
- 87% des cadres ont envie de changer de boîte
- « Quick mobilité »
- La RSE reste un critère important mais moins que la rémunération
- Pour gagner plus, démissionner est la tactique gagnante
- Changer d’entreprise ramène +17% en moyenne
- Quitter Paris fait de moins en moins baisser le salaire
- Les employeurs obligés d’innover pour combler les attentes salariales des candidats
87% des cadres ont envie de changer de boîte
D’après une enquête du cabinet Robert Walters menée auprès de 1700 cadres*, 87% des cadres auraient songé à démissionner en 2022. Et 71% y pensent pour les deux ans à venir. Bref, les cadres auraient la bougeotte ! Du moins sur le papier.
Car évidemment, même si le marché de l’emploi leur est très favorable (un « marché de candidats » comme disent les recruteurs), c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. Ceux qui passent à l’acte le font en général assez rapidement :
- un quart des cadres a quitté son entreprise dans les deux ans suivant son arrivée.
- 12% n’ont même pas terminé leur période d’essai.
« Quick mobilité »
Pourquoi ce phénomène de « quick mobilité », de mobilité externe express en bon français ? Parce qu’on leur a souvent survendu le poste. Et une fois dans la place, l’herbe n’était finalement pas si verte que ça.
Témoignage de Noémie qui a écourté sa période d'essai :
J’ai signé pour un poste au comex et le recrutement d’une équipe. Six mois après mon arrivée, on me refusait toujours l’entrée au comex, je n’avais pu recruter qu’une seule personne. Mon poste avait été complètement dépouillé. Tous les sujets porteurs avaient été récupéré par d’autres collaborateurs déjà en poste. Au quotidien, je n’avais pas grand-chose à faire et surtout j’évitais les coups bas des uns et des autres. Je n’ai pas été au terme de ma période d’essai.Noémie, directrice de l’innovation dans le secteur pharmaceutique
Les cadres font parfois des passages express sur certains postes, car ils ont rapidement une offre d’emploi encore plus alléchante (voire plusieurs), notamment en termes de responsabilités mais aussi de rémunération.
La RSE reste un critère important mais moins que la rémunération
La rémunération reste le nerf de la guerre pour les cadres. Alors ok, l’étude Robert Walters souligne que « 84% des cadres ont repensé leur relation au travail au cours de l’année, plus à l’écoute de leur équilibre vie pro / vie perso et de plus en plus attentifs au sens de leur mission ». Et qu’enfin pour près des trois quarts des cadres, les sujets RSE deviennent un élément déterminant dans l’attractivité d’une entreprise. Il n’empêche, toutes ces nouvelles aspirations ne supplantent pas encore le PREMIER critère de satisfaction (et donc d’insatisfaction) : leur REMUNERATION.
Pour gagner plus, démissionner est la tactique gagnante
43% des cadres ayant démissionné au cours des 12 derniers mois l’ont fait à cause de leur salaire. « Encouragés » par le contexte inflationniste, 71% des cadres envisagent d’ailleurs de demander une augmentation.
« 6 sur 10 se déclarent prêts à quitter leur emploi si leur augmentation n’est pas supérieure à l’inflation », soulignent les auteurs de l’étude. Qu’ils préparent leurs cartons ! Le cabinet Robert Walters estime qu’en 2023, les salaires des cadres devraient progresser de… 4%. Donc bien en deçà de l’inflation (6,5%).
Changer d’entreprise ramène +17% en moyenne
Pour gagner plus, pas d’autres choix que de changer de crèmerie. Dans ce cas, le gap salarial peut-être de 17% sur le salaire fixe. « Quand ils postulent, les candidats additionnent en général leur ancien fixe et part variable pour en faire la base de négociation de leur futur fixe », observe Coralie Rachet, managing director de Robert Walters France. Et souvent pour eux, ce montant est, à la base, non négociable. Sauf que les employeurs ne pourront pas toujours s’aligner sur leurs demandes en termes de salaire fixe.
Quitter Paris fait de moins en moins baisser le salaire
Selon l'enquête Robert Walters, 70% des cadres ayant quitté la région parisienne pour un job en région n'ont pas perdu en salaire. La règle qui voulait qu'un cadre perde 10 à 15% de salaire en quittant la Capitale semble avoir du plomb dans l'aile. Sans doute à cause des difficultés que les entreprises, y compris en région, ont à recruter des profils qui se font rares, elles préfèrent accepter des niveaux de salaire parisiens. Mais quid des salaires des cadres déjà présents dans ces entreprises ?
Les employeurs obligés d’innover pour combler les attentes salariales des candidats
Pas toujours capables de payer cash (en fixe) leurs nouvelles recrues, les employeurs doivent tout de même les rassurer. « Pour éviter de déséquilibrer les grilles de salaire internes et limiter la prise de risque des candidats quittant leur job, les employeurs octroient des bonus de bienvenue. Jusqu’à six mois de salaire pour les cadres dirigeants », constate Olivia Jacob, senior manager de la practice IT de Robert Walters.
Outre de la flexibilité, des formations, des éléments de QVT… les entreprises proposent également des « step increases ». A savoir, des plans d’augmentations sur plusieurs années. « Cette mesure permet ainsi aux collaborateurs de mieux se projeter, et à l’entreprise de les fidéliser. Ainsi en 2023, 90% des employeurs prévoient d’accorder des révisions de salaire, au moins deux fois par an », explique Coralie Rachet. L’étude ne détaille malheureusement pas le niveau de ces augmentations individuelles à répétition. L’enveloppe globale sera-t-elle ventilée en plusieurs tranches ? Ou s’agira-t-il de montants réévalués à chaque step ? A suivre.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.