Pierre, 53 ans : « J’ai retrouvé une boîte humaine, je vous assure que ça existe ! »

Sokha Keo

SERIE « FRANCHEMENT » épisode 7 – Pierre, a quitté une entreprise qui venait de se faire racheter par un fonds de pension en profitant d’un PSE. En plein confinement, il a décroché un nouveau poste, a gardé le même salaire mais a surtout retrouvé un environnement de travail qui lui convient. Il raconte sans filtre le déclic qui l’a décidé à bouger et partage l’intimité de sa recherche d’emploi.
Pierre, 53 ans : « J’ai retrouvé une boîte humaine, je vous assure que ça existe ! »

Le déclic : un désaccord de valeurs avec le nouvel actionnaire

L’entreprise de cyber sécurité dans laquelle je travaillais depuis 18 mois a été rachetée en novembre 2019. J’avais déjà entendu des rumeurs de rachat en septembre. A partir de là, je me suis dit, il y a deux options. J’ai 53 ans, soit je reste, soit je regarde ce qui se passe sur le marché. A mon âge, plus on s’y prend tôt, mieux c’est. Dès 45 ans, en France, on est un senior, c’est plus difficile. Je n’étais pas en phase avec la culture de la société qui nous a rachetés. C’est une culture basée sur la rentabilité et pas orientée sur le succès client, c'est très différent.

L’approche paternaliste et la protection de nos clients a changé du tout au tout. L’acheteur a racheté les assets – les produits, la R&D, les supports – mais disposait des équipes nécessaires pour gérer le reste. On m’a annoncé que les comptes dont je m’occupais en tant qu’Alliance manager seraient gérés par quelqu’un d’autre ou qu’ils n’étaient pas intéressants.

Lorsque le nouveau boss a découvert notre modèle de culture d’entreprise, il s’est rendu compte qu’en appliquant le sien, il imputerait son CA de plusieurs millions. Il a essayé de comprendre ce qu’on faisait et en mars-avril, il a démarré un PSE. A moi, il m’a proposé de rester. Le nouveau directeur Europe m’a parlé d’un poste différent du mien dans l'intitulé mais avec le même salaire et des conditions de travail identiques. En revanche, il supprimait l’allocation de voiture, compensée par des stocks options. Il y avait donc un risque à prendre en terme financier. Finalement, j’ai décidé de refuser le poste. Comme j’étais éligible au PSE, j’ai laissé faire les juristes et je me suis bougé pour trouver un autre job ailleurs.

 

 

La recherche d’emploi : annonce + réseau

Parallèlement au rachat, dès novembre 2019, j’avais commencé à sonder le marché et activé mon réseau. J’avançais, j’observais qui recrutait et quand je voyais un poste intéressant, je regardais qui je connaissais dans la société et s’il pouvait me recommander. Finalement, je suis tombé sur des annonces de boîtes sérieuses qui cherchaient des profils comme le mien et j’en ai contacté une douzaine. La plupart des entretiens se déroulaient en visio et j’en passais parfois plusieurs dans la même journée comme chez Amazon par exemple. Tout y est très codifié avec des tests de personnalité et où il faut rentrer dans des grilles.

Et puis assez vite, j'ai passé plusieurs entretiens avec Laurent et la DRH de mon futur employeur. Je les connaissais tous les deux d’une autre société. Mais ils attendaient la validation pour créer un poste.

 

Je passe 7 entretiens. Chaque interlocuteur peut mettre son veto, si l’un d’entre eux dit "non je ne le sens pas", on ne va pas plus loin.

L’entretien décisif : « J'ai été briefé sur mon interlocuteur avant et ça m'a aidé »

Au mois d’avril 2020, donc en plein confinement, la DRH m’appelle et m’annonce que la création du poste se confirme et qu’elle me met dans le processs de recrutement. Je passe 7 entretiens, une à deux fois par semaine selon la disponibilité de chacun. Chaque interlocuteur peut mettre son veto, si l’un d’entre eux dit "non je ne le sens pas", on ne va pas plus loin. Il faut arriver à aligner les planètes, ce qui peut être parfois compliqué.

C’est un avantage, la visio, au lieu d’apprendre par cœur ses notes, on peut les avoir sous la main. Le dernier entretien, passé avec le chef de mon chef, a été décisif. J’avais été briefé un peu avant et cela m’a aidé à être plus percutant et à lever les doutes que cette personne pouvait avoir. J’ai reçu une proposition de contrat une semaine après et j'ai signé électroniquement mon contrat à distance en raison de la crise sanitaire. Côté salaire, rien ne change : c'est le même que dans mon entreprise précédente (NDLR : salaire entre 140 et 220 K€ dont 60-70% de fixe et le reste en variable) mais le projet, j’y crois, et à l’équipe aussi. J'ai commencé le 10 août dernier.

 

Je connais les gens avec qui je vais travailler. Dans cette industrie, tout le monde se connaît, c’est l’avantage d’être senior.

L’intégration : une équipe solidaire et humaine

Lorsque j’ai rencontré le directeur Europe, j’avais déjà visité les locaux. Globalement, je connais les gens avec qui je vais travailler. Dans cette industrie, tout le monde se connaît, c’est l’avantage d’être senior. Je ressens beaucoup d'humanité dans les équipes, on est contents de travailler ensemble. Quand j'attendais ma prise de poste, je faisais déjà de la veille d’infos sur l’entreprise et ses partenaires. Les employeurs cherchent aujourd’hui des gens qui peuvent démarrer de suite et j'avais envie d'être opérationnel très vite. Détail important aussi : avant même de commencer, la boîte s'est souciée de m'équiper en outils : ordi portable, installation des logiciels, téléphone livré chez moi. Et j'ai récupéré ma voiture de fonction le jour de mon arrivée. Pour moi, c'est une marque d'attention portée au salarié, c'est bon signe de la part d'un employeur.

Sokha Keo
Sokha Keo

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