- Quel est le salaire médian d’un jeune diplômé français ?
- Les écoles de "rang 1" toujours en tête
- Les Bac+5 universitaires rattrapent les grandes écoles de rang 2 et 3
- Recruteurs moins élitistes, nivellement des diplômes et généralisation des stages à l’université
- Professionnalisation des IAE
- Soft skills vs diplômes
Quel est le salaire médian d’un jeune diplômé français ?
38 500 € hors primes en 2020 : c’est le salaire annuel brut médian (la moitié gagne plus et la moitié gagne moins) des jeunes diplômés en poste en 2020 en France, selon la dernière enquête Jeunes Diplômés 2020 réalisée par le cabinet de conseil Willis Towers Watson.. Selon Radia Rafil, consultante senior en rémunérations, elle-même issue de l’université, l’étude a été menée sur « 5000 diplômés travaillant dans 32 entreprises, donc un échantillon suffisamment large pour proposer des chiffres fiables ».
Les écoles de "rang 1" toujours en tête
Sans surprise, l’étude confirme que les salaires des écoles les plus prestigieuses, celles dites de "rang 1"* sont, à 42 500 euros brut médian par an, de l’ordre de 10 % supérieurs à ceux des écoles de rang 2 et 3 et des universités.
- Ecoles d’ingénieurs dites de rang 1 : École Polytechnique, ESPCI ParisTech, Insa Lyon, Grenoble INP, Ponts ParisTech, ENSM Paris Tech et Centrale Supélec
- Ecole de commerce dites de rang 1 : HEC, Essec, ESCP, EM Lyon et Edhec.
« Ceci précisé, poursuit l’experte, nous démontrons aussi que les salaires franciliens sont 7 % plus élevés que ceux des autres régions »
Les Bac+5 universitaires rattrapent les grandes écoles de rang 2 et 3
L’étude fait un autre constat pour le moins inattendu. Selon les experts es rémunération Willis Towers Watson, « les formations universitaires sont en passe d’être valorisées au même niveau que les écoles d’ingénieurs ou écoles de commerces de rang 2 ou 3 ».
Le cabinet explique ce resserrement par trois phénomènes.
Autonomie : « Tout d’abord, précise Radia Rafil, les employeurs ont, désormais, pris conscience que les universitaires sont aussi autonomes que les diplômés des grandes écoles ».
Performance : Ensuite, ces recruteurs effectuent des tests de performance sur ces jeunes diplômés et ils s’aperçoivent que les universitaires obtiennent des résultats au moins aussi bons que les diplômés des « moyennes et petites » grandes écoles.
Valeur diplôme : Enfin, le diplôme semble avoir perdu de son pouvoir, « les entreprises embauchent désormais plus un individu avec des qualités plus qu’un diplôme, fût-il prestigieux ».
Recruteurs moins élitistes, nivellement des diplômes et généralisation des stages à l’université
Ce constat est aussi celui de Michael Page, le plus important cabinet de recrutement en France par le nombre de missions.
Les Bac+5 universitaires suivent quasi tous des stages de 6 mois et plus.Julien Weyrich, directeur Senior en charge de l’industrie pour Page Personnel
« Même si je suis dubitatif quant aux salaires médians annoncés (une rémunération médiane de 38 500 euros me semble élevée), je suis d’accord que la notion d’écoles de rang 2 et 3, et d’universités tend à s’estomper, confirme Julien Weyrich, directeur Senior en charge de l’industrie pour Page Personnel. La France demeure un pays élitiste, mais je vois deux raisons qui expliquent cette tendance : Le nombre d’étudiants en grande école a fortement augmenté ces dernières années. Cela tire le niveau vers le bas. De plus, les Bac+5 universitaires suivent quasi tous des stages de 6 mois et plus. Il n’est donc plus nécessaire de leur apprendre les codes du travail en arrivant chez un employeur ».
Professionnalisation des IAE
« Nous nous sommes extrêmement professionnalisés ces dernières années, » confirme Eric Lamarque, président du réseau IAE France et directeur de l’IAE de Paris. Ces instituts de haut niveau délivrent chaque année quelque 15 000 diplômés de niveau Bac +5. « Les salaires de nos Bac +5 vont de 31 000 euros médian en région à 40 000 euros pour les IAE des grandes métropoles comme Paris, Lyon, Aix. Bref, ces rémunérations sont celles des grandes écoles. Nous développons les stages en entreprise, nous sélectionnons à l’entrée ». Cela a fini par payer. La Conférence des grandes écoles, contactée, n’a pas voulu répondre.
Soft skills vs diplômes
Mes clients me demandent de moins un moins un Centrale Paris. Ils veulent un potentielJulien Weyrich, directeur Senior en charge de l’industrie pour Page Personnel
Reste, pour remettre la balle au centre dans ce match qui clive la société française, que « les très grandes écoles, les HEC, Essec, Polytechnique constituent un monde à part, conclut Julien Weyrich. Cependant, mes clients me demandent de moins un moins un Centrale Paris. Ils veulent un potentiel disposant des soft skills nécessaires… ». Est-ce assez pour faire vaciller les forteresses des très grandes écoles ? C’est le souhait de beaucoup dans les travées des universités françaises.
Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.