
- 1# Passer en mode "chasseur"
- 2# Intégrer une entreprise coûte que coûte
- 3# Rester déterminé sur son projet professionnel à 3 ans
- 4# Se faire aider
- 5# Jouer avec les soft skills « stars »
- 6# Ne pas oublier… les jobboards
- 7# Se former à l’entretien
- 8# Se préparer à… échouer
- 9# Avoir un métier rêvé et… un plan B
- 10# Rester confiant
Nos expert(e)s :
- Manuelle Malot, directrice carrière et prospective à l’Edhec
- Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH et DRH de L’Oréal France.
- Béatrice Donal-Mott, consultante en développement professionnel à l’Apec de Brest
- Joëlle Planche-Ryan, responsable développement du pôle carrière des anciens de l’école d’ingénieurs Arts et Métiers
1# Passer en mode "chasseur"
Les jeunes étaient cueilleurs. Ils doivent devenir chasseurs.Manuelle Malot, directrice carrière et prospective de l’école de management Edhec

Pour Manuelle Malot, directrice carrière et prospective de l’école de management Edhec, il faut coûte que coûte intégrer une organisation. Quitte à passer en mode prospection "hard" :
« Le marché s’est retourné, alors, aujourd’hui, les jeunes diplômés en recherche d’emploi doivent suivre une stratégie offensive, faire de la chasse à l’envers. Cela signifie appeler les employeurs, les anciens, la famille car les postes sont moins publiés par des employeurs plus "coopteurs". C’est compliqué car nos jeunes étaient cueilleurs. Ils doivent devenir chasseurs. »
2# Intégrer une entreprise coûte que coûte
Conséquence de la pandémie, 2021 est une année où 3 promotions (2019 - 2020 - 2021) de jeunes diplômés peuvent se faire concurrence sur un même poste. Et comme le nombre d'offres disponibles pour les juniors restera limité (même s'il est en hausse de 13% cette année après une chute de 16% l'an passé), ils ne sont pas tirés d'affaire.
A titre d'exemple, environ la moitié des étudiants de l’Edhec, pas encore diplômés, sont aujourd’hui déjà en poste. « Pour les autres, je leur conseille de tout faire pour disposer du maximum d’expérience professionnelle, poursuit Manuelle Malot. Ils peuvent ainsi prolonger leur stage jusqu’en décembre 2021 pour mettre un pied dans la porte, parfaire leur CV et rajouter des compétences. »
Ces structures peuvent vous aider :
- Le service ‘’Relations entreprises’’ de votre école ou de votre Master.
- L’association Nos quartiers ont des talents (NQT) et son réseau de mentors qui mettent le pied à l’étrier aux jeunes, à partir de Bac+3, les plus en difficulté (issus d’un milieu social modeste et/ou résidant dans une zone prioritaire).
- Le dispositif VTE de BPI France qui permet aux jeunes diplômés de décrocher un premier job dans des PME méconnues situées en province
- L’Apec (Association pour l’emploi des cadres) qui se mobilise plus fortement cette année en faveur des jeunes diplômés : « Nous accompagnerons 50 000 jeunes cette année. C’est deux fois plus que d’habitude », précise Béatrice Donal-Mott.
- Les cabinets de recrutement, même si très peu sont spécialisés sur les premiers emplois.
3# Rester déterminé sur son projet professionnel à 3 ans
Avant de se présenter face à un recruteur, il faut avoir travaillé son projet professionnel. Même en ces temps difficiles, c’est un signe de maturité qu’apprécient les recruteurs.

