Salaire, carrière, qualité de vie : les cadres mettent la pression sur les employeurs

Sylvie Laidet-Ratier

ETUDE DE REMUNERATION Robert Walters 2022 – Ils sont de plus en plus exigeants. C’est l’enseignement majeur de la dernière étude Robert Walters sur les attentes des cadres en 2022. Optimistes sur leur marché de l’emploi, ils se sentent pousser des ailes en matière de rémunération, exigent un meilleur équilibre de vie et des jobs qui ont du sens. Si leurs vœux ne sont pas exaucés, ils menacent même de partir ailleurs. Seront-ils écoutés ?

44% des cadres s'attendent à une augmentation significative en 2022. La rémunération repasse en tête de leurs critères de satisfaction.

Salaire, carrière, qualité de vie : les cadres mettent la pression sur les employeurs
44% des cadres s'attendent à une augmentation significative en 2022. La rémunération repasse en tête de leurs critères de satisfaction.

Elles témoignent

  • Coralie Rachet, managing director France de Robert Walters et Walters People
  • Justine Baronnet-Fruges, manager en charge de la division Sales & Marketing chez Robert Walters

Salaires : les cadres veulent plus de money money 

Pour la première fois depuis longtemps, le salaire repasse en tête des critères de satisfaction des cadres.

La faute à une inflation galopante mais aussi aux différents coups de pouce du smic qui leur laissent visiblement à penser qu’ils pourraient être les grands oubliés des négociations salariales. Selon la dernière étude Robert Walters*, 44% des cadres s’attendent à une augmentation, vs 26% en 2021. A quelle sauce vont-ils être augmentés ?

« Sur le marché passif, à savoir sans changer de boite ni de poste, leurs augmentations devraient osciller entre 1,5 et 2%, estime Coralie Rachet, managing director France de Robert Walters et Walters People. Sauf pour certaines fonctions qui vont, elles, surperformer (lire l’article Les 17 fonctions qui devraient être le plus augmentées en 2022). Sur le marché actif, autrement dit en changeant de fonction ou mieux encore d’entreprise, ils peuvent prétendre à un gap salarial de l’ordre de 15%. »

Carrière : les cadres veulent changer de job pour retrouver du sens

Comme aux États-Unis, l’heure de « la grande démission » a-t-elle sonné  en France ? L’étude Robert Walters souligne que deux cadres sur trois se disent prêts à changer de job dans les 2 prochaines années. Pire, plus de 20% préfèreraient encore démissionner que de se confronter ouvertement à leur employeur en cas de désaccord. Partir plutôt que de l’ouvrir. Mais partir où ? Pour quoi faire ? L’étude ne répond pas directement à la question mais souligne tout de même que les aspirations des cadres changent. 77% déclarent qu’ils vont être plus exigeants envers leurs prochains employeurs. La politique RSE est par exemple un critère déterminant pour eux (à 64%) dans le choix d’un employeur.

En entretien, ils nous posent des questions sur l’égalité entre les femmes et les hommes, sur les différentes certifications de l’entreprise… ils se méfient du green washing et n’hésitent pas à fact-checker les chiffres de l’entreprise.
Justine Baronnet-Fruges, manager en charge de la division Sales & Marketing chez Robert Walters

En plus des entretiens de recrutement, on anime des « entretiens de valeurs ». L’objectif est de vérifier que le candidat est en phase avec les valeurs de l’entreprise. Et inversement. Si cela ne leur semble pas être le cas, certains candidats se retirent des processus de recrutement. »

Lire aussi >> J’ai quitté des boîtes à cause de leurs valeurs

Qualité de vie : les cadres veulent se mettre au vert

Éternel serpent de mer ou cette fois conséquences des confinements, les cadres vont-ils réellement partir s’installer à la campagne ? En tout cas, près d’un répondant sur deux se dit prêt à déménager au vert. A proximité des grandes villes ou tout du moins proches de moyens de transports accessibles qui les relieraient à leur bureau d’origine.

Car c’est là tout le paradoxe des cadres : ils veulent du vert et du gris. Ils veulent continuer à aller au bureau, idéalement 2 à 3 jours par semaine. « Pour l’heure, on voit peu d’entreprises qui encouragent ce phénomène de travail à la campagne. Mais confrontés à la guerre et à la rétention des talents, les employeurs vont tout de même devoir faire preuve de créativité dans la gestion du télétravail », conclut Coralie Rachet.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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