
Pas de doute pour la Conférence des grandes écoles (CGE). Pour les 229 établissements du supérieur qui diplôment près de 115 000 étudiants par an, leur système constitue « un véritable tremplin pour l’emploi ».
La très bonne insertion des diplômés 2019
Ainsi, la 28e enquête annuelle sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés des écoles membres de la Conférence aligne les bonnes nouvelles :
- Fin 2019, près de 85,7 % des jeunes diplômés 2019 avaient été embauchés dans les deux mois suivant l’obtention de leur diplôme
- et 88, 1 % ont trouvé un poste dans les 6 mois.
La CGE pointe aussi
- une excellente insertion due aux stages réalisés tout au long de la scolarité, particulièrement celui de dernière année, où un tiers des élèves ingénieurs y décroche son premier emploi.
- Ces jobs sont, en outre, de qualité (82,2 % des diplômés sont embauchés en CDI - 75,9 % pour les femmes contre 86,5 % pour les hommes)
- … et bien payés : le salaire moyen brut par an de ces diplômés est, cette année, de 35 714 €.
- Seul bémol : le salaire moyen des hommes est supérieur de 5,9 % au salaire moyen des femmes. L’an dernier cet écart était de 6,1 %. Enfin, les diplômés des grandes écoles débutent, à 55 %, par un emploi en Ile-de-France.
Bref, peu ou prou, tout va bien. Plus précisément, tout allait bien jusqu’à présent. En effet, cette enquête a été réalisée 3 mois avant la crise de la Covid 19.
Gels des embauches ou report
Susan Nallet, la directrice du service ‘’expérience étudiante et employabilité’’ de Grenoble Ecole de Management, voit l’orage arriver : « La majorité des étudiants des promotions sortantes a été impactée par la Covid-19, arrivée au moment même où les contrats de stage de fin d’études et premier emploi se signent habituellement. Le confinement et le télétravail, mais aussi l’incertitude par rapport à l’avenir, ont incité les entreprises à geler les embauches, reporter ou annuler les stages, voire revenir sur des propositions de postes ».
Nos jeunes feront partie des diplômés qui s’en sortiront le mieux
La crise sanitaire aura-t-elle une incidence sur l’embauche des diplômés 2020 ? « A n’en pas douter, commente un observateur du milieu préférant ne pas être cité. Si l’aéronautique et l’automobile sont à la peine – c’étaient deux des locomotives tirant l’emploi de nos diplômés – il y a de quoi être inquiet. Ceci précisé, ces employeurs doivent aussi tout faire pour maintenir leur vitalité technique. Nos jeunes feront partis des diplômés qui s’en sortiront le mieux ».
Effet retard pour l’insertion de la promo 2020
Anne-Lucie Wack, la présidente de la CGE et directrice générale de Montpellier SupAgro, se veut rassurante : « Nous ne sommes pas capables de prédire l’avenir. Mais depuis 28 ans que nous publions des enquêtes insertion, le pays a traversé de nombreuses crises. L’emploi des diplômés des grandes écoles s’est toujours maintenu à un excellent niveau ». Et la dirigeante d’exposer les 4 valeurs refuges expliquant ce phénomène : « la qualité de nos diplômés, l’agilité des grandes écoles, notre proximité avec les entreprises et nos réseaux d’anciens ».
D’autres écoles pointent les fermetures des frontières imposant aux futurs diplômés de rester en France alors que, en général, 25 % d’entre eux débutent leur carrière à l’étranger. « Si nous nous reportons à l’expérience de la crise financière de 2008, les tensions sur le marché de l’emploi s’intensifieront dans les prochains mois, poursuit Peter Todd, le directeur général de HEC Paris. Mais dans la durée, les diplômés de nos grandes écoles continueront sans doute de se placer dans de bonnes conditions, avec cependant un effet retard ».
Nos jeunes diplômés ont pour mission de provoquer et de développer ces changements indispensables.Marie Annick Chanel, présidente de l’observatoire des ingénieurs de l’IESF
Des stratégies d’attente
« Je ne suis pas inquiète, ajoute Marie Annick Chanel, présidente de l’Observatoire des ingénieurs de l’IESF et cadre chez Orange. Le processus de transformation numérique s’est plus développé en deux mois de confinement que lors des deux dernières années. Nos jeunes diplômés ont pour mission de provoquer et de développer ces changements indispensables. Je ne pense donc pas que cette crise va avoir de forts impacts sur l’insertion de nos ingénieurs ».
« L’insertion professionnelle s’annonce cependant plus difficile pour eux, conclut Susan Nallet. A nous de les encourager à revisiter leur projet professionnel, considérer la poursuite d’études, assouplir les conditions de stages pour leur donner accès à des expériences professionnelles ».

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.