
- Des jeunes actifs investis dans leur job
- Des jeunes actifs aussi motivés par le salaire que leurs ainés
- Des jeunes actifs ambitieux dès leur début de carrière
- De jeunes actifs qui n’ont pas tous le même rapport au travail
- Le milieu social d'origine ne conditionne pas nécessairement le rapport au travail
Des jeunes actifs investis dans leur job
Coup dur pour les consultants-es génération Z ! Contrairement à ce qu’ils nous rabâchent depuis des années, les jeunes actifs (cadres et non cadres de moins de 30 ans) se déclarent tout aussi investis dans leur travail et leur organisation que leurs aînés.
Selon le « Rapport des jeunes actifs au travail »* publié par l’Apec et Terra Nova (un think-tank proche des idées de centre-gauche) , 47% de ces jeunes jugent leur boulot plus ou aussi important que les autres pans de la vie versus 47 % des 30 à 44 ans et 36 % des 45 ans et plus.
On les disait plus rétifs à l’autorité ? Que nenni. 40 % acceptent les décisions hiérarchiques par principe, et 43 % dès qu’ils les comprennent.
Enquêtes d’opinion, reportages et articles de presse présentent régulièrement la génération des 18-30 ans comme paresseuse, individualiste, égoïste, réfractaire à l’autorité... Autant de traits qui se traduiraient par une profonde dégradation de son rapport au travail. De la présente étude, il ressort d’abord que les jeunes actifs sont sévèrement jugés par leurs aînés et qu’ils ont eux-mêmes intériorisé la plupart des jugements négatifs au sujet de leur génération. Pourtant, quand ils s’expriment sur leur situation personnelle, les conclusions sont tout autres.Rapport d'étude Terra Nova
Des jeunes actifs aussi motivés par le salaire que leurs ainés
Money, money, money ! Avec le contexte inflationniste actuel, la rémunération arrive en première place de leurs attentes (55 %) loin devant l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle (34 %) ou encore la quête de sens (23 %), souligne le rapport Apec x Terra Nova.
Que les employeurs se le mettent bien en tête : ils n’attireront pas les jeunes dans leur filet en les payant au lance-pierre. Et peu importe qu’ils puissent faire beaucoup de télétravail, qu’on leur offre des cafés, une salle de sport ou un abonnement Netflix ! Pour eux comme pour les autres, la rémunération est LA priorité n°1.
Les jeunes actifs eux-mêmes ont pour partie intériorisé la sévérité des jugements portés à leur égard.Rapport d'étude Terra Nova
Des jeunes actifs ambitieux dès leur début de carrière
On nous les dépeignait peu enclins à embrasser des postes à responsabilité, à devenir manager… Le rapport bat également en brèche cette idée reçue. La grande majorité des jeunes actifs sont ambitieux : 69 % souhaiteraient exercer davantage de responsabilités professionnelles. La moitié de ceux qui ne sont pas managers aimerait le devenir dans les prochaines années. Cette proportion tombe à 43 % chez les 30-44 ans.
Les jeunes cadres du privé semblent encore plus ambitieux que les autres. 89% sont déterminés à gagner en rémunération, en autonomie (80 %) et en responsabilités (69 %). Pour progresser, ils comptent bien occuper le terrain et ne pas tomber dans le piège « loin des yeux, loin du cœur » du télétravail. Ces jeunes cadres du secteur privé vont en effet jusqu’à émettre la crainte que le télétravail n’entame leurs possibilités de progression. Pour eux, le « RAB » (retour au bureau) serait même salvateur. On se pince.
On voudrait bien nous faire prendre la jeunesse pour le diable. C'est rassurant pour ceux que leurs miroirs attristentLouis Aragon (cité en exergue du rapport Terra Nova)
De jeunes actifs qui n’ont pas tous le même rapport au travail
Comme à chaque fois avec les moyennes, elles sont souvent l’arbre qui cache la forêt. A y regarder de plus près, il n’y a pas UNE jeunesse au boulot, mais bel et bien DES jeunesses. Terra Nova et l’Apec se sont piqués d’identifier 6 profils type de jeunes professionnels au regard de leur ressenti, de leur appartenance sociale et de leur projection dans le futur :
- Les Ambitieux (39 %) Pour eux travail = passion, plaisir ou manière de se réaliser. Ils voient loin en se projetant dans un avenir avec davantage de responsabilités.
- Les Combatifs (20 %) Ces jeunes bossent par nécessité (sous la contrainte même selon eux). Donc au boulot, c’est la guerre. Évidemment, ils aspirent à mieux.
- Les Satisfaits (14 %) Comme les ambitieux, ils ont un rapport positif au travail. Mais n’aspirent pas nécessairement à davantage. Déjà bien contents d’être là où ils sont, ils expriment peu de désirs de mobilité professionnelle.
- Les Attentistes (11 %) Ces actifs-là voient davantage leur travail comme une routine mais aimeraient en sortir. Mais ne savent pas vraiment comment.
- Les Découragés (10 %) Ceux-là sont peu épanouis professionnellement. Pire, ils peinent à voir comment sortir de ce rapport dégradé au travail.
- Les Distanciés (6 %) Pour eux aussi, la routine c’est cool, mais contrairement aux distanciés, ils la trouvent confortable et ne souhaitent pas gagner en responsabilité.
Le milieu social d'origine ne conditionne pas nécessairement le rapport au travail
C'est un résultat qui bouscule des préjugés tenaces : non le milieu d'origine n'explique pas systématiquement le rapport au travail des jeunes actifs. Ainsi, les jeunes issus des familles les moins aisées se répartissent davantage entre les groupes qui affichent des appétits en termes d’évolution professionnelle : soit chez les Ambitieux(40 %), soit chez les Combatifs (32 %). Et ces jeunes actifs issus de familles plutôt aisées, on compte 29% de Découragés et de Combatifs qui ont une vision plutôt négative du travail.
Si l’on devait se risquer à une interprétation plus libre de ces résultats, on pourrait dire que ce procès de la jeunesse est l’un des témoignages d’une société vieillissante et exposée à de puissantes passions conservatrices. Au « jeunisme » des progressistes, si souvent brocardé ces dernières années, répond aujourd’hui un « grey power » qui ne manque aucune occasion d’exprimer sa défiance à l’égard des nouvelles générations et sa peur de voir dépérir les valeurs qui ont structuré son monde professionnel.Extrait du rapport Terra Nova
*Méthodologie de l'étude Le terrain d’enquête a été réalisé en septembre et octobre 2023 par la société Toluna-Harris Interactive. Un échantillon principal de 3 073 jeunes actifs de moins de 30 ans en emploi ou à la recherche d’un emploi mais ayant déjà travaillé, et un échantillon miroir de 2 045 actifs de 30 à 65 ans en emploi ou à la recherche d’un emploi mais ayant déjà travaillé.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.