aides financières disponibles après le décès d'un proche. Cette entreprise à mission recrute de temps à autre des profils cadres.

« Les candidats doivent avoir conscience que nous ne proposons pas un service de pompes funèbres comme les autres. Nos conseillers ne sont par exemple pas commissionnés sur les ventes », insiste-t-on chez Advitam.

Tellement là : monuments funéraires connectés

Arno Dupré
Je vise des profils en rupture avec le métier et capables de s’adapter et d’innover pour casser les traditions.
Arno Dupré, co-fondateur de Tellement là

Tellement là développe pour sa part une gamme de monuments funéraires temporaires installés dès le jour des funérailles. Et même une appli directement connectée au monument. « Notre business model est basé sur le B to B et nous ne travaillons qu’avec des opérateurs indépendants et pas avec des franchisés », précise d’emblée Arno Dupré, co-fondateur de Tellement là.

Pour assurer le développement de sa petite entreprise, il a recrute en 2021 un responsable de production. Son job ? Piloter le studio de création en charge de traiter au mieux la photo du défunt sélectionnée par la famille qui sera ensuite apposée sur le monument funéraire. Il a aussi ouvert un poste de business developper pour nouer de nouveaux partenariats avec des opérateurs indépendants. " Pour ces postes, je ne souhaite surtout pas des candidats ayant déjà travaillé dans le secteur traditionnel des pompes funèbres. Je vise des profils en rupture avec le métier et capables de s’adapter et d’innover pour casser les traditions », complète Arno Dupré.

Photo Tellement là

Mise à jour 2023 : "Une rose blanche", c'est fini

Pauline Ronez

Casser les codes, c’est également ce que proposait Pauline Ronez, fondatrice de Une rose blanche, une entreprise de biographies de défunts. « Le décès d’une amie a été un véritable électrochoc. A l’époque, j’étais consultante en stratégie et organisation mais c’était un non-choix professionnel. J’ai réfléchi à donner plus de sens à mon job et j’ai eu l’idée de lancer un service de réalisation de livres pour se souvenir et rendre hommage au défunt », résume cette entrepreneure sociale. Deux ans après son lancement, sa boite génèrait environ 120 000 euros de CA annuel. Pas de quoi embaucher définitivement. Après 4 ans d'existence, la start-up a définitivement fermé ses portes.

Pauline s'en explique ici :

Articles et podcast sur les métiers du funéraire

Reportage du magazine La Croix

« Faut aimer les gens pour faire ce métier » : croque-morts, ils honorent les défunts et consolent les vivants

Marie Boëton est journaliste à La Croix L’Hebdo.  À l’occasion de la Toussaint, elle a choisi de suivre le quotidien de plusieurs agents des pompes funèbres, dans la ville d’Orléans.

Podcast sur l'envers de ce même reportage

Pour aller plus loin :

  • Les 3 organisations professionnelles du funéraire :

- la Fédération française des pompes funèbres (FFPF)

- la Confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie (CPFM pour le secteur privé)

- l'Union du Pôle funéraire public (UFPF, pour le secteur public)

Première publication : 1er novembre 2020. Mises à jour : 1er novembre 2022 et 31 octobre 2023

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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