4% d’augmentation en 2023 (ça, c’est fait !)
Pour les cabinets de conseil en rémunération comme WTW, c’est l’heure des comptes. En 2023, l'augmentation réelle médiane des salaires en France a atteint 4% (la moitié des salariés se situaient au-dessus et les autres en-dessous). Donc conforme aux prévisions annoncées par les employeurs fin 2022.
« Ce chiffre est un niveau inédit en période dite “normale”. En 2010, nous étions plutôt à 2-2,5% », souligne tout de go Khalil Ait-Mouloud, directeur de l’activité enquête rémunérations chez WTW en France.
Les DRH (sous pressions syndicale et gouvernementale) ont répondu en partie aux attentes des salariés pour parer l’inflation galopante de 2023. Ils ont évidemment répercuté les différentes hausses du SMIC. Et fournit ces efforts pour attirer mais aussi retenir leurs salariés, devenus très volatiles sur le marché de l’emploi.
4% d’augmentation (médiane) prévue en 2024 pour les salariés français
Pour cette année, les prévisions de WTW tablent également sur des augmentations médianes de 4%. Mais attention à l’arbre qui cache (toujours) la forêt.
« Pour rester performantes économiquement, beaucoup d’entreprises ont décidé de plus ou moins lisser les augmentations sur deux ans. Donc une partie en 2023, l’autre partie en 2024. Une première à ma connaissance ! Il y a celles qui font un lissage absolu : donc 4% en 2023 et 4% en 2024. Et puis, celles qui ont été très agressives en 2023 et qui le seront donc un peu moins cette année », prévient-il.
Un retour aux augmentations individuelles au mérite pour les cadres
En 2023, on a assisté à un focus très important sur les bas salaires et l’accent avait été mis sur les augmentations collectives. 2% d’augmentation collective, et 2% d’augmentation individuelle. En 2024, on assiste au début “d’un retour à la normale”. A savoir moins de collectif et de saupoudrage au profit de plus d’individuel (2,5%).Khalil Aït Mouloud, directeur de l’activité enquête rémunérations chez WTW en France
Autrement dit, ce sont les salariés qui seront montés en compétences, qui auront pris des responsabilités, qui auront sur performés ou qui sont sur des métiers en tension, qui devraient rafler la mise. « Une fois que la crise d’inflation sera derrière nous, un cadre qui n’aura pas été performant ne sera pas servi », insiste-t-il.
Maintien du cap sur le télétravail malgré les souhaits de retour au bureau des DRH
Sur ce sujet du télétravail, WTW identifie deux profils d’entreprises :
- Celles qui continuent de proposer 1, 2, 3 jours de télétravail par semaine car elles sont convaincues que cela fonctionne, que cela participe à l’équilibre vie pro-vie perso. Mais surtout que c’est un réel outil d’attractivité et de rétention des talents (les fameux). Donc en somme un élément de rémunération qui ne dit pas son nom.
- Et en face, des entreprises, certes minoritaires, qui font machine arrière au point de rapatrier tout le monde au bureau.
La vision du télétravail relève d’une question de culture d’entreprise. Ces entreprises considèrent que l’apprentissage et la créativité sont meilleurs au contact des collègues, que cela créé une meilleure ambiance… Mais parfois, on ne peut pas exclure que cela soit une question de confiance envers leurs collaborateurs.Khalil Ait-Mouloud.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.