
Plus de la moitié des salariés français avouent utiliser l’intelligence artificielle générative au boulot
Selon l’étude « Generative AI Snapshot Research » menée par l’institut d’études YouGov pour l’éditeur de logiciels Salesforce, près d’un salarié français sur cinq utilisent l’IA générative dans le cadre professionnel. Ce qui est encore peu.
Nous avions déjà publié des témoignages de salariés qui se servent de l’IA générative en cachette de leur employeur pour rédiger des contenus, créer des visuels, coder, concevoir des formations… Cette étude documente cette tendance en évaluant à plus d’un salarié français sur deux (58 %) qui s’en sert… en cachette de son employeur et de ses collègues.
Mieux : ils sont 71 % à avoir déjà présenté des travaux générés par une IA en s’en attribuant la paternité. En plus de s’en servir pour produire ou étoffer leurs productions de documents, ainsi que trouver des idées, ils avouent également être enclins à s’en servir pour gonfler leurs compétences en vue d’une potentielle future embauche.
51 % en tirent une plus grande satisfaction personnelle et 44 % estiment que maitriser l’IA générative pourrait les amener à toucher une meilleure rémunération que leurs collègues béotiens sur le sujet. Payante l’IA en somme !
Les Français utilisent des outils d’IA générative interdits par leur boîte
Indisciplinés jusqu’au bout des doigts, en tout cas plus que leurs voisins britanniques, les Français (49%) usent (et abusent parfois) d’outils carrément interdits par leurs employeurs. Mettant ainsi à mal les process de sécurité informatique mais aussi les règles d’éthique et de déontologie au sein de leur entreprise.
Si on veut voir le verre à moitié plein, on peut se dire que les salariés sont en avance de phase sur leurs employeurs qui ne semblent pas avoir pris la mesure de l’ampleur du phénomène. A défaut d’encadrer l’utilisation de l’IA générative en interne et de former leurs salariés, les entreprises laissent la porte ouverte à tout et parfois n’importe quoi. En effet, quelles conséquences peut avoir la saisie de données confidentielles internes dans un prompt sur ChatGPT, qui, on le sait mémorise tout et s’en sert pour alimenter son intelligence ?
L’IA générative, nouveau critère de sélection pour les cadres français ?
Dans son étude, Salesforce, qui précisons-le quand même vend des solutions d’IA générative éthique (donc un brin juge et partie, voire pompier pyromane…) souligne que 30 % des salariés français seraient plus attirés par une entreprise se montrant proactive pour l’utilisation de l’IA générative.
Après la rémunération qui reste le critère décisif dans le choix de rejoindre une nouvelle boîte, la mise à disposition d’outils d’IA générative pourrait-elle détrôner la quête de sens (la fameuse) et le sacro-saint meilleur équilibre vie pro/vie perso ? A suivre.
*Méthodologie : Salesforce a mené cette étude en collaboration avec YouGov, au 2e trimestre 2023. L'échantillon englobait plus de 14 000 employés à temps plein, représentant diverses entreprises en termes de taille et de secteur, implantées dans 14 pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Suisse, pays nordiques, Inde, Japon, Brésil, Mexique et Émirats arabes unis). L'étude a été réalisée de manière anonyme et en ligne.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.