
Une élève modèle

Pendant ses études, Léa Toulet a marqué tous les points possibles. Après un bac ES obtenu avec mention très bien, elle suit le chemin de la classe préparatoire et de l’école de commerce avec une spécialisation marketing. “C’était un chemin tout tracé, assez classique, parce que je ne me suis jamais trop posé de questions”, analyse-t-elle aujourd’hui. Pour parfaire son CV, elle intègre le groupe Atlantic spécialisé dans le confort thermique et y reste un an et demi en tant qu’assistante chef de produit.
L’univers des créa
Après une courte période de chômage, elle décide de se tourner vers la communication : “Je voulais travailler avec des créatifs, avoir des projets et des clients différents”. Elle intègre l’agence Extrem, spécialisée dans le design packaging en tant qu’assistante chef de projet jusqu’à devenir chef de projet senior. Pendant cinq ans, elle en apprend des tonnes. “Travailler une présentation, faire une reco, communiquer, convaincre les clients, s’inspirer des tendances, réinventer d’autres chartes graphiques… poursuit-elle. J’adore les directeurs artistiques et voir leur cheminement de création en partant d’un brief. Aucune journée ne se ressemblait, j’avais des clients dans l’alimentaire, le bricolage, les produits pour bébé et des spiritueux”. Hyper fière, elle raconte à ses proches, avec passion, les challenges qu’ont représenté certains emballages Monoprix quand elle les croise dans les rayons.
Mais le secteur de la communication est connu pour être aussi dur qu’intéressant. Avec les horaires à rallonge, s’ajoutent le stress et les urgences à gérer. Et Léa de détailler : “Je pouvais bosser entre 10 et 12h par jour. J’étais investie mais fatiguée. J’ai commencé à vouloir changer mon environnement de travail”.
La transition écologique
Les années passant chez Extrem, Léa Toulet commence à s’intéresser à l’écologie un peu plus sérieusement. En commençant par trier ses déchets, elle privilégie les courses en vrac et les AMAP (Ndlr : Association pour le maintien de l'agriculture paysanne), fabrique ses produits d’entretien, réduit sa consommation de viande et de tout ce qui vient de la mer et choisit de ne plus prendre l’avion. “À chaque fois, je me demande ce que je peux faire pour réduire mon impact”. Et puis, le Covid passe par là et provoque une réflexion.
J’ai vraiment ressenti la dissonance cognitive. J’aimais mon travail mais ça ne collait plus avec mes valeurs parce que je me suis rendue compte que j’aidais à produire des déchets… Pourquoi je faisais ce métier ? Qu’est-ce que ça apportait ? Ma soeur est pharmacienne en hôpital, c’était essentiel, mais moi ?
Perte de sens et fatigue s'accumulent alors.
Un temps pour se poser
Pour savoir ce qu’elle veut, Léa se tourne vers le bilan de compétences. “J’avais besoin de me poser parce que je sentais qu’il fallait que je change de milieu”. Au bout de 6 mois, c’est presque une évidence, ce sera un métier lié à l'environnement, au développement durable.
C’est ma coach qui m’a suggéré que l’écologie était une valeur importante pour moi, je ne l’avais pas conscientisé en fait
Elle sait que sans expérience ni diplôme, il peut être compliqué de travailler dans ce secteur et se convainc rapidement de passer un diplôme.
Il me fallait une alternance pour continuer à gagner ma vie et des cours en ligne pour avancer à mon propre rythm
Son choix se porte sur la deuxième promotion du master 2 de la Green management school, “pour son enseignement qui permet d’avoir une vision d’ensemble”. Côté salaire, elle le divise par deux avec un peu plus d’un SMIC en tant qu’alternante et une petite rallonge de Pôle Emploi. “Mais j’avais fait mes calculs, tout budgétisé, sans me mettre en danger non plus”. Elle commence en avril 2021 et intègre Ecotree en tant que chargée de relation client pour les particuliers, société de gestion forestière spécialisée dans la régénération d’écosystème forestier, qui lui finance le Master d’environ 8000 euros.
Une pierre à l’édifice
Aujourd’hui, Léa sait pourquoi elle se lève le matin :
Même si c’est une entreprise, on sait pourquoi on doit faire du chiffre d’affaires. Je n’ai pas les mains dans la terre mais je suis en contact au quotidien avec nos gestionnaires forestiers. Surtout, j’ai l’impression d’apporter ma pierre à l'édifice et de faire quelque chose pour la biodiversité française
Côté mission, Léa Toulet fait un peu moins d'opérationnel qu’à ses débuts. Si elle considère le support comme essentiel, elle a pu se libérer du temps pour développer un autre projet, “une enquête qualitative et quantitative pour réfléchir à l’offre BtoC”. Son alternance se finit en août 2023 mais à l’heure actuelle, elle est en pourparler pour rester chez Ecotree, au même poste avec des missions supplémentaires, “notamment avec le service innovation”.
Journaliste depuis 13 ans, je suis spécialisée sur des thématiques liée à l'emploi : management, recherche d'emploi, enquête sur des secteurs économiques, emploi des cadres, test de métiers...