
Une envie de reconversion après 25 ans dans le même métier
Après plus de 25 ans dans le secteur de la vente de prêt-à-porter, dont un dernier poste de responsable de boutique Jules à Noisy-le-Grand, Gwenaëlle aspire à changer de métier. Elle souhaite faire du recrutement. Lors de son entretien annuel, elle évoque le sujet avec son manager de l’époque. Banco. Un poste de chargée RH est créé sur mesure pour elle en interne. Elle souhaite se former mais sa demande n’aboutit pas car son employeurs se trouvant en difficultés économiques, il déclare un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). « Au départ, j’étais éligible et finalement non. On me demandait de retourner en boutique. Ce que je ne souhaitais pas », se souvient-elle.
Recalée du PSE, Gwenaëlle ne lâche pas l’affaire. Alors qu'elle est toujours en poste, elle décide de se faire financer une formation continue en gestion des ressources humaines. Elle négocie une rupture conventionnelle : elle reçoit un chèque de 5000 euros (contre 18 000 euros si elle avait fait partie du PSE) et quitte officiellement Jules en décembre 2021.
Un projet de transition professionnelle pour se reconvertir
En novembre 2020, elle dépose donc une demande béton de projet de transition professionnelle (PTP) qu’elle défend bec et ongle auprès de Transitions Pro Ile-de-France.
J’avais appelé des entreprises pour les interroger sur le métier de gestionnaire des ressources humaines. J’ai préparé un PowerPoint en détaillant ces démarches, en listant les avantages et les inconvénients de ce métier, en évoquant le salaire potentiel. J’ai donc exposé mes motivations pour cette reconversion et comment j’allais m’y prendre.
En parallèle, bien conseillée par un consultant en reclassement (dispositif auquel elle ne peut plus prétendre car exclue du PSE), qui l’aide vue sa motivation), elle identifie sa formation : un titre RNCP niveau 6 (niveau master 1) de responsable GRH à l’IGS Formation continue. Le coût de la formation, 17 000 euros, a été entièrement pris en charge par Transitions Pro Ile-de-France.
Une formation continue harassante
Gwenaëlle a continué de toucher son salaire (jusqu’à son départ en décembre 2021) tout en menant ses études. Les cours essentiellement en distanciel lui demandent une disponibilité totale, « souvent de 8 h du matin, à minuit ». Certaines matières totalement inconnues pour elles, notamment la gestion de la paie, lui imposent de redoubler d’efforts. Idem pour les cours d’informatique. Au terme de ses cours et de ses 6 semaines de stage, elle rédige son mémoire de 70 pages et le soutient devant un jury. «Terrorisée », elle assure et décroche son titre professionnel en janvier 2022.
Du titre professionnel au stress de la recherche d’emploi
Elle se met alors en quête d’un nouvel emploi. Une bonne galère de 3 mois durant lesquels, tout en étant inscrite à Pôle emploi (ce qu’elle ne conseille pas pour éviter de « perdre confiance en soi »), elle monte sa micro-entreprise pour réaliser des missions de recrutement.
Mais le stress de ne pas avoir de salaire fixe gagne cette maman solo et l’empêche souvent de dormir.
Un jour, à 3 heures du matin, je suis tombée sur une annonce de chargée de recrutement chez SNCF Réseau. J’ai refait mon CV jusqu’à 7 heures du matin et j’ai postulé. J’ai rapidement été contacté et en mars 2022, j’ai décroché un CDD de 10 mois. Une aubaine. A la fin de ce contrat, je vais être embauchée CDI intérimaire par Manpower pour continuer à bosser pour SNCF Réseau.
Régulièrement en déplacement sur des salons, pour des jobs dating, de réunion d’information… pour expliciter les offres d’emploi à pourvoir dans cette branche de la SNCF, mais également en charge du recrutement d’agents de maintenance de la voie, d’électriciens et bientôt d’ingénieurs, Gwenaëlle ne regrette pas de s’être battue pour sa reconversion professionnelle.
Le job me plait beaucoup, je suis heureuse et sécurisée financièrement. Ma responsable ressources humaines est très à l’écoute et me laisse une grande autonomie d’organisation au quotidien.
Une reconversion finalement payante
Désormais Gwenaëlle émarge à 3060 euros bruts mensuels, le statut cadre en prime. « Chez Jules, je gagnais 2200 euros comme agent de maitrise. J’ai intégré le groupe ferroviaire à 2800 euros et je viens d’être augmentée », détaille-t-elle soulagée de pouvoir enfin avoir un peu de mou dans la gestion de son budget quotidien et d’avoir recouvrer le sommeil.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.