Postuler à un codir, c’est peut-être votre moment ? Voici pourquoi…

Sylvie Laidet-Ratier

C’est parti pour les chaises musicales post-Covid. Eh oui, les membres des comités de direction n’ont pas tous fait le job durant cette crise sanitaire. Alors plus ou moins contraints, certains quittent le navire. Et mécaniquement, des postes à pourvoir et des opportunités sont à saisir en interne ou en externe. Explications et conseils de Coralie Rachet, Isabelle Sathicq et Grégoire Conquet, trois experts du marché de l'emploi des cadres.
Postuler à un codir, c’est peut-être votre moment ? Voici pourquoi…

Pourquoi un jeu de chaises musicales dans les comités de direction ?

C’est indéniable, tous les cadres dirigeants n’ont pas été à la hauteur dans la gestion de cette crise sanitaire. Pétrifiés, ultra stressés, sur la défensive… certains n’ont pas donné le change à leurs équipes et ni à leur PDG (et actionnaires). « On constate effectivement des tensions dans les comex et les codirs, et pour certains, c’est le moment de changer quelques pièces du puzzle. Notamment dans les fonctions centrales mais défaillantes durant la crise : DRH, DAF, DSI », atteste un chasseur de têtes parisien.

Quand ils ne sont pas (encore) poussés vers la sortie, d’autres cadres supérieurs prennent la décision de quitter le navire avant qu’il ne soit trop tard. Pour faire la même chose ailleurs, ou tout simplement pour envisager d’autres voies professionnelles. Ces départs plus ou moins volontaires laissent mécaniquement des postes stratégiques ouverts qui vont être pourvus en interne ou par des candidats externes. « Des entreprises recherchent actuellement des cadres dirigeants pour remettre le navire à flot, atteste Coralie Rachet, directrice générale du cabinet Robert Walters France.  Par exemple, des directeurs commerciaux pour générer du cash et de la trésorerie. Mais aussi des as de la finance, notamment pour gérer les futurs rachats d’entreprises. »

 

Viser un comité de direction pour la mission et pas pour le galon

Cet appel d’air dans les comités de direction est peut-être LE moment pour certains d’entre vous de sortir du bois et de postuler. Surtout si vous êtes motivé pour la mission : « Ce sont des postes qui ne supportent que l’excellence, insiste Grégoire Conquet, directeur exécutif du cabinet Badenoch + Clark Paris.  Il faut donc être animé par autre chose que le galon. Avoir l’envie d’assumer un fort niveau de responsabilités, d’apporter son impact et une réelle transformation à un collectif. »

Premier conseil qui en vaut mille : ne pas planter un couteau dans le dos du N+1 que vous aspirez à remplacer.

Deuxième conseil :  s’appuyer sur ses qualités naturelles et les réalisations que vous avez à votre actif.  « Pour ce type de fonction, et notamment après cette crise, la curiosité, la résilience et la capacité d’adaptation, sont des skills décisives à ces postes », ajoute Grégoire Conquet. Plusieurs cabinets de chasse de tête reconnaissent même qu’ils sont mandatés pour des missions d’assessment pour évaluer ces skills en situation. Et si les résultats (et le potentiel de l’évalué) ne correspondent pas aux nouvelles attentes de la boîte…. « next ».

 

Comment faire savoir que l'on veut postuler à un codir ?

On ne brigue pas un poste dans un comité de direction, en postulant « as usual ». Non, ce type de nomination / recrutement est évidemment plus stratégique.

Si vous êtes contacté par un chasseur de têtes, c’est à lui de vous séduire et à vous de décrypter les enjeux de sa proposition.

 

Si vous travaillez déjà dans l’entreprise, voire que vous êtes le bras droit de la personne sur le départ, c’est une autre paire de manches. Votre challenge est de postuler sans passer pour un traitre à la nation. Votre salut ? Le networking. Et tant que les entreprises n’ont pas rouvert totalement leurs portes, vous allez sans doute devoir networker à distance. Pour briguer ce type de poste, en principe, on échange en interne avec ses pairs, son sponsor… lors de conversations informelles afin de mettre au point une stratégie pour se faire repérer en plus haut lieu.

Comment networker intelligemment

En ce moment, à distance, ce type d’échanges est quasi impossible, ou en tout cas, moins fructueux. « Il faut alors savoir prendre des initiatives. Par exemple, lancer un sondage auprès des équipes afin que chacun exprime ce qu’il a apprécié comme bonnes pratiques durant la crise, les axes d’amélioration potentiels, les défaillances et ses attentes. Forts de ces résultats et d’un plan d’actions concrètes, le candidat à un poste de direction peut alors montrer qu’il est capable de faire mieux pour gérer la suite », illustre Isabelle Sathicq, associée au sein du cabinet d’outplacement L’Espace Dirigeants.

N’en faites pas une affaire de personne « untel versus untel ». Présentez au contraire le projet de la manière la plus neutre et la plus collective possible. « Associez d’autres départements à votre démarche. Faites-en un bruit plus amplifié que si cela venait uniquement de vous », conclut-elle.

 

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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