
Comme nous avons comme ambition de décarboner l'aviation, il faut tout remettre à plat.Jérémy Caussade, co-fondateur Aura Aéro
Y-a-t-il encore un intérêt à faire carrière dans l’aviation, vue la crise climatique ?
Jérémy Caussade : « Bien sûr ! Je suis un passionné d’aviation et convaincu de son intérêt. Mais aussi bien conscient que le réchauffement climatique dû aux gaz à effet de serre est une réalité à combattre en décarbonant ce transport. Nous avons 30 ans pour électrifier et révolutionner l’aviation. Chez Aura Aéro, nous avons ainsi développé, depuis notre création en 2018, deux avions en partant de rien. L’un, biplace, sert à former les pilotes. L’autre, 19 places, l’ERA (Electric Regional Aircraft), est d’ambition régionale avec quelque 600-800 kilomètres d’autonomie.
En quoi consiste votre job ?
J.C. : Mon travail d’ingénieur en chef consiste à arbitrer techniquement des décisions en vue d’atteindre le programme défini pour développer un avion. Je m’assure donc que les émissions de gaz à effet de serre émises par notre « aircraft » soient conformes à ce que l’on souhaite tout en respectant aussi les performances définies par nos soins : vitesse, capacité d’emport. Mon métier est donc extrêmement impacté par la décarbonation souhaitée pour notre engin. Aujourd’hui, si on ne prend pas en compte la question environnementale, le plus simple est de réaliser un avion à turbine. Comme nous avons comme ambition de décarboner ce transport, il faut tout remettre à plat. Cela change complètement le dessin de l’avion. Dans certains cas, on perd en autonomie mais j’arbitre en faveur de la baisse d’émission de gaz à effet de serre.

Nous nous retrouvons dans la peau des pionniers de l’aéronautique, qui, à Toulouse, ont dû tout concevoir au début du 20e siècle. C’est passionnant.Jérémy Cassagne, pionnier de l’avion bas carbone
Vous considérerez-vous comme des pionniers de l’aviation moderne ?

J.C. : Nous nous retrouvons dans la peau des pionniers de l’aéronautique, qui, à Toulouse, ont dû tout concevoir au début du 20e siècle. C’est passionnant. Mais ce sont des contraintes de tous les instants. Cela constitue un changement massif de la façon dont on fabrique un avion. Il y aura certes une diminution du nombre d’heures de vol mondial. C’est inéluctable. Mais on ne pourra pas se passer d’avions. Cela nous demande d’être très concernés, très formés, très dédiés. Ce sont des profils de pionniers. C’est une révolution mais on ne pourra pas échouer. Les avions sont nécessaires pour faire de l’urgence, de l’humanitaire. Il faut donc changer tous les aéronefs existants et mettre cette technologie au service de l’ensemble de l’humanité.
Il y a un monde à réinventer. On ne peut plus faire des avions comme avant.
Est-ce que Aura Aéro recrute ?
J.C. : Oui, nous voulons embaucher cette année des jeunes, des vieux, des spécialistes de l’automobile mais aussi du train, de la batterie. Nous panachons et mélangeons les profils. Nous faisons appuyer les novices par des expérimentés. En France, de 2 à 5 entreprises se sont lancées dans cette aventure. Il y a un monde à réinventer. On ne peut plus faire des avions comme avant ».


Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.