
Pour les cadres, impossible de renoncer au télétravail : 67% seraient mécontents d’une réduction du nombre de jours possibles en télétravail, et plus d’un quart (27%) envisagerait même de changer d’entreprise. S’il venait à être supprimé, plus des quatre cinquièmes (82%) en seraient mécontents, et presque la moitié (49%) voudrait changer d’entreprise. C’est l’un des enseignements de la nouvelle étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), « Regard des cadres, managers et employeurs sur le télétravail ».
Car si la pratique a fortement augmenté pour la plupart des catégories socioprofessionnelles, comme l’a récemment montré l’Insee, pour les cadres, elle est réellement entrée dans les mœurs. Selon l’Apec, seuls 24% des cadres ne télétravaillent pas du tout, et les deux-tiers (67%) en font au moins un jour par semaine. Le télétravail régulier est encore plus fort dans les entreprises de taille intermédiaires (ETI) et grandes entreprises (75%, contre 47% des très petites entreprises), les secteurs informatiques, ingénierie-R&D, conseil, banque-assurance, communication (79% pour l’ensemble, contre 54% pour la construction et le commerce), et l’Ile-De-France (79%, contre 56% dans les autres régions).
La pratique s’est pérennisée entre autres parce qu’elle est appréciée par les cadres : 69% y voient plus d’avantages que d’inconvénients, seuls 12% ont l’opinion inverse. Même les managers y sont favorables pour l’ensemble de leur équipe, mais avec une nuance. Ainsi, si 95% y sont favorables, 42% précisent y être favorables sur le principe, mais à certaines conditions.
Au fil des années, le télétravail a même convaincu les employeurs. 71% en tirent un bilan positif (il est même très positif pour 19%), un taux en hausse de six points par rapport à septembre 2021 (et de trois points pour le bilan très positif). A noter que c’est parmi les petites et moyennes entreprises que cette évolution est la plus positive (huit points de plus pour les PME estimant le bilan positif), alors que chez les grandes entreprises, ce taux régresse d’un point.
Les entreprises voient nettement une influence positive sur la qualité de vie au travail, puisqu’elles sont 74% à l’observer. Seules 8% y voient une influence négative, 18% n’observant pas de changement. Le bilan est positif aussi mais moins franchement pour la productivité : le télétravail est positif pour 47% des entreprises et ne change rien pour 42%. Enfin, c’est sur le sentiment d’appartenance que le télétravail a le plus d’impact négatif selon les entreprises. 43% n'observent pas de changement, 34% voient un effet positif du télétravail, et 23% observent un effet négatif.
Un changement d’organisation et des évolutions toujours en cours
Pour les cadres, le télétravail change l’organisation. Les trois-quarts adaptent leurs missions en fonction des jours où ils sont en télétravail et au bureau. Ainsi, les cadres préfèrent être au bureau pour les réunions d’équipe (à 65%), celles avec les clients et les prestataires (62%), les formations (56%) et dans une moindre mesure les réunions d’avancement des projets (50%). En revanche, ils sont mieux chez eux pour réaliser leurs tâches administratives (50%) et l’avancement de leurs projets de fond (60%). Par ailleurs, pour chaque tâche, entre 15 et 22% des cadres n’ont pas de préférence sur le lieu de réalisation.
Les managers ont aussi adapté leurs pratiques de management. C’est le sentiment de 69% des cadres, dont 20% trouvent que les pratiques managériales dans leur entreprise ont beaucoup évolué. En septembre 2021, 52% voyaient une évolution managériale, et seuls 9% une évolution notable. Par ailleurs, l’écrasante majorité (91%) des cadres a l’impression que leurs managers leur accordent la même confiance en télétravail. Plus de la moitié (51%) ont même « tout à fait » cette impression.
Du côté des entreprises, la conscience qu’une absence de télétravail est un frein au recrutement des cadres progresse. Elles sont ainsi 42% à le penser, contre 22% en septembre 2021. Cette conscience est exacerbée chez les grandes entreprises : 70%, contre 43% en septembre 2021. De fait, le nombre de jours de télétravail est très majoritairement (78%) resté stable en 2024. Dans les entreprises où il a évolué, c’était un peu plus pour l’augmenter (12%) que pour le réduire (10%).
Les cadres s’attendent pourtant à une évolution des modalités pour plus de la moitié d’entre eux. Or, seule une minorité d’entreprises compte réellement le faire : 17%, et encore, à peine 7% en sont certaines. La proportion est cependant plus élevée dans les ETI et grandes entreprises : 24%, 10% en étant certaines.
Sans grande surprise, ce sont les entreprises prévoyant de revoir les modalités du télétravail qui en observent le moins les effets positifs. Elles ne sont ainsi que 69% (contre 74% pour l’ensemble) à voir une influence positive sur la qualité de vie au travail, et 11% (contre 8% sur l’ensemble) à observer un effet négatif. 22% observent un effet négatif du télétravail sur la productivité, contre 11% du reste des entreprises – cependant, un peu plus d’entreprises souhaitant revoir les modalités du télétravail (50%) observent un effet positif sur la productivité que l’ensemble des entreprises (47%). Enfin, c’est le sentiment d’appartenance qui pose le plus problème, puisque 39% des entreprises souhaitant faire évoluer les modalités du télétravail estiment que celui-ci a un effet négatif, contre 23% de l’ensemble des entreprises.
Méthodologie
Etude réalisée par l’Apec à partir de deux enquêtes en ligne réalisées auprès d’un échantillon de 1 000 et 2 000 cadres en octobre et décembre 2024 (échantillon représentatif des cadres actifs du secteur privé par la méthode des quotas, en matière de sexe, d’âge, de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de région), et d’une enquête réalisée par téléphone auprès de 1 000 entreprises employant au moins un cadre en décembre 2024 (échantillon représentatif des entreprises employant au moins un cadre, par la méthode des quotas, en matière de taille, secteur d’activité et localisation).

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