Recrutement : les nouveaux avantages offerts discrètement à certains candidats

Sylvie Laidet

ÉTUDE – Afin d’attirer et surtout de retenir des candidats qui font les difficiles – sur des métiers très convoités –, certains employeurs offrent des avantages mais ne le crient pas sur les toits. Ils sont notamment prêts à lâcher du lest sur les clauses restrictives du contrat de travail. En travaillant à partir des “briefs” de ses clients, le réseau Solinki, qui rassemble 190 consultants en recrutement indépendants, a évalué ces nouveaux avantages qui n’apparaissent pas dans les offres d’emploi mais sont discrètemement proposés aux candidats. Quelles sont ces faveurs et quelle est l’ampleur du phénomène ?

Les deux co-fondateurs de Solinki ont analysé les concessions que certains recruteurs font pour attirer certains candidats en 2022 et 2023.

Recrutement : les nouveaux avantages offerts discrètement à certains candidats
Les deux co-fondateurs de Solinki ont analysé les concessions que certains recruteurs font pour attirer certains candidats en 2022 et 2023.

Le réseau Solinki, compte 190 consultants indépendants en recrutement répartis partout en France. Il a réalisé une étude à partir des “briefs” envoyés par ses clients (765 en ce début 2023 et 3315 en 2022), qui sont les descriptifs de postes à pourvoir, tels qu'ils apparaissent juste avant l'offre d'emploi (où toutes les infos n'y figurent pas) Les deux co-fondateurs de Solinki y ont relevé des évolutions qui démontrent que le monde du travail est en train de s’adapter aux exigences de certains candidats, et non l’inverse. 

Suppression de la période d’essai

22% des briefs (contre 7% en 2022) mentionnent la suppression de la période d’essai

« C’est important de pouvoir rassurer le nouvel entrant, lui montrer rapidement qu’on lui fait confiance. La période d’essai ne montre pas toujours le vrai visage du nouveau collaborateur, celui-ci peut être un peu trop sur la réserve, avoir peur de déraper. Libéré de ces craintes et de ses appréhensions, ce dernier peut montrer son vrai visage, libérer sa créativité et ainsi montrer tout son potentiel à l’employeur », soulignent Laurent Delcamp et Clémence Meyer, co-fondateurs de Solinki.

Déclin de la clause d’exclusivité 

La clause qui vous interdisait d’aller bosser ailleurs alors que vous étiez déjà lié par un contrat de travail avec un employeur a du plomb dans l’aile. Si l’on en croit Solinki, cette clause d’exclusivité n'apparaît plus que dans 74% des briefs, contre 86,5% un an plus tôt. Pourquoi donc ? « Contrepartie de la réduction du temps de travail, de nombreuses personnes souhaitent pouvoir cumuler plusieurs activités économiques avec souvent une activité « passion » à côté d’un métier plus alimentaire. C’est aussi une conséquence de l’explosion de l’auto-entreprise avec la possibilité à la fin de son activité quotidienne de générer un revenu complémentaire par une seconde activité », argumentent Laurent Delcamp et Clémence Meyer. Ceux que l’on surnomment les slasheurs demandent donc de plus en plus la suppression de cette clause qui, jusque-là, leur coupait l’herbe sous le pied.

Suppression de la clause de non-concurrence 

Pour les co-fondateurs de Solinki, la suppression (dans 17% des briefs) de cette clause de non concurrence, c’est tout bonnement la « fin d’une aberration » Et d’illustrer « pourquoi empêcher un boulanger d’aller pétrir du pain ailleurs si on se sépare de lui ? Un commercial dans l’automobile doit pouvoir travailler dans n’importe quelle concession». 

Semaine de 4 jours 

La semaine de 4 jours payée 5 est en voie de développement, notamment dans des start-up (mais pas seulement). Cette nouvelle organisation du travail a droit de cité chez 0,5% des clients de Solinki. Et pour cause, le sujet monte dans la société française depuis quelques mois. 

« Si beaucoup de salariés veulent se dégager du temps pour mieux profiter de leur famille, d’autres en profitent pour assouvir une passion, prendre un job d’appoint pour arrondir les fins de mois, commencer une formation ou tester un nouveau projet professionnel en autoentrepreneur », notent-ils. Les employeurs à l’affût de la moindre tendance sociétale parient donc sur cette fameuse semaine de 4 jours pour attirer et/ou retenir candidats et salariés.

A quand la possibilité de “Workation” ?

Ce n’est une surprise pour personne, au fil des mois, l’option télétravail est devenue majoritaire dans les offres d’emploi (58% des offres de Solinki). C’est d’ailleurs, selon les recruteurs, l’une des premières questions posées par les candidats lors d’un process d’embauche. Pas de possibilité de télétravail ? Ils refusent l’offre. 

Donc pour attirer un maximum de candidats, les employeurs prennent les devants et affichent la couleur dès l’offre d’emploi. Cela peut-il suffire ? Impossible de généraliser. En tout cas, on entend ici ou là, des employeurs réfléchir à des packages de télétravail à l’étranger quelques mois par an. Une future nouvelle ligne dans les annonces ? A suivre.

Sylvie Laidet
Sylvie Laidet

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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