
Quelles sont les conséquences du Covid-19 sur votre activité ?
À l’annonce du confinement, entre 50 et 60 % des missions de cadres qui avaient été ouvertes ont été mises en stand-by, de façon plutôt brutale. Les secteurs de la santé, du transport, de la logistique, de la distribution, de l’agroalimentaire et du digital ont été les plus épargnés. Les postes d’ingénieurs, de développeurs, habituellement très pénuriques, ont été relativement préservés. Certains métiers dans l’IT et dans la cybersécurité, qui sont habituellement en tension, ont également résisté à la crise du Covid-19, même si elle a été majeure.
Quels ont été les changements dans votre processus de recrutement ?
Pendant le confinement, nous avons eu recours à des outils d’assessment (évaluation pendant une mise en situation). C’est une pratique que connaissait peu les petites structures telles que les ESN et les ETI, habituées à évaluer les candidats en face-à-face. Nous allons désormais le proposer systématiquement, car cela constitue un bon outil d’aide à la décision. Grâce à cet assessment, nous avons pu finaliser des recrutements en CDI pendant la période de confinement, notamment dans les domaines de la santé, de l’IT et de la logistique. Les processus d’onboarding ont même été réalisés à distance.
Les entreprises voudront des leaders qui savent créer un collectif, y compris à distance.Isabelle Bastide, présidente de PageGroup
Quelle reprise anticipez-vous ?
La reprise dépendra de la situation sanitaire, de la présence ou non, d’une deuxième vague du virus. Quoiqu’il en soit, elle sera lente. Les industries ont été fortement touchées, notamment les secteur du BTP et de la construction, qui sont de gros pourvoyeurs d’emplois cadres et non-cadres. Par manque de visibilité sur la situation, les entreprises vont certainement faire preuve d’attentisme vis-à-vis de leurs recrutements. On peut imaginer qu’elles vont davantage se tourner vers le management de transition et les nouvelles formes de travail dont l’intérim et le freelancing.
Les critères de sélection des recruteurs vont-ils changer ?
Oui, dans la mesure où de nombreuses entreprises vont maintenir la pratique du télétravail pendant encore plusieurs mois. On peut tout à fait imaginer que les attentes des entreprises vis-à-vis des managers vont évoluer. Jusqu’ici, leur capacité à manager à distance n’était pas un critère important, mis à part pour les fonctions commerciales et les grands groupes internationaux dotés de plusieurs succursales à travers le monde. Désormais, les entreprises voudront des leaders qui savent créer un collectif, y compris à distance.
Selon vous, qu’est-ce qui ressortira de "mieux" de cette crise ?
Avant la crise, nous réalisions déjà des entretiens de recrutement à distance via la visioconférence, avec Skype ou Teams par exemple. La crise a accéléré l’usage de nos clients des outils digitaux et nous allons devoir les accompagner dans cette évolution numérique. D’une manière plus générale, notre métier qui est déjà très tourné vers l’humain, va renforcer la proximité avec les candidats.
Le cabinet Michael Page en quelques chiffres :
- environ 10 000 recrutements en 2019
- 250 consultants

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.