Recrutement de cadres 2021 : qui sont les profils hyper courtisés… et les autres ?

Sylvia Di Pasquale

PREVISIONS APEC 2021 – En 2021, plus de la moitié des embauches de cadres devrait rester concentrée sur 3 fonctions, l'Île-de-France aspirera toujours près d'un recrutement sur deux et 74 % des recrutement se feront dans les services. Interrogées par l’Apec, les entreprises privées ont l’intention de recruter 247 000 cadres en 2021. C’est 8 % de plus que l’an passé mais encore 12 % de moins qu’en 2019. Pandémie ou pas, ce marché qui devrait connaître « un rebond modeste » restera très polarisé. Comme tout dépend du secteur d’activité, du métier et de la région convoitée et surtout du niveau d’expérience du candidat, Cadremploi vous a préparé un dossier complet pour mener votre recherche d’emploi cette année, que vous soyez parmi les profils hyper courtisés… ou que vous deviez malheureusement prévoir de galérer pour décrocher un poste ou changer de poste. On ne lâche rien !
Recrutement de cadres 2021 : qui sont les profils hyper courtisés… et les autres ?

247 000 embauches prévues, c’est mieux qu’espéré mais moins qu’attendu

En 2021, les entreprises ont l’intention de recruter environ 247 000 cadres en CDI ou CDD de longue durée (plus de 6 mois), soit une augmentation de +8% par rapport à l’annus horribilis passée. Après la brutale interruption de 2020, le marché connaît donc un « léger rebond » en 2021, dixit l’Apec.  L’Association pour l’emploi des cadres vient de publier ses traditionnelles prévisions*, après avoir retardé son enquête de quelques mois afin d’avoir des « données les plus fraîches possibles » de la part des 8000 entreprises sondées.

La pandémie aura « coûté » 50 000 emplois cadres en 2020.

lors d’un précédent sondage fin 2020, les entreprises avaient péché par excès de pessimisme. Au lieu des -30 à -40 % de baisse annoncée, elles ont finalement recruté 228 700 cadres l’an passé. Ce qui représente une baisse de ‘"seulement" 19 % par rapport à 2019.

Quand on compare les effets de la crise sanitaire due à la Covid avec les précédentes crises, le bilan est finalement moins lourd : les recrutements de cadres avaient chuté de 25% après l’éclatement de la bulle internet début 2000 et de 28% suite à la crise financière de 2008.

En mai 2021, les offres d'emploi reviennent massivement

Thibaut Gemignani

Bonne nouvelle pour les cadres qui ont des envies de changement, plus la campagne de vaccination avance, plus les entreprises intensifient leurs recrutements. « Si le premier trimestre est resté stable, on assiste à un déconfinement des offres d'emploi depuis le mois d'avril, constate Thibaut Gemignani, CEO de Cadremploi. Mis à part les secteurs encore à l'arrêt, les entreprises nous ont confié 30% d'offres en plus et cette croissance continue en mai. C'est un signe encourageant pour les cadres, le marché reprend des couleurs et les opportunités existent. »

Régions : l’Île-de-France concentre toujours un recrutement sur deux

Ce qui frappe derrière ce rebond, ce sont les fortes disparités territoriales comme on en a probablement pas connues depuis longtemps.
Gilles Gateau, directeur général de l’Apec

En 2021, toutes les régions (sauf une) devraient voir progresser leurs recrutements de cadres mais avec de fortes disparités territoriales :

  • A elles trois, les régions ‘’moteur’’ d’embauches concentreront les deux-tiers des recrutements :  l’Île-de-France très loin devant (118 890 embauches prévues), suivie de Auvergne-Rhône-Alpes (28 350 embauches) et les Hauts-de-France (15 200) avec des progressions à deux chiffres de plus de 10 points par rapport à l’an passé.
  • L’Occitanie, durement frappé par la crise sanitaire, est la seule région qui restera en négatif cette année, et même loin de son niveau d’avant-crise (-30%). La crise a durement touché le secteur aéronautique très implanté dans la région mais également leurs sous-traitants dans les services (ingénierie, activités informatiques) touchés par ricochet.
  • A l’opposé, la région Bretagne qui a le mieux résisté en 2020, va continuer de progresser en 2021, tirée par les activités informatiques et en particulier la cybersécurité (contrats de cyberdéfense moins sensibles à la conjoncture).
  • Dans des régions comme Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire ou Nouvelle-Aquitaine, le redémarrage les rapproche des niveaux de recrutement d’avant-crise. A l’inverse dans des régions plus industrielles comme Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté ou Normandie, on en restera très loin. Les fortes baisses des recrutements de cadres en 2020 ne seront pas compensées par la faible progression des embauches prévues en 2021 : +2 % en Bourgogne-Franche-Comté (après -22 % en 2020), +4 % en Normandie et dans le Grand Est (après respectivement -26 % et -22 % en 2020).

 

Quitter l’Île-de France en 2021 : est-ce une bonne idée ?

