Quitter Paris pour Aix : un an après, les salariés de Solly Azar ne le regrettent pas

Raïssa Charmois

TEMOIGNAGES – « Depuis la crise, mes collaborateurs travaillent d'où ils le souhaitent et ça change tout ». Cette tribune* de Philippe Saby, directeur général du courtier en assurances Solly Azar, date de février 2021. Au cœur de la pandémie de Covid-19, l’entreprise de 300 collaborateurs, implantée à Paris, Lille et Lyon, a ouvert un pôle régional à Aix-en-Provence. Qu’en est-il, un an après ? Près d’une vingtaine de salariés ont quitté le siège social parisien pour s’installer au pays d’Aix (déjà rejoints par huit nouvelles recrues). Ils ne regrettent rien et s'en expliquent à Cadremploi.

Grâce à l'ouverture d'un site près d'Aix-en-Provence, une vingtaine de salariés du courtier Solly Azar ont quitté Paris pour s'y installer. Deux salariées, le DRH et le DG témoignent.

Stéphanie Ruault, 37 ans : un même job pour une meilleure qualité de vie

Avant la Covid-19, la trentenaire vit dans Paris intra-muros et profite de sa richesse culturelle. Elle travaille au siège de Solly Azar, dans le quartier de la Chaussée d’Antin, en plein cœur de la Capitale. Arrive le confinement en mars 2020. La ville lumière présente soudain beaucoup moins de charme depuis le petit appartement où la responsable de l’activité vente directe du courtier vit confinée, en télétravail à 100%. Quelques mois plus tard, c’est le déclic salvateur.

Stéphanie Ruault
Sous le ciel bleu et la lumière de Provence, comment regretter Paris ? Là-haut, on court tout le temps
Stéphanie Ruault

« Toutes les planètes étaient alignées. Avec mon compagnon, qui a lui aussi obtenu sa mutation, nous n’avons pas hésité à partir. Nous avons fait un saut à Aix pour découvrir la ville et ce fut le coup de cœur », explique Stéphanie. Puis, tout s’enchaîne. Solly Azar offre les services d’une chasseuse d’appartements qui dégote au couple un joli nid au cœur d’Aix. L’employeur, finance le déménagement.

Stéphanie n’a pas changé de job, mais de qualité de vie. Du tout au tout. « Le rythme plus humain, le calme, l’espace, la beauté de la nature, je découvre une région splendide, entre mer et montagne », se réjouit-elle. En télétravail deux jours par semaine, Stéphanie bosse à quinze minutes en voiture, dans des bureaux design situés à côté d’un Golf, à 5 minutes de la gare TGV et non loin de l’aéroport. Quand elle retourne à Paris voir ses amis, Stéphanie a déjà « le tournis ». Comme Piaf, elle « ne regrette rien ».

Le dispositif mobilité de Solly Azar

Solly Azar annonce au printemps 2020 la création d’un site aux alentours d’Aix-en Provence et présente le dispositif SAM (Solly Azar Mobilité) aux collaborateurs. Les candidatures sont ouvertes, sur la base du volontariat, pour s’installer au pays de Cézanne.

Alison Blondiau, 28 ans : un risque professionnel largement compensé

Les aller-retours pendant quatre ans, du lundi au vendredi, en RER A, entre le Perreux et la station Auber, sont déjà un vieux souvenir pour Alison Blondiau, chef de projet offre et services chez Solly Azar. Quand ses deux managers quittent Paris pour Aix-en-Provence, la jeune femme et son conjoint suivent le mouvement. Depuis son appartement dans un village en bordure d’Aix – le prix de l’immobilier ne lui a pas permis d’exaucer son rêve de maison – les jours de télétravail, Alison part se ressourcer dans la campagne, à l’heure du déjeuner, sous un ciel azur. Le week-end, elle plonge sur la Côte Bleue.

Alison Blondiau
Avant, toutes mes journées se ressemblaient. Je n’avais pas l’idée d’aller faire un footing à l’heure du déjeuner

La tête sur les épaules, Alison ne sous-estime pas « la prise de risque » de quitter Paris, pour le futur, sur le plan professionnel. Son conseil à d’autres candidats au départ ? « Accepter l’inconnu et rester ouvert ». Des regrets ? Elle cherche. Avant de s’excuser de n’en trouver aucun.

