Sa vision du recrutement l’an passé
Comment qualifieriez-vous l’année 2022 ?
Julien Rozet : 2002 a été une bonne année pour nous en matière de chiffre d’affaire. Nous ne divulguons pas nos résultats mais nous avons connu une croissance « à 2 chiffres ». Soit un retour aux années pré-covid en terme de nombre de missions et de croissance de nos honoraires moyens.
Quelles ont été les évolutions majeures du recrutement en 2022 ?
J.R. : Pour moi, 3 tendances ont marqué notre année au niveau mondial.
- La première est la raréfaction de nombreuses compétences. Il manque des candidats dans les fonctions commerciales, managériales, techniques et industrielles.
- La 2e tendance est la résultante de la première. On assiste à une hausse importante, pas incontrôlée mais solide, des rémunérations demandées et obtenues par les candidats dirigeants et experts.
- Enfin, ces derniers sont plus exigeants, sélectionnent plus soigneusement les postes qui les intéressent avec, de ce fait, un allongement et une complexification des process de recrutement côté candidats.
Nos candidats se posent et nous posent beaucoup plus de questions qu’avant. Ils changent d’avis, vont voir leurs directions pour se faire « racheter » et augmenter leur salaire. Le pouvoir de négociation est du côté des candidats.Julien Rozet, président du directoire d’Alexandre Hughes international
Sa vision du recrutement en 2023
Quelles sont les évolutions prévisibles pour 2023 ?
J.R. : Il est difficile de prédire l’avenir. Mais, malgré l’amoncellement de nuages sur nos économies, l’augmentation des taux de crédit, les guerres, la disruption des chaines logistiques ou l’inflation des matières premières…, je ne ressens pas de baisse d’envie de nos clients employeurs au premier trimestre 2023.
Pour moi, la rareté des compétences est suffisante pour maintenir un niveau élevé des embauches.
Et cela pour des raisons démographiques. Il existe une telle rareté structurelle des compétences que, même avec un fléchissement économique, nos clients devront continuer à satisfaire leurs besoins et, donc, à faire appel à nos services.
Des candidats encore plus exigeants
Comment les attentes des candidats vont-elles évoluer en 2023 ?
J.R. : Les managers et les experts que nous recherchons -- ceux qui perçoivent plus de 80 000 euros brut par an -- sont très sollicités. Ils ont le choix. Ils veulent que nos consultants leur expliquent ce qu’ils vont devenir dans l’entreprise demandeuse, quelles seront leur perspective d’évolution, quel est le sens de leur fonction, leurs conditions de travail, quel télétravail et à quel rythme... C’étaient des envies qui préexistaient au Covid mais ils peuvent maintenant exprimer ces exigence à haute voix. Ils ont le luxe de poser des questions et d’être exigeants.
Les process accélèrent
Quelles évolutions notables dans les process de recrutement en 2023 ?
J.R. : Nos clients, me semble-t-il, ont compris et intégré la nouvelle asymétrie de négociations avec les candidats. Ils ont alors tendance à simplifier et accélérer les processus de recrutement pour ne pas lasser le candidat. Nos clients sont plus réceptifs à l’idée d’offrir une « bonne expérience candidat ». Ils délivrent plus d’informations sur les postes, sur le sens du travail proposé, sur les perspectives d’évolution. Bref, ils s’adaptent à la nouvelle donne, au niveau d’exigence demandé par les candidats.
Timide ouverture aux séniors et aux atypiques
Dans quelle mesure cela implique des recrutements facilités pour les séniors, les atypiques, ceux qui veulent changer de secteur, de région ?
J.R. : La rareté des compétences pousse nos clients à être un tout petit peu plus « ouvert » pour des candidats inattendus aux profils plus séniors, plus diversifiés. Pour autant, cette pratique est loin d’être majoritaire. Cette rareté devra durer encore plus longtemps pour que nos clients fassent plus de concession…
Le cabinet en quelques chiffres
- 250 recrutements en 2022 en France et 1300 hors de France.
- 22 consultants en 2022 en France et 110 hors de France.
- CA 2022 : NC.
- Implantations en France : Paris et Lyon.
- Autres implantations dans 43 pays et 54 bureaux.
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Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.