Alexandre, 31 ans : « J'ai tenté de quitter mon CDI dans l'assurance pour devenir médecin »

Michel Holtz

SERIE « FRANCHEMENT » épisode 17 – Gestionnaire de dossiers dans une grande compagnie d’assurances, Alexandre, 31 ans, a voulu changer radicalement de cap pour réaliser son rêve de jeunesse. Avec sa femme et son fils, il est parti s'installer au Portugal pour y étudier la médecine. Car là-bas, un diplôme reconnu peut être obtenu en cinq ans. Malheureusement, la vie locale ne leur a pas convenu et ils ont préféré rentrer en France. Il témoigne sans filtre de sa tentative de changement de vie qu'il ne voit pas comme un échec mais comme un déclic. Retrouvez, en fin d’article, d’autres témoignages de cadres qui font bouger leur vie.

Sur cette image, le caducée, symbole des médecins, est ornés de deux serpents qui cherchent à quitter le bâton autour duquel ils sont enroulés.

Alexandre, 31 ans : « J'ai tenté de quitter mon CDI dans l'assurance pour devenir médecin  »
Sur cette image, le caducée, symbole des médecins, est ornés de deux serpents qui cherchent à quitter le bâton autour duquel ils sont enroulés.

Tenter pour ne rien regretter, quitte à échouer. Telle pourrait être la conclusion de cette année particulière qu’Alexandre a vécu. Pourtant, l’an passé, il ne s’ennuyait pas dans son job de gestionnaire de dossiers de cette grande compagnie d’assurance. Il l’exerçait certes sans passion, mais aussi sans déplaisir. « C’était une situation confortable, je ne travaillais pas avec la boule au ventre. » Pourtant, l’indépendance le taraudait, « depuis longtemps déjà, pour ne plus dépendre d’un employeur pour gagner de l’argent et être plus autonome ». Un problème avec l’autorité ? « Même pas, je n’ai aucun mal à respecter des règles imposées ». Depuis la fin de ses études de droit, Alexandre a été salarié, pendant 11 ans, dans plusieurs entreprises différentes.

Une remise en question favorisée par les confinements

Mais le confinement est arrivé. « Et l’occasion de réfléchir un peu plus sur soi, de se projeter dans l’avenir, de se demander où j’en serai dans quinze ans et de s’interroger : quelles opportunités professionnelles se présenteront lorsque j’aurai 50 ans et toute une carrière dans l’assurance ? » Il en a 31 en ce début 2020 et une idée, qu’un ami lui a inspiré. « Tout jeune je rêvais d’être médecin, c’est quelque chose qui m’a toujours attiré. Mais j’ai laissé tomber, en raison de la difficulté des études en France ». Cet ami a justement repris des études de médecine sur le tard, mais au Portugal.

 

Médecin en cinq ans seulement

Là-bas, des institutions privées fonctionnent sans numerus clausus et délivrent un diplôme « en cinq ans seulement » reconnu dans toute l’Union européenne. L'accès aux études de médecine se fait sans concours, mais sur dossier. Pourquoi pas ? Avec sa femme et son petit garçon de 3 ans, ils prennent la décision de s’expatrier à Porto pour y suivre ces études dans une université privée. Par précaution, Alexandre décide, avec l’accord de son entreprise, de prendre un congé sabbatique d’un an, avant de se lancer plus avant. « Financièrement, on avait beaucoup économisé. En plus, le confinement nous a aidés car on a très peu dépensé. » Un prêt bancaire étudiant s’ajoutant à leurs économies, ils calculent qu’ils vont pouvoir tenir cinq ans. Mais l’accord de la fac portugaise et l’accord de la banque tardent. Ils n’arrivent que fin août, à quelques jours de la rentrée. Le départ est quelque peu précipité. La petite famille s’installe à la hâte dans une location saisonnière, louée pour un mois et demi.

 

En décalage avec la vie locale

Quelques jours plus tard, Alexandre prend le chemin de la fac. « Tout se passait bien, les cours de Portugais intensifs comme les cours de médecine ». Mais à l’extérieur, les choses se déroulent moins bien. L’école française que leur fils de trois ans devait intégrer se situe dans un quartier qui ne leur convient pas. Au bout de quelques jours, ils réalisent que la vie à Porto en général ne leur convient pas. Ils s’imaginaient une ville portugaise baignée de soleil, en bord de mer.

En fait, on s’imaginait vivre là-bas comme si on était en vacances en permanence.

Mais la réalité est légèrement différente en cette fin d’été grisâtre. « Je pense qu’on a sous-évalué notre capacité à changer de pays et à s’adapter à une nouvelle culture. » Un jour, au cours d’une pause entre deux cours, il se rend compte qu’il n’est pas à sa place et décide de rentrer en France. « J’en ai parlé à ma femme, et on était sur la même longueur d’ondes ».

Fier de son aventure

De retour en France, Alexandre retrouve son poste de gestionnaire de dossier, le cours normal de son boulot et de sa vie reprennent. Avec des regrets dans les bagages à peine défaits ? Pas du tout, bien au contraire.

En ne tentant pas cette aventure, je serais resté sur une frustration, et des regrets. Tout compte fait, je suis fier de moi »

Ce n’est pas un échec, c’est juste que ça n’a pas marché. Ses proches ont accueilli son retour à la case départ avec bienveillance, et une petite admiration pour le fait d’avoir osé.

Il a retrouvé ses dossiers d’assurance, mais au fond de lui, il conserve ce petit goût d’ailleurs. « Je reste ouvert aux opportunités ». Mais il sait que la prochaine fois, il se projettera mieux dans sa nouvelle aventure et la préparera davantage.

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Michel Holtz
Michel Holtz

Journaliste économique et social, Michel Holtz scrute les tendances de l’emploi, du management et de la vie professionnelle des cadres, toujours à l’affût des nouveaux outils et des dernières transformations de la vie au travail.

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