
Passion voiture
Pendant presque 20 ans, Christian Bastien a travaillé dans le domaine de l’automobile. D’abord, pour vendre des Mini dans l’Est de la France, puis à Monaco pour Audi/Volkswagen et Lotus. C’est en 2014 pour l’ouverture du centre Maserati qu’il a rejoint la marque italienne. À 47 ans, il est devenu sales manager et ambassadeur Maserati. « Nous vendions une centaine de voitures par an, avec de belles marges, détaille-t-il. En tant qu’ambassadeur, je participais à des événements partout dans le Sud-Est de la France ». Côté salaire, Christian est payé environ 3000 euros brut par mois, auxquels s’ajoutent des primes sur les ventes, pour atteindre un salaire entre 6000 et 7000 euros par mois.
Malus écologique
La conjoncture a commencé à se compliquer vers 2019/2020 avec le malus écologique, taxe liée au taux d’émission de CO2 du véhicule. « Les malus ont démarré à 10 000 euros. Sur le prix du véhicule, ça passait mais ils ont fini par atteindre environ 50 000 euros », précise Christian.
Conséquence ? La direction de la concession décide de vendre également des véhicules d’occasion et les horaires de travail s’allongent jusqu’à travailler tous les jours. Sans oublier la pandémie mondiale. Les chiffres de vente baissent jusqu’à vendre seulement 30 à 40 véhicules en 2022.
Envie de changement
Christian Bastien sent alors le vent tourner pour lui :
J’étais un peu dégoûté de la vente dans ce secteur. Les clients étaient devenus un peu aigris. Quand j’ai démarré, on parlait de voitures. Maintenant, ils demandent une remise directement. Ils ne viennent pas chercher une voiture mais un prix.
Hors de question pour Christian de se tourner vers une autre marque, aucune n’a à ses yeux le prestige de Maserati. « Surtout, j’avais l'impression d'avoir fait le tour du secteur ».
Après avoir négocié une rupture conventionnelle, Christian finit par quitter l’entreprise à l’été 2022. Un petit tour dans le milieu de l’immobilier lui permet de mettre un peu de beurre dans les épinards.
« L’expérience ne m’a pas plu tant que ça, reconnaît-il. Je n’étais pas en adéquation avec le fait de devoir aller chercher le client ».
Christian veut alors changer de métier mais à certaines conditions : rester en contact avec la clientèle mais sans objectif financier. C’est sa compagne, elle-même employée chez Air France et fille et petite-fille d’employés de la compagnie, qui lui suggère de travailler dans le secteur aérien en tant que steward (autrement appelé PNC pour Personnel naviguant commercial). « Je gagnerai moins ma vie mais je vivrai mieux, comme elle m’a dit », ajoute-t-il.
250 places chez Air France et des milliers de candidats
Avant toute chose, Christian Bastien passe le CCA, Cabin Crew Attestation, en décembre 2022, indispensable diplôme européen validé par la DGAC pour postuler en tant que personnel de cabine dans une compagnie aérienne européenne.
Puis, méthodiquement, il prépare son dossier de candidature avec le TOEIC (test de niveau d’anglais professionnel), la visite médicale dans un centre agréé et les photos aux normes.
On m’a dit que ce serait difficile de travailler dans ce milieu vu mon âge (47 ans) et le contexte économique (alors que l’aérien se porte comme un charme).
Au printemps 2023, Christian postule dès l’ouverture du processus de recrutement d’Air France, comme plusieurs milliers d’autres personnes, pour 250 postes à pourvoir (avec ou sans le CCA) pour Air France et Hop (filiale d’Air France).
Et il est sélectionné !
Retour à l'école
Depuis début novembre 2023, Christian a intégré l’Afmae, école de formation des métiers de l’aérien, en partenariat avec Air France, pour devenir PNC, avec à la clé un CQP, certificat de qualification professionnelle, en un an de contrat de professionnalisation (beaucoup de pratique et 6 semaines de théorie). Seulement 20 personnes ont intégré cette formation.
Je pense que mon profil de commercial sénior les as intéressé et rassuré car il préfère fidéliser les personnes qu'ils recrutent. Avec moi, ils peuvent être tranquilles, je resterai jusqu'à la retraite.
Côté salaire, Christian est payé le SMIC pendant la formation et sera payé 2400/2500 brut / mois en tant que PNC. Il aspire à passer chef de cabine au sein de la compagnie aérienne.
Corpo jusqu’à la retraite
Lui qui aime représenter une marque « avec la plus grande sincérité et le plus d’enthousiasme possible » – il s’était fait tatouer le trident de Maserati – ne jure désormais que par Air France.
A propos, que retrouve-t-il de commun entre Air France et Maserati ?
Je retrouve le contact client, mais sans avoir quelque chose à leur vendre, avec la même typologie de clients. Et des procédures que j’aime appliquer. Au fond, je suis très corpo.
Une meilleure qualité de vie
Pendant la formation, Christian travaille pendant 15 jours (pas consécutifs) par mois :
« J’ai gagné du temps pour ma vie de famille, je gagne moins qu’avant mais je ne travaille plus 6 jours sur 7, » constate-t-il. Ce sont ses 4 enfants de 22, 10, 4 et 2 ans et sa compagne, qui se réjouissent de cette répartition de son temps qui le rendent plus disponible avec eux.
La fin de la formation est prévue pour fin octobre 2024 avec le diplôme à la clé : « Ce sera un autre challenge mais en tout cas je suis fier d’avoir tout plaqué et d’avoir su rebondir », conclut-il.
Journaliste depuis 13 ans, je suis spécialisée sur des thématiques liée à l'emploi : management, recherche d'emploi, enquête sur des secteurs économiques, emploi des cadres, test de métiers...