Christel Heydemann : la nomination de la nouvelle DG d’orange commentée par un chasseur de têtes

Aurélie Tachot

HUIT MOIS APRES - En mai 2021, nous avions demandé à Henri Vidalinc de décrypter le CV de la future ex-patronne Europe de Schneider Electric. Huit mois plus tard, Christel Heydemann vient de décrocher la direction générale d’un géant du CAC 40. Nous avons rappelé le président du groupe de conseil et services RH Grant Alexander pour avoir ses commentaires sur la nomination de la nouvelle patronne d’Orange (qui prendra ses fonctions en avril prochain).

Christel Heydeman devient patronne d'Orange à 47 ans et sera la 2e femme à diriger une entreprise du CAC40. Retour sur son parcours avec Henri Vidalinc, président du groupe de conseil et services RH chez Grant Alexander.

Christel Heydemann : la nomination de la nouvelle DG d’orange commentée par un chasseur de têtes
Christel Heydeman devient patronne d'Orange à 47 ans et sera la 2e femme à diriger une entreprise du CAC40. Retour sur son parcours avec Henri Vidalinc, président du groupe de conseil et services RH chez Grant Alexander.

Le CV de Christel Heydemann, PDG de Schneider Electric France, décrypté par Henri Vidalinc (Grant Alexander)

Lire notre article de mai 2021 ici

Pourquoi Christel Heydemann devient patronne d'Orange ? L'éclairage d'Henri Vidalinc

 

Henri Vidalinc est président du groupe de conseil et services RH Grant Alexander.

« Je ne suis pas surpris par la nomination de Christel Heydemann au poste de directrice générale d’Orange. Même lorsqu’elle était chez Schneider Electric, elle siégeait au conseil d’administration d’Orange. En faisant quelques recherches, j’ai appris qu’elle n’avait pas loupé une seule séance en 2020, alors qu’elle devait gérer une situation de crise dans sa propre entreprise, liée au Covid-19. Elle siégeait également au comité d’audit d’Orange, qui est un rôle exigeant, qui suppose de « descendre » dans les comptes. Ce que je retiens lorsque je regarde son parcours, notamment la variété de postes qu’elle a occupés (DRH, key account manager...), c’est sa capacité à aller vers les autres. Elle a compris – ce qui n’est pas si fréquent chez les dirigeants – qu’on ne développait pas un business sans développer ses collaborateurs, surtout dans une entreprise de services comme Orange. »

 

« Orange est allée la chercher »

« Le fait qu’elle soit restée moins d’un an dans son dernier poste – celui d’Executive Vice President Europe de Schneider Electric – prouve qu’Orange est allée la chercher. Manifestement, le soutien de Stéphane Richard, qui lui avait déjà permis d’entrer au conseil d’administration d’Orange dès 2020, a été clé dans sa nomination. D’autres profils comme celui de Frank Boulben (Verizon), sur le papier plus légitime, lui étaient préférés à ce poste. L’influence de l’État, qui est actionnaire du groupe Orange, a certainement joué en la faveur de Christel Heydemann. Sa volonté de propulser une femme à la tête d’un groupe du CAC 40 a été clé. Pour elle, cette nomination est toutefois une grosse prise de risques. D’une part parce qu’elle n’est pas un pur produit du service public comme l’était Stéphane Richard à son époque, donc potentiellement moins préparée à l’environnement de travail qui l’attend, d’autre part parce qu’elle ne connaît pas encore le futur président d’Orange, avec qui elle devra former un binôme. C’est l’une des raisons pour laquelle elle a autant hésité à accepter ce poste : 7 mois de discussions auront été nécessaires avant qu’elle accepte. »

 

« Propulser Orange dans une nouvelle ère »

« Pour Orange, le fait que Christel Heydemann soit issue du secteur privé est, à mes yeux, une chance. Le groupe est loin d’être le plus moderne sur son marché, où la concurrence est féroce et a donc besoin d’entrer dans une nouvelle ère. Pour se réinventer, Orange devra changer radicalement sa culture. Christel Heydemann, qui a beaucoup œuvré en faveur des transformations digitales au cours de ses précédents postes, semble être la bonne personne pour "dépoussiérer" cette entreprise. »

 

Et après ?

« Si on se projette encore davantage, on peut imaginer que Christel Heydemann suive, au choix, deux trajectoires. La première dans la sphère politique. Si cela l’intéresse, elle pourrait par exemple briguer le poste de ministre de l’Industrie. L’autre option, c’est de poursuivre sa carrière en tant que PDG d’un autre groupe du CAC 40, quel que soit son secteur, à la manière d’Alexandre Bompard, qui a occupé le poste de PDG de Fnac Darty avant de rejoindre Carrefour. »

Aurélie Tachot
Aurélie Tachot

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.

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