Salaires : un quart des cadres attend une augmentation en 2021

Sylvia Di Pasquale

ETUDE CADREMPLOI – Se plaindre de son salaire est une tradition française. Selon le dernier sondage mené par Cadremploi auprès de 1000 cadres*, 57 % d’entre eux estiment ne pas être rémunérés à leur juste valeur et voudraient être récompensés pour leur investissement pendant la crise. Alors que plusieurs études annoncent une année blanche pour leurs salaires, un quart d’entre eux s’attendent à obtenir une augmentation en 2021. Revue de détail et réaction d'un recruteur, Alexandre Tamagnaud, qui conseille plutôt aux cadres de négocier du hors-salaire.
Salaires : un quart des cadres attend une augmentation en 2021

Pour quelles raisons les cadres sont-ils insatisfaits de leur salaire ?

En janvier 2021, seuls 14 % des cadres sondés* par Cadremploi s'estiment "totalement" satisfaits de leur rémunération. Une majorité de cadres (57 %) déclarent ne pas être payés à leur juste valeur, dont 17 % "pas du tout".

Le manque de reconnaissance alimente leur sentiment d'insatisfaction. Ils estiment avoir un salaire inférieur à leur investissement dans l’entreprise (63 %) ou encore une rémunération en dessous de celle du marché (47 %). Pour 41% d'entre eux, leur niveau de responsabilité n'est pas suffisamment pris en compte dans leur salaire.

Les cadres sondés estiment avoir tenu leur rôle pendant cette crise et en attendent un retour sur investissement.

La crise ne décourage pas les demandes d’augmentation

L’année 2020 aura été exceptionnelle à plus d’un titre mais les cadres ne comptent pas se laisser décourager par le contexte  : 58 % d’entre eux ont fait ou vont faire une demande d’augmentation.

Leur motif peut se résumer en deux mots : mission accomplie ! Ils estiment avoir tenu leur rôle pendant cette crise et en attendent un retour sur investissement. Ainsi 70 % estiment avoir atteint leurs objectifs individuels quand 48 % considèrent avoir pris des initiatives profitables à l’entreprise. Par ailleurs, 39 % des cadres attendent d'être mieux payés pour avoir pris des responsabilités supplémentaires l’an passé.

Ceux qui vont s’abstenir (42 %) estiment que le contexte économique n’est pas propice à leur demande d’augmentation.

Des souhaits d’augmentation plutôt modestes malgré l’insatisfaction

62 % des cadres en mal d’augmentation devraient rester modestes avec des demandes culminant à 3000 €. Une minorité 18 % souhaitent des coups de pouce salariaux dépassant les 5000 €.   Pour le moment, 61% des répondants déclarent que leur entreprise n’a encore rien communiqué sur le sujet ; ni d’ailleurs sur la participation et l’intéressement (57% ex-æquo).

Des cadres sans illusion sur leur hausse de salaire

Parmi ceux qui ont osé ou oseront lever le doigt, seuls 15% pensent obtenir l’augmentation demandée ou l’ont déjà obtenu. 45% ne l’ont pas obtenu ou pensent essuyer un refus. Les autres 40% pensent obtenir une augmentation (31%) ou l’ont déjà obtenu (9%) mais pas celle demandée.

Les déçus devraient donc être légion. A noter que 55% ne comprendraient pas un refus d’augmentation, même dans le contexte actuel.   

Enfin, conséquence directe de la crise sanitaire, on s’attendait à une chute des rémunérations variables versées. L’étude pointe qu’un tiers des cadres sondés l’ont obtenu à plus de 90%, la moitié d’entre eux entre 50% et 90% tandis que 21% ne l’ont pas obtenu faute de résultats.    

La réaction d'un expert en recrutement

Alexandre Tamagnaud : « Il vaut mieux en profiter pour négocier de nouveaux projets plutôt qu’une micro augmentation »

Alexandre Tamagnaud est dirigeant du cabinet de recrutement Groupe Fed.

« La crise de 2021 a été rude. Votre étude précise que 55 % des cadres interrogés ne comprendraient pas que leur entreprise n’accède pas à leur demande d’augmentation. Cela me montre une possible perte de lucidité et de réalisme pour certains d’entre eux. Ces derniers doivent accepter que la période soit difficile. Ils doivent avoir conscience que leurs employeurs souffrent et faire preuve de résilience. Je leur conseille plutôt d’en profiter pour négocier de nouveaux projets, ceux de 2022.

Certains des membres de mon board m’ont envoyé un courrier électronique me précisant qu’ils comprendraient ne pas être augmentés. Cela m’a fait plaisir. Et me pousse à les mieux payer ! Cela me montre aussi que je peux compter sur eux.

Je préconise donc aux cadres impatients d’aller discuter avec leurs managers des projets futurs et des augmentations possibles à l’issue de la réussite de ces nouvelles actions. Plutôt que de vous battre sur des dixièmes de pourcent d’augmentation, actionnez d’autres leviers : des formations ou de nouvelles fonctions ne nécessitant pas d’investissement financier pour l’instant. Cela paye à moyen terme. »

Propos recueillis par Gwenole Guimard

VIDEO - L'étude en résumé

* Méthodologie : questionnaire administré en ligne auprès des bases opt-in Cadremploi du 13 au 15 Janvier 2021 - 1015 répondants.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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