Benoit Serre, vice-président délégué de l’ANDRH et DRH de L’Oréal France insiste : « Le projet doit être clair, le jeune doit expliquer ce qu’il souhaite faire dans les 3 ans, s’y tenir et ne pas renoncer à ses rêves. Et puis bien sûr, il doit connaitre son futur employeur, c’est une preuve de motivation. Cela rend l’entretien intéressant car l’on recrute un talent pour le faire évoluer ».
Un projet professionnel de qualité répond à 5 grandes questions :
- Quel secteur d’activité m’intéresse ?
- Quelle fonction je vise ?
- Quel environnement de travail me convient (taille de l’employeur, valeurs, rythme de travail,...) ?
- Suis-je prêt à bouger géographiquement ?
- Quelles sont mes prétentions salariales ?
4# Se faire aider
La concurrence entre diplômés va être rude, alors il ne faut pas hésiter à se faire aider par les pros. C’est le conseil que donne Béatrice Donal-Mott.
Pour trouver un job, il faut suivre une méthode et cela s’apprend. Se faire épauler par un tiers est encore plus important cette année.Béatrice Donal-Mott, consultante en développement professionnel à l’Apec de Brest
« J’ai en tête l’expérience d’une jeune femme qui visait un poste d’ingénieur de recherche mais les employeurs lui expliquaient qu’elle n’avait pas assez d’expérience, raconte la consultante. Elle a transformé cet échec en réussite grâce à sa persévérance. Cela s’apprend :
- Je lui ai suggéré de rester en contact avec le recruteur.
- Elle a rappelé ses contacts, discutés avec eux et elle a fini par apprendre qu’un poste se libérait à 200 kilomètres de chez elle.
- Elle a postulé en mettant en avant ses compétences et elle a été prise.
En recrutement, il faut insister. Un petit rien, parfois imprévisible, peut déboucher sur un emploi ».
5# Jouer avec les soft skills « stars »
Les recruteurs ne jurent que par les "compétences douces", autrement dit les compétences comportementales. Alors mieux vaut savoir parler « soft skills » et avoir bien identifié les siens. Même sans beaucoup d’expériences, appuyez-vous sur les compétences acquises au cours de votre scolarité, les stages, les boulots d’étudiants ou votre pratique associative ou sportive.
« Pour définir les skills à mettre en avant auprès de son employeur, je conseille d’analyser la dernière étude du cabinet de conseils Mc Kinsey, estime Joëlle Planche-Ryan, responsable développement du pôle carrière des anciens de l’école d’ingénieurs Arts et Métiers. Pour plaire aux employeurs, un jeune devra donc mettre en avant ses capacités à manager des projets, sa propension à mettre en place le digital et son empathie ».
6# Ne pas oublier… les jobboards
Les réseaux sociaux, c'est bien mais cela ne suffit pas quand on cherche un emploi. Car les entreprises diffusent aussi leurs offres d'emploi sur les jobboards historiques comme Cadremploi, l’Apec ou autre. De même, pour ne pas être débordés par les candidatures ou parce qu’elles souhaitent garder secrète une création de poste, certains employeurs viennent « chasser » discrètement dans les bibliothèques de CV de ces acteurs historiques du marché de l’emploi. Il ne faut donc pas hésiter à y déposer son CV et à l'actualiser régulièrement.
Et pour compléter, il faut bien sûr utiliser les réseaux sociaux pour repérer des employeurs en recherche de jeunes diplômés voire des cadres en poste qui pourraient épauler, donner des conseils et, in fine, mettre le pied à l’étrier dans leur propre entreprise. Selon l’Apec, cette démarche doit être répétée et re-répétée.
Un bon candidat, bien préparé, qui sait cibler son employeur et le relancer, obtient un entretien toutes les 10 candidatures.Béatrice Donal-Mott
C’est dire qu’il faudra multiplier les prises de contacts. Mais les résultats seront au rendez-vous. Selon les études de l’Apec, un tiers des cadres embauchés était connu au préalable par l’entreprise et/ou l’un de ses collaborateurs. Il faut donc communiquer le plus possible autour de soi pour faire savoir ce que l’on cherche.
7# Se former à l’entretien
L’entretien d’embauche devient encore plus « technique » cette année.
« En entretien, ils doivent mettre en avant ce qu’ils réalisent mieux que les autres : parler de sa valeur ajoutée, insister sur ses compétences comportementales, ses atouts comme la facilité d’apprentissage que l’on étayera d’un exemple pris lors de ses stages, le goût du travail en équipe ou son adaptabilité. Les entreprises sont friandes de ces traits de caractère mais les jeunes diplômés n’ont pas le réflexe de les exposer aux recruteurs. Ils doivent prendre conscience de tout ce qu’ils peuvent apporter aux employeurs et sortir de la posture "je cherche du travail" ».
8# Se préparer à… échouer
La persévérance est une qualité indispensable aux diplômés 2021. Néanmoins, en ce moment, il est possible que le recruteur préfère, in fine, un jeune plus expérimenté, explique Béatrice Donal-Mott. Il faut s’y préparer. »
9# Avoir un métier rêvé et… un plan B

Avoir un (ou plusieurs) job préféré en tête mais repérer les secteurs d'avenir. En 2021, Joëlle Planche-Ryan, responsable développement du pôle carrière des anciens de l’école d’ingénieurs Arts et Métiers, préconise « de repérer les secteurs les plus prometteurs dans 10 ou 20 ans. Ce peut être l’hydrogène, l’internet des objets, les smarts cities, le green transport, la mobilité ou la santé. Il faut lire les quotidiens, aller sur les sites de prospectives comme celui du World economic forum listant les jobs qui compteront dans le futur, les nouveaux métiers ou ceux des jobs en tension (par exemple dans la métallurgie). Il faut donc postuler à un secteur/métier qui sera en plein boom dans 10 ans, peut-être à des centaines/milliers de kilomètres de chez soi, même si les jeunes ont tendance à privilégier le ‘’Ici et maintenant’’ ».
Ensuite, si la démarche de recherche de cet emploi est infructueuse, il faudra composer et prendre un emploi en CDD voire un emploi alimentaire. C’est le cas, en ce moment, de 20 % des jeunes diplômés. Cette situation peut évidemment surprendre des jeunes diplômés confrontés à une économie qui leur était favorable.
Les secteurs qui recrutent en ce moment
La rédaction de Cadremploi interviewe régulièrement les recruteurs sur le terrain pour vous aider à repérer les secteurs et métiers qui recrutent :
- Pourquoi ces 10 entreprises de services recrutent en ce moment ?
- Les embauches dans les études et la R&D devraient progresser de 10% en 2021
- Le secteur du vélo recrute des cadres
- Pourquoi le secteur des services à la personne galère pour recruter des cadres ?
- Bon plan : le secteur de l’assurance recrute des cadres, y compris des reconvertis
- Les néobanques recrutent 400 cadres mais avez-vous le profil ?
- Les métiers du génie climatique recrutent en 2021
- La maintenance industrielle recrute et les reconversions y sont possibles
- Le secteur de l'agriculture urbaine recrute au compte-goutte
- Les métiers de l'assainissement de l'eau recrutent
10# Rester confiant
La situation 2021 est-elle désespérante ? « Non, conclut Manuelle Malot, directrice carrière et prospective à l’Edhec. J’ai réalisé une étude sur le devenir des cadres entrés sur le marché du travail lors des précédentes crises de 1993, 2000 et 2008. Leur crise a-t-elle affecté leurs parcours ? Pas vraiment, précisent-ils en chœur. Ils ont certes dû changer de fonction, accepter des salaires moindres, développer un sentiment d’injustice. Mais ils ont acquis agilité et flexibilité, deux qualités qui font, qu’après 5 ans, leurs parcours a rejoint celui des autres ».

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.