
- 1. Que prévoit le droit du travail en cas de pénurie d’essence ?
- 2. Peut-on arriver en retard au travail pour cause de pénurie de carburant ?
- 3. Quelles sont les conséquences de votre absence ou retard au travail pour cause de pénurie de carburant ?
- 4. Un salarié peut-il être sanctionné en cas de retard ou d’absences liées à la pénurie de carburant ?
- 5. Quelles solutions proposer en cas de pénurie qui dure ?
1. Que prévoit le droit du travail en cas de pénurie d’essence ?
En d’autres termes, la pénurie de carburant est-elle un motif valable d’absence ? La question n’est pas évoquée telle quelle par le code du travail. Il faut donc chercher si ce motif est un cas de « force majeure » permettant de rester à la maison tout en percevant son salaire. La réponse des avocats est non. Car ce qui qualifie la force majeure est une cause « extérieure, insurmontable et imprévisible »
Or le blocage des dépôts de carburants est certes une cause « extérieure » mais n’est pas « imprévisible » car elle a été annoncée et relayée par les médias. Elle n’a rien à voir avec une catastrophe, naturelle ou pas, de nature à surprendre le salarié. Cette pénurie n’a pas non plus le caractère « insurmontable » puisqu’il existe la plupart du temps des moyens de transport alternatifs pour se rendre au bureau, même s’ils sont plus contraignants.
2. Peut-on arriver en retard au travail pour cause de pénurie de carburant ?
Ce motif n’est pas valable. Même si l’on a passé des heures à chercher une station-service ouverte et approvisionnée en carburant et que l’on a passé des heures dans les files d’attente des dites-stations. C’est d’autant moins une justification si l’on a à sa disposition des transports alternatifs (métro, train, bus, RER ou co-voiturage).
3. Quelles sont les conséquences de votre absence ou retard au travail pour cause de pénurie de carburant ?
Selon Maître Eric Rocheblave, avocat spécialisé dans le droit du travail, interrogé par TF1 et Le Midi Libre, « le salarié perd automatiquement son droit à recevoir son salaire autant de temps que dure son absence ». Mais ce manque à gagner sur sa fiche de paie n’est pas automatique et peut donner lieu à des discussions entre l’employeur et l’employé. Il est possible de suggérer, de part et d’autre, de recourir à un jour de RTT, de congé payé, voire de congé sans solde. Suggérer est le mot exact, car en aucun cas, l’employeur ne peut forcer son salarié à prendre ce type de vacances.
4. Un salarié peut-il être sanctionné en cas de retard ou d’absences liées à la pénurie de carburant ?
Maitre Eric Rocheblave déconseille formellement à un employeur d’avoir à un tel procédé, « sauf si le salarié lui fait le coup à chaque mouvement de grève ».
Selon Olivier Bauer, avocat spécialisé interrogé par Libération, « le principe de bonne foi (de la part du salarié, ndlr) est toujours présumé », ajoutant qu’il serait hors de question de sanctionner des collaborateurs « qui n’ont aucune solution de transport alternative, et dont les employeurs n’ont pas pu mettre en place un système de secours »

5. Quelles solutions proposer en cas de pénurie qui dure ?
Évidemment, dans la mesure du possible, l’employeur devra permettre à son salarié de télétravailler. Mais rien ne l’y oblige et dans ce cas, comme pour les fonctions impossibles à exercer à la maison, il faudra trouver un terrain d’entente, qui passe forcément par les solutions déjà cités : heures supplémentaires non payées, prises de RTT, pose de congés payés ou congés sans solde. Cette dernière solution étant la plus pénalisante pour le salarié.

Journaliste économique et social, Michel Holtz scrute les tendances de l’emploi, du management et de la vie professionnelle des cadres, toujours à l’affût des nouveaux outils et des dernières transformations de la vie au travail.