Emploi des cadres : des recruteurs moins dociles face aux candidats exigeants

Sylvie Laidet-Ratier

ETUDE ROBERT WALTERS 2024 – Il y a du serrage de vis dans l’air… Dans sa dernière étude sur les tendances RH 2023 et perspectives 2024*, le cabinet Robert Walters annonce la fin de la récré. Les cadres jusqu'à présent les plus gâtés doivent se préparer à des négociations serrées car l'époque des gaps salariaux abyssaux est terminée. Idem pour le télétravail à la carte. Explications.

Vous êtes 55% à vouloir changer de poste dans les douze prochains mois. Face à vous, les recruteurs vous ouvrent grand les bras ! En revanche, préparez-vous à des négociations serrées, prédit Coralie Rachet, managing director des cabinets Robert Walters et Walters People France.

Emploi des cadres : des recruteurs moins dociles face aux candidats exigeants
Vous êtes 55% à vouloir changer de poste dans les douze prochains mois. Face à vous, les recruteurs vous ouvrent grand les bras ! En revanche, préparez-vous à des négociations serrées, prédit Coralie Rachet, managing director des cabinets Robert Walters et Walters People France.

Une chute de 21 % du nombre d’offres d’emploi en 2023

Corroborant les chiffres du dernier baromètre de l’Apec, le cabinet de recrutement Robert Walters estime qu’en 2023, le nombre d’offres d’emploi cadres aura chuté de 21 % en un an. « C’est un ralentissement plus qu’un retournement car pour les cadres nous sommes toujours dans une dynamique de plein emploi », se rassure Coralie Rachet, managing director des cabinets Robert Walters et Walters People France.

Et d’ajouter :

Après des mois d’euphorie post-covid, on note plutôt un retour à la normale même s’il y a toujours des incertitudes pour 2024.
Coralie Rachet, managing director des cabinets Robert Walters et Walters People France.

78 % des entreprises interrogées par le cabinet* se disent préoccupées par la pénurie de compétences. Ce taux s’élevait à 85 % en 2022. Donc, des employeurs moins à cran.

A retenir

  • -21% d’offres d’emploi en 2023
  • 55% des cadres souhaiteraient changer d’emploi dans les 12 mois
  • 94% recherchent une meilleure rémunération, 46% un autre management
  • 78% des recruteurs préoccupés par la pénurie de compétences (un peu moins que l'an passé)

La quête d’un meilleur salaire motive une envie de mobilité sur deux

L’étude Robert Walters souligne également que 55 % des cadres souhaiteraient changer d’emploi dans les 12 prochains mois. Pour 94 % d’entre eux, ce serait pour obtenir une meilleure rémunération, pour un autre management (46 %), pour une évolution de carrière (25 %) et plus de flexibilité (23 %).

Pour bouger les candidats ont toujours mis en avant des motivations salariales mais jamais à ce niveau-là. A cela plusieurs explications : évidemment le niveau d’inflation qui grève le budget des Français, et y compris celui des cadres. Mais aussi les surenchères salariales consenties par les boîtes ces deux dernières années. « Pour attirer certains talents, les entreprises acceptaient parfois de donner 30 à 50 % d’augmentation aux nouvelles recrues. On atteignait donc des niveaux de rémunérations exceptionnels. Désormais, elles mettent des limites car ces décalages dans les grilles de salaire ont créé beaucoup de tensions en interne. L’attractivité des talents est importante mais la rétention et fidélisation des salariés en poste aussi », argumente Coralie Rachet.

Le salaire, la première carotte des salariés

Des candidats trop gourmands dans les négos salariales risquent d’être déçus

Aujourd’hui, pour une mobilité externe, misez plutôt sur 15 % de gap salarial en moyenne. « Les augmentations très hautes n’existent quasiment plus », assène-t-elle.

Attendez-vous également à être challengé sur vos prétentions salariales dès le début du process de recrutement (parfois dès le deuxième entretien) et plus in fine. Histoire que personne ne perde trop de temps.

Les entreprises attendent moins d’opportunisme de la part des candidats mais au contraire un réel projet professionnel avec des ambitions et des compétences à développer.
Coralie Rachet

Bref, pas des mercenaires et surtout des talents alignés avec les valeurs et la vision de l’entreprise. 

Une incompréhension entre candidats et salariés sur le télétravail

On vient de le voir, la flexibilité dans l’organisation du travail, et notamment le recours au télétravail, fait partie des motivations des candidats pour rejoindre une nouvelle entreprise. Sur ce sujet, comme sur celui des rémunérations, employeurs et futures nouvelles recrues ne semblent pas exactement sur la même longueur d’ondes.

Les chiffres ne sont pas interprétés de la même façon. Pour une entreprise, c’est minimum 3 jours au bureau par semaine alors qu’un candidat entendra 3 jours maximum.
Coralie Rachet

Selon elle, le full remote est devenu « assez anecdotique ». Et la tendance est plus au “RAB”, « retour au bureau ». Une vraie claque pour les candidats rompus à davantage d’autonomie et de liberté dans la gestion de leur journée de travail.

Le marché de l’emploi va-t-il leur permettre de tenir bon et d’imposer leurs conditions de flexibilité ? Ou au contraire, les contraindre à accepter des jobs « postés » en totale contradiction avec leurs souhaits d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso ?

L’étude Robert Walters souligne en effet qu’en matière de quête de sens, 84 % cadres souhaitent avant tout que leur organisation s’engage sur cet équilibre.

* Enquête Robert Walters : enquête réalisée auprès de plus de 1 400 cadres et entreprises interrogés en ligne en septembre 2023 en France.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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