
- 74% des salariés prêts à déménager dans l’une des 12 métropoles régionales
- Helio (soleil) et halio (mer) tropismes persistent
- A poste équivalent, près d’un salarié sur deux prêt à bouger géographiquement
- La qualité de vie, critère non négociable
- Changement de paradigme : le dynamisme économique ne suffit pas
74% des salariés prêts à déménager dans l’une des 12 métropoles régionales
On croyait les palmarès sur les « villes préférées » passés de mode. Il faut dire qu’il en paraissait des dizaines chaque année depuis dix ans. Après la Covid, nous avions fini par ne plus leur porter d’attention, simples reflets de fantasmes avec très peu de passages à l’acte (Une mise au vert timide" : France Stratégie tire au clair le soi-disant exode urbain post-Covid). C’est dans ce contexte que le premier baromètre porté par l’institut d’étude Odoxa* tente de raviver la flamme. Publié le 15 novembre dernier, il s’intéresse à l’attractivité des « métropoles » à la demande de l'opérateur de bureaux Newton Offices et du cabinet d'accompagnement à l'ancrage territorial, Stan.
Premier constat : quatre ans après la crise sanitaire, les fantasmes sont intacts et l’envie de bouger démange toujours autant les salariés. Sur les 1085 salariés interrogés (représentatifs des Français salariés)*, 74 % d’entre eux se disent prêts à déménager dans l’une des 12 métropoles régionales.
🌞 Petit historique des palmarès des "villes préférées"
- « Montpellier est la ville préférée des français en 2010 »
- « En 2013, les Français rêvent de vivre à Toulouse, Bordeaux ou Rennes »
- « Bordeaux, Nantes, Toulouse en tête des villes 2016 où les Français veulent travailler »
- « Les cadres parisiens rêvent de Bordeaux, Nantes et Lyon »
- « Les cadres rêvent de camion de déménagement »
- "Travail : quelles sont les villes préférées des Français ? Palmarès 2022"
Helio (soleil) et halio (mer) tropismes persistent
« Cap au sud ! » Selon ce baromètre, les métropoles du sud de la Loire présentent les meilleurs attraits si une opportunité professionnelle de s’installer dans une autre ville se présente. C’est à Bordeaux que les salariés s’installeraient le plus volontiers (48% des sondés) devant quatre autres métropoles « sudistes » : Nice Côte d’Azur (46%) Montpellier Méditerranée (46% également), Toulouse (44%) et Aix-Marseille (40%).

Chez les salariés l’héliotropisme joue toujours à plein : ils désirent aller vers le soleil.Gaël Sliman, président d’Odoxa
L’étude a aussi interrogé les employeurs. Chez eux, l’effet soleil joue un peu moins : certes ils se verraient bien, comme les salariés, installer leur entreprise à Bordeaux, mais Lyon et Lille (et non Nice, Montpellier ou Aix-Marseille) remportent davantage leurs faveurs en 2e et 3e place.
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A poste équivalent, près d’un salarié sur deux prêt à bouger géographiquement
« 44 % des salariés sont prêts à bouger géographiquement même si on ne leur propose pas un meilleur salaire ou de meilleures conditions professionnelles. C’est près d’un salarié en poste sur deux ! Bien sûr la mutation avec un "boost" de salaire ou de poste serait un plus, mais ce n’est pas rédhibitoire pour bon nombre d’entre eux », observe Gaël Sliman.
Le pourcentage de candidats au départ grimpe même à 62 % pour les salariés de l’agglomération parisienne, jugée la moins attractive des douze grandes métropoles testées : seuls 29 % des salariés seraient prêts à s’y installer.
Plus ils sont jeunes, moins ils ont d'attaches, plus ils sont candidats au départ : 64 % des 18-24 ans se disent prêts à partir même à conditions équivalentes de salaire et de poste. Mais même installés dans la vie et plus avancés en âge, ils sont encore très nombreux à désirer déménager : c’est le cas de 44 % des 35-49 ans et de 33 % des 50-64 ans.
La qualité de vie, critère non négociable
Les salariés cherchent dans les autres métropoles ce qui leur manque dans leur vie actuelle : une meilleure qualité de vie (78%), un environnement et une situation géographique plus agréables (65%) et un marché immobilier accessible (55%).
« Par qualité de vie, les salariés entendent la sécurité, la propreté, l’offre de services et de loisirs », précise Gaël Sliman. Et pour le critère environnement/situation géographique, ils réfléchissent au climat, à la proximité de la nature ou de la mer, à la qualité des espaces verts, au niveau de pollution ou à la politique environnementale menée par la métropole. Enfin s’agissant de l’immobilier, ce n’est pas seulement le prix des logements que scrutent les salariés mais aussi leur qualité et leur disponibilité ».
Changement de paradigme : le dynamisme économique ne suffit pas
Autre enseignement d’importance : le dynamisme économique d’une métropole ne compte comme critère majeur de choix que pour 22 % des salariés alors qu’il est essentiel pour 59 % des chefs d’entreprise qui le placent à égalité avec la qualité de vie (60%).

C'est un changement de paradigme. Il y a une décennie, nous constations une corrélation totale entre l’attractivité des métropoles et leurs indicateurs économiques : croissance, emploi, investissements,… Aujourd’hui la qualité de vie, la culture, l’éducation s’invitent comme critères de premier choix. Parmi eux la sécurité, l’environnement et l’accès aux soins deviennent non négociables.Georges Maregiano associé chez KPMG France
De ce point de vue pour les chefs d’entreprise comme pour les salariés, si l’agglomération du Grand Paris reste la plus dynamique, elle est la moins attractive des 12 métropoles testées. « Preuve que le dynamisme n’est pas tout pour les chefs d’entreprise, les métropoles qu’ils jugent de très loin les plus dynamiques sur le plan économique – Paris et Lyon – ne font pas partie des métropoles qui les attireraient le plus pour une implantation », souligne Gaël Sliman.
Pour attirer ou retenir les talents, les villes moins « sexy » n’ont pas fini d’investir avec les entreprises pour co-construire cette qualité de vie si prisée.
* Rapport complet Enquête Odoxa pour Stan et Newton offices auprès de 1085 salariés et 312 chefs d’entreprise. Novembre 2023.