Saint-Valentin : les pires idées des entreprises (qui pensaient bien faire)

Aurélie Tachot

SPECIAL SAINT-VALENTIN ❤️ Cupidon a-t-il vocation à squatter l’organigramme de l’entreprise le jour de la Saint-Valentin ? Pour certaines entreprises, la réponse est oui. Ateliers créatifs, dating entre collègues, leçon de danse de salon… Quand les employeurs s’en mêlent, ils mettent du cœur à l’ouvrage ! Tour d’horizon des idées les plus malaisantes.

Certaines entreprises n'y vont pas de main morte pour fêter la Saint-Valentin. Alors qu'elles feraient mieux de s'abstenir.

Saint-Valentin : les pires idées des entreprises (qui pensaient bien faire)
Certaines entreprises n'y vont pas de main morte pour fêter la Saint-Valentin. Alors qu'elles feraient mieux de s'abstenir.

Elles souhaitent insuffler de la positivité alors que l’hiver traîne en longueur, instaurer un esprit de camaraderie alors que le télétravail détricote les liens entre les équipes, apporter un peu de légèreté dans un contexte d’inflation… Quelles que soient leurs raisons, certaines entreprises n’hésitent pas à inviter Cupidon dans l’open space. Certes, leurs initiatives partent d’une bonne intention. Mais dans la majorité des cas, elles s’avèrent maladroites, voire carrément ringardes.

Un livre d’or pour vanter les louanges de ses collègues

Même si 59 % des salariés ont déjà fricoté au bureau selon une étude de PageGroup de 2021, un collègue de travail n’est pas un amoureux. Utiliser la Saint-Valentin comme prétexte pour renforcer la cohésion d’une équipe, c’est non seulement maladroit, mais aussi complètement hors sujet ! La « Journée mondiale de la gentillesse » ou la « Fête des voisins au travail » (oui, ça existe !) s’y prêteront bien mieux pour encourager des salariés à s’envoyer des fleurs (mais pas des roses rouges).

 

Offrir des fleurs aux salarié(e)s célibataires

La Saint-Valentin est la dernière fête que les célibataires ont envie de célébrer, encore moins au travail. « Comme je travaille au sein d’une petite équipe, mon manager connaît vaguement les situations personnelles de ses employés. L’an dernier, il est arrivé au bureau avec des roses pour chacune des femmes célibataires, en disant « qu’il ne fallait pas nous oublier en ce jour si spécial » ! Il croyait bien faire, mais ça nous a toutes mises mal à l’aise… », raconte cette cadre d’une agence de marketing.

 

Le « Secret Santa » version Cupidon

Le fameux tirage au sort entre un groupe de collègues n’est visiblement plus réservé aux festivités de Noël ! En Ile-de-France, une PME industrielle a organisé, il y a plusieurs années, un « Secret Cupidon », où chaque collaborateur (volontaire, heureusement !) pouvait offrir et recevoir un cadeau sur le thème de la Saint-Valentin. On n’ose à peine imaginer les présents que certains collègues de travail (on parle de ceux/celles ayant l’esprit pas toujours bien placé) ont dû s’offrir… Gênance assurée !

 

Une application de dating inter-entreprise

Environ 14 % des couples se forment sur leur lieu de travail, selon une étude de l’IFOP de 2018. Pas étonnant, donc, que certaines entreprises soient tentées de jouer à Cupidon à la Saint-Valentin. Mais, en réalité, ce n’est absolument pas leur rôle. Au Japon, la ligne rouge a carrément été franchie : via l’application de rencontres inter-entreprise Aill Goen, les employeurs (dont la banque Mizuho, la compagnie aérienne All Nippon Airway) proposent à leurs salariés de trouver leur moitié.

 

Le déjeuner à thème

Imaginez le topo : épuisé par 3 heures de réunion sur le lancement du prochain produit révolutionnaire de votre entreprise, vous arrivez à la cantine. Et là, surprise : votre employeur a laissé carte blanche à son prestataire de restaurant collective pour faire un déjeuner « spécial Saint Valentin ». Filtre d’amour à la tomate en entrée, légumes brillamment coupés en forme de cœur en plat et cœur coulant au chocolat en dessert. Ok, vous aurez bien mangé. Mais c’est quand même le comble du kitsch !

L’atelier de confection de bijoux

Un enfant de 6 ans qui s’emploie à confectionner un bracelet pour son amoureuse de l’école, c’est mignon. Mais une bande de collègues attablés autour de la pâte Fimo à sculpter des cœurs pour en faire des bijoux pour leur moitié, c’est embarrassant. Avec cette idée, qui est pourtant proposée par un nombre incroyable d’agences évènementielles intervenant en entreprise, on touche vraiment le fond. L’entreprise, ce n’est pas un centre de loisirs.

 

La leçon de danse

« Il y a plusieurs années, j’ai participé à une leçon de danse de couple qui était organisée par mon employeur le jour de la Saint Valentin. J’y suis allée parce que j’étais nouvelle dans la boîte et que c’était une bonne occasion pour rencontrer les salariés des autres services. Mais finalement, lorsque je me suis retrouvée à danser la bachata avec mon N+1, en mode « collé-serré », j’ai vite regretté. Avec le recul, ça n’était pas très professionnel », témoigne cette employée d’une entreprise de cosmétique.

 

Saint-Valentin : les (autres) fausses bonnes idées des entreprises

Impossible de rendre compte de tous les fiascos rencontrés au fil de notre enquête à l'occasion de la Saint-Valentin. Voici un échantillon d'expériences authentiques vécues par des employés et qui nous ont été racontées au fil de notre enquête :

  • la remise d’une tasse à café « Super employé »
  • la distribution de sucettes en forme de cœur
  • l’organisation d’un blind-test spécial lovers
  • l’arche de ballons rouges à l’entrée de l’open space
  • le « bookcrossing » de livres érotiques
  • le dress code rouge
  • le photobooth « Love is in the air »
  • la soirée karaoké « spécial Roch Voisine »
  • le déjeuner aphrodisiaque… 

Et vous ? Qu'avez-vous vécu de malaisant avec votre entreprise ? Racontez-nous sur le forum ci-dessous !

L’avis d’Émilie Meridjen, avocate en droit du travail au sein du cabinet SVZ

Emilie Meridjen

 

« Organiser des initiatives pour célébrer la Saint-Valentin, c’est favoriser l’émergence d’un risque que les entreprises veulent habituellement éviter ! Notamment des faits de harcèlement sexuels, qui pourraient avoir lieu à cette occasion. Ce n’est pas un jeu dangereux, mais ce n’est pas l’idée du siècle non plus ! Les entreprises qui souhaitent vraiment organiser un évènement ce jour-là, évidemment sur la base du volontariat, ont tout intérêt à rappeler les règles de bonne conduite afin que les initiatives ne soient pas un prétexte à de la drague lourde. Même si les employeurs n’ont pas le droit de s’immiscer dans la vie privée de leurs collaborateurs, je constate toutefois qu’il y a de plus en plus de mélange des genres au sein des entreprises. Les sphères professionnelle et personnelle des salariés sont moins segmentées qu’il y a quelques années. » 

 LA bonne idée à retenir

Les entreprises souhaitant VRAIMENT marquer le coup et se la jouer « fleur bleue » le temps d’une journée peuvent convier une association dans leurs locaux, le temps d’une journée. Certaines proposent par exemple de vendre des roses ou des chocolats pour financer un projet solidaire, des missions humanitaires (« Pour un sourire d’enfant ») ou la recherche médicales (France Alzheimer).

Aurélie Tachot
Aurélie Tachot

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.

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