Philippe Saby, DG de Solly Azar : une dynamique vertueuse pour les collaborateurs et pour l’entreprise

Travailler là où l’on choisit de vivre, ça marche ! Philippe Saby, le directeur général de Solly Azar, vérifie tous les jours la justesse de son intuition (lire sa tribune publiée en février 2021). Il a lui-même emménagé à Aix, comme deux autres membres du Codir. « La Métropole Aix-Marseille, avec 2 millions d’habitants, c’est pas la pampa ! », répond-il à ceux qui écarquillent les yeux devant le pari audacieux du dirigeant.

Philippe Saby
La vision ‘’Paris et le désert français’’ est datée. La région parisienne n’a plus le monopole des affaires et des talents . Aujourd’hui, le business et l’innovation commerciale ou sociale sont partout, grâce à la révolution digitale et aux progrès de la mobilité. 

Son bilan, un an après ? « Les collaborateurs installés à Aix sont ravis. Finis les embouteillages franciliens. Ici, on retrouve la notion de week-end dans les paysages de Cassis, Carry, La Ciotat », se réjouit-il. Avant de préciser : « les outils digitaux nous permettent de nous réunir en visio à partir de nos quatre sites. Cela peut paraître paradoxal, mais nous avons gagné en transversalité. C’est bénéfique pour les collaborateurs, et pour l’activité ».

Jean Loriferne, DRH de Solly Azar : des bureaux transformés qui donnent envie de se retrouver 

Jean Loriferne n’a pas déménagé à Aix. Il n’a pas non plus quitté Paris puisqu’il vit et travaille à Lille depuis 2014 où Solly Azar a ouvert un site en 2011. Autant dire qu'il gère sans apriori les questions de mobilité géographique. Le DRH de Solly Azar se déplace une fois par semaine sur chacun des autres sites – Paris, Lyon, Aix – pour prendre le pouls du terrain. Au-delà de la gestion administrative du déménagement des volontaires, Jean Loriferne est très attentif à l'aménagement des locaux des différents sites : « Nous avons fait appel à un agenceur pour nos bureaux d’Aix qui offrent une vraie fluidité spatiale et répondent aux nouvelles modalités de travail ».

Jean Loriferne
Ce n’est pas l’employeur qui donne le la. Le collaborateur peut choisir sa mobilité

A quoi tient, selon lui, le bilan positif de l’opération ? « SAM (Solly Azar Mobilité) rencontre des histoires de vie, des changements de cap personnels et professionnels. La souplesse du dispositif séduit. Une collaboratrice peut programmer sa mobilité pour septembre 2022, le temps que son conjoint puisse lui aussi être muté depuis Paris vers le Sud », se réjouit-il. 

La moyenne d’âge des volontaires pour le Sud est de 42 ans. 80% d’entre eux sont en couple,  40% ont des enfants scolarisés ou étudiants désormais inscrits dans les établissements d’Aix/Marseille.

A Lyon, les collaborateurs sont très bien installés. A Lille, un déménagement est prévu à l’automne prochain, avec également l’aide d’un agenceur. Quant au siège parisien, Solly Azar réfléchit à la meilleure solution pour ses collaborateurs. Des transformations de locaux qui illustrent la transformation de l’entreprise, à l'écoute de son époque, et de candidats de plus en plus attentifs à leur bien-être au travail.

Solly Azar recrute 30 salariés en 2022

Le courtier en assurances (310 collaborateurs, 46 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2020, filiale du groupe Verspieren) prévoit une trentaine de recrutements pour étoffer ses pôles "offre & services", "souscription" sur le marché des professionnels, et "commercial" sur l’ensemble du territoire. Les offres peuvent être proposées sur deux sites au choix, par exemple Paris ou Aix, sans différence de salaire.

Raïssa Charmois
Raïssa Charmois

Mes multiples activités me donnent accès au monde des entreprises et à ses cadres. J'observe, j'interroge, j'analyse et j'ai proposé à Cadremploi de publier le fruit de certaines de mes enquêtes.

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