Insertion des jeunes diplômés : du mieux mais encore quelques couacs !

Aurélie Tachot

Pierre Lamblin (Apec) et Hélène Frasca (Walters People) commentent les résultats de la dernière étude Apec sur l'insertion des jeunes diplômés.

Insertion des jeunes diplômés : du mieux mais encore quelques couacs !
Pierre Lamblin (Apec) et Hélène Frasca (Walters People) commentent les résultats de la dernière étude Apec sur l'insertion des jeunes diplômés.

Ils témoignent

  • Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec
  • Hélène Frasca, directrice associée du cabinet de recrutement Walters People

Un taux d’emploi qui peine à remonter

La crise sanitaire met la patience des jeunes à dure épreuve. Alors que le marché de l’emploi cadre connaît une embellie – surtout depuis juin 2021 – le taux d’emploi des juniors n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise, d’après le 6e baromètre de l’insertion des jeunes diplômés de l’APEC*.

En 2022, 82 % des jeunes diplômés de niveau Bac+5 issus de la promotion 2020 étaient en emploi un an après l’obtention de leur diplôme. C’est, certes, 13 points de plus que la promotion « sacrifiée » de 2019, alors interrogée en 2021. Mais aussi 3 points de moins que la promotion « d’avant-crise » de 2018, interrogée en 2020.

Les taux d’emploi et d’insertion des jeunes diplômé.e.s retrouvent leur niveau d’avant crise :
Pierre Lamblin

« Ce résultat est plutôt encourageant pour les jeunes diplômés de l’an dernier mais aussi des promotions antérieures, d’autant que le phénomène d’embouteillage sur le marché de l’emploi est toujours là », rassure Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec.

Sans surprise, l’alternance reste une voie royale : la part des jeunes ayant obtenu un emploi suite à une période d’alternance (39%) est en progression de 4 points par rapport à la vague précédente. De plus, les alternants (73%) signent plus facilement des CDI que les non-alternants (57%).

Les jeunes cadres scientifiques s’en sortent le mieux

L’insertion des jeunes diplômés coince davantage dans certaines disciplines.

« Les différences de taux d’emploi, qui s’observent chaque année entre les disciplines, se sont creusées sous l’effet de la crise sanitaire. Ainsi, pour la promotion 2019, la chute la plus importante concernait la discipline lettres-langues-arts, qui présentait le taux d’emploi le moins élevé », indique l’Apec. En nette amélioration par rapport à l’année dernière, ce taux d’emploi de 67 % reste inférieur de 20 points de celui d’avant-crise. C’est également dans cette discipline que le rattrapage est le moins fort, avec le taux d’emploi le plus faible pour la promotion 2020.

À l’inverse, les jeunes diplômés en sciences technologiques affichent, en 2020, un taux d’emploi quasi-similaire à celui d’avant-crise. « L’informatique et les sciences de l’ingénieur sont des disciplines très proches des emplois. Il n’est donc pas étonnant que la primo-insertion des jeunes soit meilleure », explique Pierre Lamblin.

Taux d'emploi des jeunes diplômés selon la spécialité

La part des contrats stables progresse

D’après l’Apec, près des deux tiers des jeunes diplômés de la promotion 2020 bénéficient d’un CDI, soit cinq points de plus par rapport à la promotion précédente. « Cette augmentation représente toutefois un rattrapage partiel après la baisse de 10 points occasionnée par la crise », rappelle Pierre Lamblin.

Evolution des types de contrat signés par les jeunes diplômés pour les promotions 2018, 2019 et 2020. Source Apec 2022

 

Des rémunérations en légère baisse

Pour autant, la rémunération annuelle brute des jeunes diplômés ne suit pas la même tendance. De 31 000 euros en 2019, elle passe à 30 000 euros en 2020, soit une légère baisse de 3 points. « En période de crise, les entreprises considèrent davantage les jeunes diplômés comme un coût que comme un investissement », concède Pierre Lamblin.

Hélène Frasca

Ce recul, Hélène Frasca, directrice associée du cabinet de recrutement Walters People, ne le constate pas sur le terrain. « À mes yeux, les rémunérations sont restées stables tout au long de la crise. Alors que le marché de l’emploi est plutôt favorable aux candidats, les entreprises prendraient un gros risque de ne pas proposer des niveaux de rémunération qui soient en adéquation avec ceux de leurs concurrents », indique-t-elle.

Le statut cadre reste important

55% des diplômés 2020 ont décroché un statut cadre, soit deux points de moins que les années précédentes.

N'en déplaise à ses détracteurs, le statut de cadre reste important aux yeux des jeunes générations. L'Apec constate néanmoins qu'il est jugé moins important en début de carrière mais qu'il le devient à mesure qu'on prend de l'expérience.

Les jeunes diplômés associe le statut cadre d'abord à trois signes distinctifs : les responsabilités, le salaire et l'autonomie.

Elements associés au statut cadre par les jeunes diplômés

Des postes en décalage avec leurs aspirations

L’insertion des jeunes diplômés se fait-elle au détriment de leurs aspirations ? La réponse est parfois oui.

2 jeunes sur 10 déclarent occuper un poste qui n’est pas en adéquation avec leur niveau de qualification, leur discipline de formation ou leurs souhaits personnels.

Relativement résignés, 2 jeunes sur 10 considèrent même leurs postes comme « alimentaires ». Une proportion en légère hausse par rapport aux promotions précédentes. « C’est une tendance que nous avons observée pendant la crise et que nous ne constations pas avant. Puisqu’ils ne trouvaient pas de poste en adéquation avec leur niveau de diplôme, certains jeunes diplômés ont fait des choix par défaut et ont consenti à occuper des postes seulement pour ne pas rester inactifs, en attendant des jours meilleurs », raconte Hélène Frasca. Haut les cœurs : cette volonté de travailler coûte que coûte est très bien vue par les recruteurs. Les jeunes diplômés ne sont donc pas perdants sur toute la ligne.

Des emplois moins fréquemment en phase avec les attentes des jeunes diplômé.e.s

Étude menée par l’Apec et l’institut Potloc les 3 et 4 février 2022, sur les réseaux sociaux, auprès de 760 diplômés de niveau Bac+5 et de 470 diplômés de niveau Bac+3/+4 ayant obtenu leur diplôme en 2020 et résidant en France.

Aurélie Tachot
Aurélie Tachot

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.

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