La moitié des recrutements cadres restent concentrés autour de Paris mais de nombreux cols blancs expriment l'envie de quitter cette région pour s'installer à Bordeaux, Nantes, Lyon, etc. Ce n'est pas un rêve insensé, selon Thibaut Gemignani, CEO de Cadremploi : « J'observe deux phénomènes :

  • De nombreuses entreprises avaient un accord de télétravail avant la pandémie car elles ont anticipé ces envies de changement. Ce sont les plus ouvertes aux besoins de leurs collaborateurs. Pour un cadre, il sera désormais plus facile de décrocher un poste à Paris tout en vivant en région. En tous cas, pour les entreprises confrontées à des difficultés de recrutement, l'adresse n'aura plus d'importance. Elles s'ouvrent d'énormes perspectives et je leur conseille de préciser dans leurs offres d'emploi quel est leur niveau de souplesse concernant les modes de collaboration "hybrides", entre télétravail et présence au bureau. Cela passe aussi par des outils qui permettent au collaborateur de travailler à distance dans de bonnes conditions et à l'employeur de suivre les performances. La culture française, n'en déplaise à certains clichés, n'est pas qu'une culture du contrôle, c'est aussi une culture du lien. On a besoin de se voir et les entreprises qui auront repensé leur expérience collaborateur tenant compte des critères culturels sortiront renforcées de cette crise.
  • D'autre part, il ne faut pas attendre de déménagements massifs de sièges sociaux vers les régions, qui permettraient à des cadres de partir avec leur entreprise. En revanche, des entreprises commencent à délocaliser certains de leurs services en région. C'est le cas notamment à Nantes ou à Rennes qui attirent des équipes IT et digitales. Pour ces talents, c'est un autre moyen de s'installer en région tout en continuant à travailler pour une entreprise francilienne. »

Secteurs : 74 % des embauches polarisées sur 3 activités de services

En 2021, les activités qui tirent l’emploi cadre devraient rester les mêmes :  

  • 3 activités de service à haute valeur ajoutée concentrent à elles trois les trois-quarts des embauches : les activités informatiques (+16 %), les activités juridiques et comptables, le conseil et gestion d’entreprises (+14 %), l’ingénierie-R&D (+13 %). Dans ces secteurs, on se retrouvera dans des niveaux de recrutement équivalents ou supérieurs à l’avant-crise.
  • Dans les services, on constate de grandes disparités dans les facultés de redémarrage : des activités qui progressent (santé et actions sociales) versus des domaines qui dévissent comme l’hôtellerie-restauration (-20% par rapport à 2020 et -41% par rapport à l’avant-crise).

Dans l'industrie, le commerce et la construction, certaines activités recruteront davantage que d'autres :

  • Dans l’industrie, les équipements électriques/électroniques continueront de résister en 2021 et retrouvent leur niveau d’avant-crise.
  • Dans le commerce, deux situations opposées avec d’un côté le commerce inter-entreprises qui continue d’embaucher tandis que la distribution très touchée par la crise sera à la peine cette année.

Métiers : 55 % des embauches concentrées sur 3 fonctions

Là encore, les offres d'emploi pour les métiers les plus ciblés par les recruteurs ont des croissance à deux chiffres en 2021 et se rapprochent des niveaux d'avant-crise. « Tous les métiers cadres déjà en tension avant la pandémie le restent en 2021, confirme Thibaut Gemignani. Pour le moment néanmoins, même ces profils hésitent à bouger. La confiance n'est pas encore revenue du côté des candidats. Il faut leur laisser le temps d'évaluer leur employabilité sur le marché, de se réabonner aux alertes leur permettant de recevoir des offres en phase avec leurs aspirations et leur salaire et de se rassurer en voyant les volumes d'offres disponibles. L'offre d'emploi, c'est comme une invitation à venir rejoindre une entreprise, et les candidats les plus convoités n'ont pas encore ouvert toutes ces invitations. D'autre part, il faut le savoir, certaines entreprises qui redémarrent restent prudentes car elles viennent de licencier. Mais comme elles doivent se transformer et trouver des nouvelles compétences, elles préfèrent faire de la chasse plutôt que de passer des annonces. L'usage de notre CVthèque par exemple repart depuis quelques semaines. Les recruteurs viennent y chercher discrètement des talents pour lesquels elles ne souhaitent pas publier d'offres. »

Interviews : qui sont les profils convoités par les entreprises ?

Niveau d'expérience : les juniors et les séniors ne sont pas sortis d’affaire

Sans surprise, les recruteurs privilégieront les profils avec un peu d'expérience mais pas trop en 2021.

  • les cadres débutants connaîtront un rebond des embauches cette année (+13%), après une chute de 16% l'an passé
  • A l'autre bout du spectre, les plus expérimentés resteront les plus pénalisés. Après une chute de 22% des embauches des profils de plus de 10 ans d'expérience, aucun rebond n'est prévu en 2021.

Lire aussi >> Trois raisons qui expliquent pourquoi un cadre a du mal à quitter l’Île-de-France.

1/ Les entreprises franciliennes embauchent davantage qu'en région

2/ La concentration des sièges sociaux de grandes entreprises = concentration des emplois cadres

3/ Des salaires plus élevés

* Enquête réalisée par l’Apec/BVA du 2 décembre 2020 au 19 février 2021 auprès d’un panel permanent de 8 000 entreprises, représentatif de la répartition par région, taille et secteur d’activité des salariés du secteur privé en France métropolitaine (représentant 1,4 million de salariés dont 345 500 cadres). Publiée le 7 mai 2021.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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